Il est loin le temps où les journalistes du Monde s’extasiaient autour de la naissance d’une révolution dans un pays du tiers-monde. Il y a 50 ans, le journal était de gauche chrétienne. Il y a 20 ans, au milieu des années 90, il est tombé dans l’escarcelle du libéralisme. Depuis, c’est un torchon publicitaire du mondialisme libéral libertaire qui soigne sa dépression en donnant des leçons de journalisme tous azimuts et en punissant tout ce qui ne pense pas comme lui. Tout le monde vieillit et certains deviennent acariâtres !
La dernière leçon de morale de ce titre amoral passé dans la main de la Banque, du Business et du Sexe (Pigasse, Niel et feu Bergé), le tout mâtiné de SM de bon aloi, c’est cette attaque contre la chaîne russe en France RT, Russia Today, que tout le monde connaît désormais. Après avoir essayé avant même les débuts de ce projet d’information continue de le disqualifier en le poutinisant à mort, Le Monde, qui n’a même pas été capable de créer une chaîne d’info digne de ce nom, revient à la charge depuis la révolte des Gilets jaunes.
Car voilà, en suivant la révolution en cours au plus près de ses acteurs, la chaîne franco-russe (ce sont des Français qui y travaillent, et qui y travaillent bien) a augmenté son audience alors que la presse mainstream y a perdu des plumes. Il est vrai que de choisir le camp du Parti de l’Ordre et de la Répression, comme dirait Jacques Sapir, c’est pas l’idée du siècle quand on veut vendre du papier. Malgré ce choix désastreux – qui est devenu une tradition maison –, Le Monde persiste à condamner le parti pris pro-Gilets.
On sent dans ce premier paragraphe une jalousie presque enfantine :
« Après avoir protesté devant le siège de France Télévisions à Paris, les manifestants “gilets jaunes” ont croisé l’équipe de RT et continué à marcher dans la rue en scandant “Merci RT !” » La chaîne publique russe ne s’est pas privée de mettre en ligne, avec cette description, la courte vidéo filmée par l’un de ses journalistes, samedi 29 décembre. Alors que les contestataires se défient des médias traditionnels – BFM-TV en tête –, la déclinaison française de l’ex-Russia Today est l’un des médias qui trouvent grâce à leurs yeux. »
Des #GiletsJaunes scandent « Merci RT ! » à #Paris #ActeVII #medias
⚡️ EN CONTINU :
➡️ https://t.co/Jl3jxDIn9T pic.twitter.com/FcVup2v4qg— RT France (@RTenfrancais) 29 décembre 2018
D’ailleurs les journalistes du Monde, que le peuple ne lit plus depuis un bail, et c’est bien dommage, ne se risqueraient jamais à tendre leur micro au milieu du gué des gueux. Trop dangereux ! Trop social ! Trop pas bien !
Mais laissons de côté ces enfantillages, et plongeons-nous dans le dossier d’accusation. Nous en arrivons aux chiffres, la seule chose (avec la délation) qui intéresse l’ex-grand journal du soir.
« De fait, RT France revendique un quadruplement de ses vidéos vues sur Facebook au cours du premier mois de mobilisation, à 22 millions, et un triplement sur YouTube. Seulement diffusé sur Internet et les Freebox, le média n’a pas la puissance d’une antenne hertzienne comme BFM-TV, qui, elle aussi, bat des records. “Mais RT comprend parfaitement l’ADN des réseaux sociaux, analyse un journaliste d’une chaîne traditionnelle, mi-inquiet mi-fasciné. Elle ne touche pas le plus grand nombre, mais accompagne une communauté”. »
Comprenons bien ici une chose : un média n’est pas forcé de coller à une communauté, mais il en a le droit. Le Monde accuse RT de coller aux Gilets jaunes, et n’importe quel lecteur du Monde (on le lit) peut les accuser de coller à l’oligarchie. Il faut juste assumer ce choix, ou ce non-choix, car parfois, la survie oblige à faire des choses pas jolies jolies.
Les académiciens appellent ça de la soumission, les gens moins bien nés de la prostitution. Une chaîne de télé se doit d’être populaire, et TF1 le sait. Un journal peut se permettre de ne pas l’être, mais doit laisser cette liberté aux autres. Tant pis si le succès n’est pas au rendez-vous des donneurs de leçons, mais de ceux qui les reçoivent !
« Le succès récent de RT est avant tout celui d’un format : le live, en direct des manifestations, diffusé parfois jusqu’à dix heures durant sur Internet. Ce flux suggère que “rien n’est coupé” et que “le journaliste n’est pas censuré,” note sur Twitter le journaliste de Libération Vincent Glad, qui cite comme autres références médiatiques des “gilets jaunes” Rémy Buisine, producteur de live pour Brut, et Vincent Lapierre, ex-vidéaste pour Égalité et Réconciliation, le mouvement du polémiste antisémite Alain Soral. »
Ah ben il fallait la placer, celle-là ! Incorrigible Le Monde, qui ne peut pas s’empêcher de licratiser son discours. Comme nous sommes élégants, nous ne rappellerons pas les turpitudes d’un des actionnaires du journal. Enfin, passons. Et passons à la fin de l’article, qui a rassuré l’organe principal de délation et d’accusation de la presse française mais qui ne nous a pas rassurés nous.
« Dans ce contexte, le succès de la couverture des “gilets jaunes” par RT favorise son travail de dédiabolisation. Après avoir nommé à son comité d’éthique l’ex-président de Radio France Jean-Luc Hees, la chaîne a séduit Frédéric Taddeï en juillet. Depuis, l’émission de débats de l’ex-animateur de France 2 attire de nouveaux invités, comme Daniel Schneidermann, le fondateur d’“Arrêt sur images”, pourtant critique de la chaîne russe. “Aller sur RT, c’est bien sûr participer à légitimer RT mais, sur les chaînes françaises, le débat d’idées est réduit à Ruquier et Ardisson”, se justifie le journaliste. Ce dernier tient toutefois à préciser qu’il a profité de son passage sur “télé-Poutine” pour regretter que sa couverture des “gilets jaunes” contienne trop de “scènes de castagne”. »
Argh, Hees (pote de Philippe Val), Schneidermann... RT se laisse noyauter par les agents du Système ! Non, pas ça ! Vade retro satanasss !
Et puis arrêtez de mettre des guillemets à Gilets jaunes, on dirait des bourgeois qui mettent des gants (mapa) pour toucher des pauvres, c’est gênant. Gilets jaunes, c’est beau, c’est noble et ça mérite une belle majuscule. Est-ce qu’on va écrire « le monde », nous ?
Schneidermann contre Todd chez Taddeï le 17 décembre 2018 :