Menace ? Chantage ? Infantilisation ? Ou tout simplement mesure raisonnable de protection civile ? Les propos de l’infectiologue du CHU de Bordeaux qui fait partie du prestigieux conseil scientifique (qui conseille Macron) interrogent. Surtout quand on sait les dégâts causés par le confinement dans les Ehpad, pour ne prendre qu’eux.
Quant au conseil scientifique, plus porté sur le conseil que sur le scientifique, on sait tous de quel côté il balance : pouvoir et Big Pharma, malgré les cris d’« indépendance » du même Malvy, à qui on ne reproche rien personnellement. La France n’en a pas fini avec ses conflits d’intérêts et autres délits d’initiés...
Que le bon Dr Malvy sache une chose : que les individus non libres souffrent avant tout du manque de liberté, tout découle de là. Mais ça, c’est une question politique à laquelle nos soignants ne sont pas tenus de répondre.
L’infectiologue était l’invité de la paire Demorand-Salamé sur France Inter le 18 mars 2020, il y a donc un mois pile :
En un mois, le père fouettard du conseil scientifique dira que 15 jours de confinement suffisent, puis que le confinement de 60 jours pourra être prolongé. C’était chez Bourdin sur RMC le 17 avril 2020. Justement, Malvy a bien fait de préciser les choses, puisqu’on entend tout et son contraire chez nos dirigeants politiques et médicaux :
« Il pourrait être prolongé si actuellement il y avait un scénario de relâchement du confinement. Clairement nous avons besoin du maintien de l’énorme élan de solidarité et de discipline, de l’exemplarité de la population française, qui depuis le mois de mars jusqu’à aujourd’hui maintient le confinement dans des conditions tout à fait remarquables. Et qui font que nous sommes sur un plateau au niveau de l’impact et du fardeau de cette épidémie et que les services de réanimation commencent à être relativement soulagés, que l’on hospitalise moins de patients, et qu’on est dans une situation qui va nous permettre idéalement, à partir du 11 mai, et nous le souhaitons, de pouvoir réaliser du dépistage précoce de manière plus efficace en population, de faire donc du diagnostic précoce en population, de faire du dépistage des contacts, et de pouvoir supporter la levée progressive du confinement qui va permettre de faire circuler le virus donc, mais avec un fardeau en termes de malades et de fardeau sur les services qui sera supportable ».
L’émission entière est ici :
Pour l’après confinement, Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, a lâché une bombinette qui n’a pas plu aux personnes âgées, considérées comme les plus « fragiles » pour le virus. Ce qui fait quand même 13 millions de Français, dont 80 % ont voté Macron en 2017... Cela explique peut-être le revirement du président de la République sur le déconfinement des anciens ! Il vient en effet, un jour après les propos du président du conseil scientifique, de revenir sur ce point très sensible : il « en appellera à la responsabilité individuelle », selon les propres mots du Président. De la République, pas du conseil scientifique. Vous suivez ?
Notons que dans les 18 millions non immédiatement déconfinables, il n’y avait pas que des personnes âgées, mais aussi celles qui ont des affections de longue durée et des sujets jeunes ayant une pathologie, plus les obèses. Autant de catégories qui votent...
Aussitôt après l’annonce sur les « 18 millions », Pascal Bruckner a réagi dans Le Figaro, sous le titre « Non à l’ehpadisation générale des plus de 65 ans ! » :
« La constitution d’une classe d’âge, coupable d’être née au milieu du XXe siècle, en bouc émissaire de la nation fait partie de ces idées absurdes conçues pour apaiser notre désarroi. En premier lieu, ceux qui la soutiennent sont eux-mêmes chenus, à commencer par le professeur Delfraissy, bientôt 72 ans, hyperactif, et qu’on voit mal renoncer à ses responsabilités. Tous ces médecins prêcheurs et sermonneurs sont les meilleurs ennemis de leurs propres recommandations. De quoi s’agit-il ? D’une vieille marotte utilitariste qui consiste pour le bien-être d’une population à sacrifier une partie de ses membres. C’est le fameux dilemme de la barque pleine à ras bord dans une mer déchaînée : qui va-t-on sacrifier pour sauver le reste des passagers ? La réclusion générale des seniors jusqu’aux premiers frimas est une façon de leur faire payer les déficiences du système médical : on choisit d’enfermer les aînés jusqu’à nouvel ordre, pour libérer des lits en réanimation. Absurdité : le simple fait qu’ils aient déjà la possibilité de sortir une heure par jour les expose aux aléas du virus. Ou alors il fallait les incarcérer d’emblée. »
Yann Moix, lui, a retrouvé sa verve d’avant son hanounisation, et il a fait le buzz de la soirée avec sa sortie sur « la mort » :
« Je ne comprends pas pourquoi l’être humain est incapable d’affronter la mort en sortant de chez lui, c’est pour moi un mystère total, je ne comprends pas la panique mondiale, universelle, internationale qu’il y a sur ce virus qui est certes terrible, parce que j’ai des amis qui sont morts... »
Yann Moix, écrivain : « Je pense qu'un être humain entre 18 et 70 ans, a la liberté de sortir de chez lui pour vivre, c'est à dire pour prendre le risque de mourir » pic.twitter.com/cwmDlXC8Wq
— CNEWS (@CNEWS) April 17, 2020
Mince, le coup des « amis morts », ça fout tout en l’air. Ça sonne comme un « j’ai des amis juifs » – je ne suis pas antisémite – ou « j’ai des amis noirs » – je ne suis pas raciste – (attention, ça ne marche pas avec « j’ai des amis juifs morts »). Dommage, Yann a essayé d’être à nouveau transgressif, et ça a fait flop. Mais c’est largement suffisant pour les médias mainstream qui ont crié au scandale. Il leur en faut peu. Inversement, il leur en faut parfois beaucoup, regardez l’affaire Epstein, qui semble pour eux moins scandaleuse qu’une petite phrase...