Sobre et informatif, c’est ce qu’était Le Monde avant son virage néolibéral, otaniste et mondialiste. Le traitement du voyage d’Alain Soral à Moscou cumule tous les poncifs de la propagande mainstream. Dans l’article en date du 11 juin 2016, seul le titre est sobre et informatif : À Moscou, Alain Soral vante le « modèle Poutine ». C’est tout ce qui reste du Monde d’avant, un journal respectable.
Le reste n’est qu’une suite d’attaques et de calomnies. Si le grand journal du soir faisait son travail, il est vrai que ça pourrait donner des boutons, ou des idées, aux Français.
Ne pouvant diffuser l’article (payant) dans son intégralité, nous avons choisi les passages les plus effarants. Dont le premier paragraphe.
« Face à un auditoire serré, composé en majorité de Français expatriés, ses premiers mots ont été pour remercier ses hôtes russes. “Je remercie Vladimir Poutine d’avoir financé ma visite car j’ai été invité et même très bien invité”, a lancé Alain Soral lors d’une conférence dont il était l’unique orateur, vendredi 10 juin, à la bibliothèque Dostoïevski de Moscou. Trois jours auparavant, le polémiste d’extrême droite, aux obsessions antisémites notoires et à l’antiaméricanisme chevillé au corps, assistait au forum “Nouvelle ère du journalisme : l’adieu au mainstream” organisé par Rossia Segodnia, la principale agence russe pro-pouvoir. »
La journaliste Isabelle Mandraud, qui travaille en quelque sorte pour la principale agence française pro-pouvoir mais qui semble ne pas s’en rendre compte, écrit que malgré l’invitation de Vladimir Poutine, qui a financé son voyage, Alain Soral n’a pas été invité « à la tribune réservée », mais qu’il « a bénéficié du soutien d’Alexandre Douguine ». L’idéologue du Kremlin, sur lequel les journalistes de Canal+ avaient fait une enquête poussée, afin de prouver que le Front national dépendait de Moscou (un financement qui n’a jamais été caché par le parti de Marine Le Pen), est le second épouvantail russe après Poutine.
La rencontre physique n’aura pas lieu avec Douguine père mais avec sa fille, qui écoutera Alain Soral « développer ses thèses conspirationnistes et dénoncer “l’effondrement de la France”, victime selon lui, en mai 1968, de la “première révolution de couleur de l’ère moderne” fomentée par “l’impérialisme américain” et ses relais “judéo-franc-maçonniques” ».
Des assertions factuellement démontrables. On ne sait pas trop si les guillemets placés autour de « l’impérialisme américain » sont des précautions de subalterne vis-à-vis de l’oligarchie ou le simple respect des lois de la citation. Au sujet de cet impérialisme, de nombreux peuples sur terre peuvent témoigner de ses dégâts. Il y a un avant, et un après l’impérialisme américain. Pour ne parler que du Viêt Nam ou de l’Irak, les victimes se comptent en millions de morts. Mais pour Le Monde, seule la mauvaise image russe – construite par les Américains, et pour cause – compte.
« Aujourd’hui, la seule alternative pour échapper à l’hyperpuissance militaire et financière américaine, c’est la Russie de Vladimir Poutine, [qui] peut être la locomotive de la multipolarité. […] Poutine est un modèle à suivre, il nous faut un Poutine français ! », s’est enflammé l’orateur.
Lorsque Thierry Ardisson émettra la même hypothèse qu’Alain Soral dans son émission Salut les Terriens sur Canal+ le 8 mars 2014, personne au Monde ne s’émouvra. C’est pourtant ce que réclame une majorité de Français : un retour à la souveraineté nationale, à un ordre social non chaotique, et à une indépendance réelle vis-à-vis de l’oligarchie américano-sioniste et de ses prolongements en France. Justement, le CRIF sera cité dans l’article, quand Alain Soral évoquera le Front national devant le parterre d’expatriés :
« C’est le moins pire des votes car, malheureusement, Marine Le Pen donne des signes de soumission au CRIF. »
Des signes tout à fait tangibles et assumés à la (nouvelle) direction du FN, donc on ne voit pas ce qui peut choquer la journaliste. Il ne s’agit pas de dénonciation – sans quoi le rapprochement du CRIF serait une politique condamnable – mais d’une simple information. Mais lorsqu’on parle du CRIF, aucun journaliste français en poste dans un grand média ne prend le risque de critiquer ses dérives communautaires.
Justement, et l’article se termine sur le CRIF, ce bras armé du sionisme en France a adressé une lettre à Alexandre Orlov, l’ambassadeur de Russie en France, pour lancer un cri à base de « haine » et d’« antisémitisme ». La soupe habituelle destinée à faire taire toute critique démocratique de la puissance politique du CRIF en France. Pour information, voici la protestation du CRIF, en date du 10 juin 2016 :
À l’occasion de la Fête nationale de la Fédération de Russie, lors d’une cérémonie organisée à l’ambassade russe à Paris, le Président du Crif, Roger Cukierman, a remis à l’ambassadeur Alexandre Orlov une lettre, dans laquelle il attire à nouveau son attention sur "le fait que les principaux acteurs de la haine antisémite, multirécidivistes sur les réseaux sociaux continuent d’utiliser les médias russes pour diffuser leur haine antisémite et négationniste".
"Dans un précédent courrier, vous me confirmiez que Moscou prenait très au sérieux ces informations... Hélas, nous apprenons qu’Alain Soral aurait été être invité à participer au forum "Nouvelle ère du journalisme", qui se déroule actuellement à Moscou... Enfin, le caricaturiste antisémite Zéon, multirécidiviste haineux, proche de Dieudonné M’Bala M’Bala, a été interviewé par le réseau russe RT", poursuit la lettre, à laquelle le Crif a adjoint des facsimilés des articles de presses concernés, pour que l’ambassadeur les transmettent à son gouvernement.
Le Crif était représenté par Roger Cukierman, Francis Kalifat, et Eve Gani, directrice des relations internationales.