À 2’35 le commissaire politique Patrick Liste Noire Cohen, qui va lancer une nouvelle émission sur LCP (La Chaîne parlementaire), intervient pour commenter la réaction de Jean-Luc Mélenchon à l’enquête de Fabrice Arfi de Mediapart, enquête qui balance trois insignifiantes jongleries comptables de Mediascop (société qui a géré la campagne de Mélenchon en 2017) et la relation cachée entre le leader de La France insoumise et Sophia Chikirou.
Fabrice Arfi, habillé en grand reporter de combat, ne cache même pas le fait que son enquête n’est qu’un plagiat du dossier d’instruction en cours, ce qui est normalement interdit. Mais la course au scoop entre le Canard enchaîné, Mediapart et Le Monde fait fi de ce genre de frein déontologique. En piochant dans la sacoche du juge, le journaliste fait acte politique puisqu’il s’agit, pour le compte d’un commanditaire caché, d’affaiblir le camp de La France insoumise aux élections européennes de 2019. On se doute que Macron et ses troupes libérales vont profiter pleinement de cette paralysie politique...
Dans le grand public, qui entrave généralement que dalle à toutes ces salades politico-médiatiques, il restera que Mélenchon est un « voleur », un « menteur » et un « cochon ». Cela suffira pour la coalition Mediapart-Macron. Mediapart joue aujourd’hui le rôle qu’a joué le Canard lors de l’abattage du candidat Fillon en 2017. Où l’on remarque que la presse réputée la plus indépendante est en fait la chambre enregistreuse des magouilles du pouvoir, une sorte de blanchisseuse d’information ciblée.
On refile le dossier à un faux enquêteur, qui va juste tendre la main pour prendre les copies de l’enquête officielle en cours, une enquête judiciaire diligentée par le pouvoir politique, on laisse un Arfi (le sosie de Jean Robin) jouer au grand journaliste avec sa veste de combat, et le tour est joué. Tout le monde y gagne : le pouvoir qui flingue un concurrent sans se salir les mains, et l’officine qui fait son scoop tout en engrangeant des points d’indépendance, de crédibilité, de pureté.
Tous les dossiers sans exception qui échouent à Mediapart sont des enquêtes politiques à charge refilées au pure player pour des raisons politiques. Ça a le goût, la couleur de l’information mais ce n’est plus de l’information : c’est un jugement. Et c’est logique, puisque ça sort du chapeau d’un juge. Chez les flics, sans les coups de balance du Milieu, peu d’affaires seraient bouclées. Sans les balances, ou cousins, la Crim aurait du mal à résoudre les trois-quarts des affaires. La preuve, un tueur en série est capable d’aligner les corps pendant des années sans que les enquêteurs puissent l’identifier, ou le coincer lorsqu’il est identifié, tout ça parce qu’il est hors Milieu.
Eh bien pour ces faux enquêteurs journalistiques, c’est pareil : sans ces dossiers tout cuits qui tombent dans leur escarcelle, rien ou pas grand-chose ne sortirait. Les vrais enquêteurs le savent : un travail journalistique profond prend du temps, beaucoup de temps, et on n’arrive pas toujours à un scoop spectaculaire. En revanche, on sert le grand public, on sert la vérité, pas des intérêts supérieurs et/ou privés.
Toutes les critiques égrenées par Arfi et dont il se défend sont malheureusement justes.