La question, en l’espèce, est économique, pas réellement médicale. Prélever du sang, le conserver, le transporter, le tester coûte cher. Ça monte à 120 euros la pochette, plus pour les plaquettes. En écrémant les catégories à risque en amont, on limite les frais.
En eux-mêmes, les homosexuels ne constituent pas vraiment une catégorie à risque. Ceux qui sont les plus exposés aux contaminations par les MST se sont les "hypersexuels", c’est à dire, les personnes avec beaucoup de partenaires.
Le problème c’est qu’il y a une importante corrélation entre hypersexualité et pratiques homosexuelles, soit parce que les hypersexuels "baisent tout ce qui bouge" filles et garçons, soit parce que les hommes homosexuels ont moins tendance à s’inscrire dans des relations monogamiques à long terme.
Cette forte corrélation a incité le gouvernement à interdire le don du sang aux homosexuels un peu en catastrophe dans les années 1980. La définition d’homosexualité retenu alors était pratiquement la plus large possible, c’est à dire toute personne mâle ayant eu une fois dans sa vie une relation homosexuelle, quelque soit la période écoulée depuis.
Objectivement, cette définition ratissait beaucoup trop large. En théorie, ça élimine à peu près 10% de la population française. Ce qui est beaucoup en vue du manque de sang endémique dans les hôpitaux. La nouvelle législation ne fait qu’établir une limite temporelle dans la définition, mais n’ouvre pas le don du sang aux homosexuels "pratiquants". Néanmoins, elle permet de faire baisser le pourcentage de Français automatiquement écrémés de, en gros, 10 à, en gros, 2%, sans pour autant faire considérablement augmenter le taux de risque puisque les hypersexuels sont nécessairement inclus dans les 2% restant.
Il est probable qu’en excluant strictement les hypersexuels (et leurs conjoints), on puisse se passer totalement de l’écrémage par la catégorie homosexuels. Mais là, on parle d’une population vraiment minuscule, probablement quelque chose comme 10 ou 20.000 personnes au total (soit entre 500 et 1000 dons effectifs par an, grosso modo 0,3% des dons de sangs annuels).
Enfin, comme de toute façon c’est un système purement déclaratif ça ne change pas grand chose dans la réalité, d’autant plus que les gens ne sont pas idiots, ils ont tendance à ne pas donner leur sang si ils ont conscience d’être des sujets à risque.