Geri Müller est le maire de Baden, une commune de 20 000 habitants au nord de la Suisse. Depuis quelques mois, il est au cœur d’une bien douteuse affaire politique et médiatique, qui est d’ailleurs en train de se muer en affaire judiciaire.
Les médias parlent du scandale des selfies nus : Muller a en effet pris des photos de lui au beau milieu de son bureau de maire dans le plus simple appareil et les a envoyées à une jeune femme rencontrée sur Internet. Les récents rebondissements de l’affaire ont dévoilé que la diffusion de ces agissements auprès du grand public n’a pas seulement été le fruit d’une démarche solitaire de la part de la jeune femme : deux hommes, dont le président d’une organisation juive, seraient intervenus auprès d’elle pour nuire aux intérêts du maire de Baden.
Il se trouve que Müller est par ailleurs réputé pour avoir des positions pro-palestiniennes.
La relation entre ce conseiller national membre du parti écologiste et la jeune femme, qui aurait une trentaine d’années, serait restée purement platonique. Peu de temps après que Müller a pris ses distances, la jeune femme a fait part de leurs échanges intimes à des journalistes, et l’un d’eux a révélé l’affaire dans la presse en août dernier. Müller a dans un premier temps quitté ses fonctions de maire, avant finalement de reprendre une partie de son portefeuille de missions trois semaines plus tard, et d’attaquer en justice son ex-partenaire virtuelle [1].
Il y a quelques jours, la presse a révélé que deux autres hommes étaient à présent poursuivis dans l’affaire, un conseiller en relations publiques du nom de Sacha Widgorowitz et Josef Bollag, le président de l’Israelitische Kultusgemeinde Baden (IKGB), la Communauté israélite de Baden. Ces deux individus se seraient en effet rapprochés de la jeune femme pour l’inciter et l’aider à diffuser les éléments qu’elle avait en sa possession. Il planait d’ailleurs sur le dossier des fortes suspicions d’intervention d’une tierce personne ; le nom de Josef Bollag avait même été cité. Ce serait donc à présent confirmé. La jeune femme aurait même reçu de l’argent (2000 francs suisses) de la main de Bollag, car, se défend ce dernier, elle se sentait « menacée » et avait besoin d’aide pour se mettre en sécurité à l’étranger [2].
Bollag avait déjà publiquement attaqué Müller pour ses positions pro-palestiniennes. Le grief principal des organisations sionistes envers Müller est d’avoir été aperçu en janvier 2012 au palais fédéral en compagnie de responsables du Hamas [3]. En outre, du fait de son appartenance au CEPR (Council for European Palestinian Relations) le maire de Baden serait persona non grata en Israël. Le quotidien israélien Haaretz a indiqué en janvier dernier que le maire de Baden serait arrêté s’il se présentait à la frontière [4].