Le parti conservateur d’Angela Merkel en Allemagne a pris nettement ses distances lundi 16 avril avec les projets de réforme de la zone euro d’Emmanuel Macron, à la veille d’un discours du chef de l’État français au Parlement européen. L’Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière a notamment émis des critiques sur l’idée de création d’un budget propre à la zone euro pour aider les investissements.
« Je ne pense pas que cela soit une bonne idée » d’avoir un deuxième budget distinct de celui qui existe déjà pour l’Union européenne dans son ensemble, a indiqué à la presse la secrétaire générale et numéro deux du mouvement, Annegret Kramp-Karrenbauer, une très proche d’Angela Merkel.
Elle a jugé que l’Union européenne, suite au Brexit, avait déjà beaucoup de défis budgétaires à relever pour compenser le départ de la Grande-Bretagne. Elle a souligné que les pays de la zone euro, à eux seuls, représentaient 85% du budget total actuel de l’UE et que de ce fait un deuxième budget lui paraissait difficile à construire en l’état.
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Ces prises de position, à la veille du discours d’Emmanuel Macron devant la Parlement européen à Strasbourg, constituent une douche froide pour la France. D’autant que le président de la République, ne pouvant compter sur pléthore de soutien, tablait sur celui de l’Allemagne par le biais de son homologue Angela Merkel. Le soutien, du bout des lèvres, de la chancelière représentait le seul signal positif pour Emmanuel Macron.
D’un côté, huit pays du nord de l’UE ont d’ores et déjà exprimé leurs réticences, réclamant avant tout davantage de discipline budgétaire pour tous, afin d’éviter de devoir renflouer des États-membres trop dépensiers en cas de crise. De l’autre, la montée des partis eurosceptiques, symbolisés par les élections en Hongrie ou en Italie rendent la tâche d’Emmanuel Macron encore un peu plus complexe.