Chaque matin, Philippe Vandel, qui a quitté le navire Canal+ avant le naufrage et l’émission Touche pas à mon poste avant la déchéance, anime l’interview culturelle de France Info. Il reçoit des personnalités qu’il soumet à la question journalistique. Cela suppose un certain travail de recherche en amont. Car en journalisme, on ne peut apprendre qu’à la mesure de ce qu’on sait déjà...
C’était dans Tout et son contraire, le jeudi 9 mars 2017. Il reçoit Jean-François Kervéan, nègre littéraire de son état. Kervéan a été lancé dans le métier de plume par la biographie de Loana, la vedette de Loft Story en 2001, quand l’émission animée par le fils Castaldi faisait 70% et quelques d’audience.
C’est Claude Durand en personne – l’éditeur de Soljenitsyne quand même – qui lui propose de faire la bio de Loana, pour un à-valoir de 100 000 francs, soit plus de 15 000 euros à l’époque. Pour un romancier, c’est Byzance. Les vrais écrivains (on ne parle pas de Guillaume Musso ou de Marc Lévy) qui gagnent leur vie sont à compter sur les doigts de la main. Kervéan accepte et depuis, c’est lui qui se tape les grosses bio autorisées du marché.
Il a ainsi fait « Drucker », une vente à 300 000 exemplaires, un Drucker qui fait encore croire à tout le monde qu’il a écrit « son » bouquin... Après Drucker, Villard, Breillat, au tour de Nabilla. Une rencontre, des rendez-vous, un entretien enregistré et plaf, la chose est torchée.
- Kervéan apprend la lecture à Nabilla
« Il ne faut pas confondre la culture et l’intelligence. Elles sont toutes les deux complètement incultes. (Mais) ces filles-là sont des héroïnes de guerre, la guerre de la lumière, du narcissisme, des vacheries, de la survie et donc toute héroïne finit par se mettre en marche. Ce sont des filles actives »
Mais nous ne sommes pas là pour parler des bimbos de la télé, qui finissent en général à Meudon ou en HP. C’est au mensuel Globe, financé par Elf Aquitaine au bénéfice de la réélection de François Mitterrand en 1988, qu’il fait ses premières armes. On parle de 80 millions de francs de l’époque, une paille pour Elf (devenue plus tard Total, pour les raisons que l’on sait), histoire de promouvoir le socialisme finissant. Mais un socialo-sionisme naissant ! Car le journal était dirigé par Georges-Marc Benamou, pseudo-confident de Mitterrand, qui écrira un journal très discutable sur cette relation.
Bref, Kervéan pige à Globe, et un jour...
« On me dit installe-toi là, un journaliste va te dicter son papier, un petit billet. Je tombe sur un mec très chic qui me dit en 12 lignes pourquoi il faut absolument que Bernard-Henri Lévy ait le Goncourt. Il signe d’un pseudo et j’envoie le billet à l’imprimerie. J’ai appris 15 jours après que le pseudo était celui de Bernard-Henri Lévy dans le journal. Ça a été mes débuts de journaliste en France », raconte Jean-François Kervéan.
Ce matin sur France Info, on apprend que BHL signait des papiers dans "Globe" sous pseudo pour faire l'éloge des ouvrages... de BHL
— Savoyard Sableux ن (@SavoyardEnExil) 9 mars 2017