La Commission tiendra un débat sur la situation de l’état de droit en Pologne le 13 janvier, première phase d’une procédure d’évaluation, après le vote d’une loi controversée sur les médias publics, a-t-on appris dimanche auprès de l’exécutif européen.
« Le Président Juncker a fixé pour le 13 janvier un premier débat sur la situation de l’État de droit en Pologne à l’ordre du jour de la Commission », a indiqué un porte-parole de la Commission dans un court communiqué.
Le débat ouvre une phase d’évaluation dans le cadre d’une procédure adoptée en mars 2014 qui vise à assurer le respect de l’état de droit dans les États membres.
« Il est à ce stade trop tôt pour spéculer sur les prochaines étapes possibles prévues dans le cadre pour l’État de droit (..). Nous sommes en dialogue intensif avec nos partenaires polonais », a ajouté le porte-parole.
La deuxième étape serait en théorie une recommandation de la Commission, si le problème n’a pas trouvé de solution satisfaisante.
Le vice-président de la Commission Frans Timmermans, en charge du cadre pour l’état de droit, a d’ores et déjà écrit au gouvernement polonais, pour demander des renseignements sur les changements dans la loi sur les médias publics.
La nouvelle loi adoptée à la toute fin d’année 2015 en Pologne assure de fait aux conservateurs le contrôle des médias publics. Elle fait expirer immédiatement les mandats des instances dirigeantes actuelles de la télévision et radio publiques, laissant au ministre du Trésor la compétence de nommer ou révoquer les nouveaux patrons.
Dans sa lettre adressée au ministre polonais des Affaires étrangères Witold Waszczykowski en date du 30 décembre, que l’AFP a pu consulter, M. Timmermans s’inquiète des valeurs en jeu.
« La liberté et le pluralisme des médias sont cruciaux dans une société pluraliste d’un Etat membre respectueux des valeurs communes sur lesquelles l’Union est fondée », écrivait-il.
Ce n’est pas la première fois que l’UE s’inquiète des derniers développements du nouveau gouvernement polonais, dominé par les conservateurs (PiS). Quelques jours plus tôt, l’exécutif européen avait déjà appelé Varsovie à ne pas appliquer la loi réformant le Tribunal constitutionnel avant une évaluation de son impact sur l’indépendance de cette juridiction.
« Nous voulons guérir notre pays », affirme un ministre polonais
Le nouveau gouvernement conservateur polonais, sous le feu des critiques après le vote d’une loi sur les médias publics, veut « simplement guérir » la Pologne après 25 ans d’« endoctrinement libéral », a affirmé dimanche son ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski.
« Nous voulons simplement guérir notre pays de quelques maladies afin qu’il puisse se remettre », a déclaré M. Waszczykowski dans un entretien au quotidien allemand Bild à paraître lundi, mais dont des extraits ont été diffusés dimanche.
Selon lui, le gouvernement polonais précédent, de tendance libérale et centriste, « a suivi un certain concept politique de gauche ».
« Comme si le monde ne devait automatiquement aller que dans un seul sens, selon un modèle marxiste – un nouveau mélange de cultures et de races, un monde de cyclistes et de végétariens, qui ne mise que sur les énergies renouvelables et combat toute forme de religion. Tout cela n’a rien à voir avec les racines polonaises traditionnelles », a-t-il martelé.
Au contraire, a-t-il fait valoir, le parti conservateur Droit et Justice (PiS), qui a gagné les élections législatives fin octobre, soutient ce qui intéresse « la majorité des Polonais : les traditions, la conscience de son histoire, l’amour de la patrie, la foi en dieu, en une vie de famille normale entre un homme et une femme ».
« C’est un choc pour nos opposants, ceux croient au progrès : que 25 ans d’endoctrinement gauchiste et libéral n’a pas pu faire disparaître ces valeurs traditionnelles (...) Et que nous avons gagné les élections avec », a-t-il encore estimé.