Toute prohibition a pour but (ou du moins, pour conséquence) de modifier le schéma des incitations et des coûts d’opportunités pour diriger le comportement des citoyens et des consommateurs vers des objectifs que le législateur juge salutaires. Cela a été le but de toutes les prohibitions, de l’alcool, de la drogue, de la prostitution, en passant par le contrôle des loyers et du prix du gel hydro-alcoolique ou les prix plancher du travail.
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Or, toute prohibition, comme toute intervention, entraîne son lot de conséquences inattendues, du moins aux yeux du législateur bien intentionné. C’est ce qui se passe lorsqu’on fait face à un phénomène complexe appréhendé par un seul point.
Prohibition : exemples historiques et typiques
La prohibition de l’alcool
Durant les années 1920 aux États-Unis, elle a abouti à la fabrication d’alcool de contrebande frelaté à des degrés jamais rencontrés à l’époque légale. Elle est tout autant responsable de l’apparition de personnages comme Al Capone et une augmentation de la criminalité.
La prohibition de la drogue
La prohibition de la drogue a des conséquences également innombrables : apparition de drogues extrêmement nocives avec de nouveaux modes de consommation ; source de revenus des mafias (voire de certains courants islamistes) ; ghettoïsation de certains quartiers, etc.
La prohibition de la prostitution
Elle ne l’a pas fait disparaître mais a simplement renforcé certaines pratiques des proxénètes et a augmenté l’insécurité des prostituées.
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Prohibition et pass sanitaire
De la même façon, le Pass sanitaire est une prohibition, non pas au niveau des prix, mais des quantités. Il a pour but d’inciter les gens à se faire vacciner (à tort ou à raison, ce n’est pas le sujet) en augmentant le côté coûts (accès impossible pour certaines activités à moins d’avoir un PCR négatif ou d’être vacciné) de l’analyse coût-bénéfice. Ainsi, même les gens ayant peu de risque de contracter une forme grave se retrouvent incités à la vaccination.
Cette prohibition entraînera cependant des conséquences néfastes inattendues, et en occasionne déjà : on voit des soirées Covid émerger par-ci, par-là (résultat inattendu de la modification des avantages coûts/bénéfices) dans l’espoir de contracter le Covid et d’obtenir un certificat de rétablissement ; certains commerces vont purement et simplement fermer le temps que la situation s’éclaircisse à nouveau pour le législateur ; on aura probablement des faux, ou alors des marchandages de passe, comme on s’échangeait les tickets de rationnement dans le temps ; et on verra probablement d’autres formes de nuisances arriver, et l’État viendra au galop avec son lot d’interventions pour corriger les nuisances amenées par la première intervention.
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Quelqu’un a dit un jour que l’économie se venge toujours. Il serait bon d’ajouter qu’elle ne se venge pas seulement de manière économique. C’est un point de vue qui doit être nécessairement occulté par les législateurs et leurs intellectuels, eux qui sont en quête de l’établissement de la justice cosmique, ou dans ce cas-là de la justice sanitaire.
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