Il fallait s’y attendre. Le débat sur les derniers événements en Israël s’étend dans la presse française. Aujourd’hui (28 octobre) dans Le Figaro où Elie Barnavi, historien et ancien ambassadeur d’Israël en France, s’exprime aux côtés de Maître Gilles-William Goldnadel .
Pour le premier, les attaques au couteau d’Israéliens, à Jérusalem et en Cisjordanie sont le fait de jeunes Palestiniens « enfants de Facebook … produit de l’atomisation de la société palestinienne, elle-même reflet et effet de l’occupation… partis en mission suicide pour défendre la mosquée Al-Aqsa ». Que non, écrit le second « C’est l’islamisme et non les « colonies » en Cisjordanie qui est à l’origine des assassinats d’Israéliens. » Le reste de l’argumentation de cet avocat, soutien indéfectible de la droite israélienne, est connu. Les territoires ne sont pas occupés mais disputés. Les Juifs doivent pouvoir vivre en Judée. Et puis, le mouvement palestinien serait, depuis le Grand Mufti, Hadj Amin el Husseini, imbibé d’islamisme radical. Bon, tout cela ne conduit pas à une solution à deux États, mais au maintien de la situation actuelle. L’occupation selon Netanyahu, comme on le verra plus loin.
Une entente
L’analyse de l’historien Barnavi mérite qu’on s’y attache. Effectivement, Benjamin Netanyahu n’a aucune intention d’autoriser les prières juives sur l’esplanade des Mosquées – mont du Temple. Cela embraserait la région. Déjà, dans l’urgence, il fallait parvenir à un accord avec le roi Abdallah de Jordanie. Le souverain, qui est le custode d’Al-Aqsa, menaçait de rappeler son ambassadeur à Tel Aviv si le Premier ministre israélien ne s’engageait pas formellement à maintenir le statu quo sur l’esplanade et prenne des mesures en conséquences. John Kerry, le secrétaire d’État américain, a suggéré la mise en place de caméras de surveillance dans le site. Les parties ont accepté et l’opération est toujours en discussion. Les Palestiniens qui n’ont pas été consultés ne sont pas chauds. Le roi Abdallah a publiquement pris note de l’engagement de Netanyahu.
Dayan laisse le mont du Temple aux musulmans
Mais de quel statut s’agit-il ? Les premières décisions israéliennes sur les saintes Mosquées ont été prises peu de temps après la conquête de la vieille ville de Jérusalem par Tsahal le 7 juin 1967. Dix jours plus tard, Moshe Dayan, le ministre de la Défense a annoncé aux responsable musulmans réunis dans la mosquée Al-Aqsa : « Le Waqf, l’administration des biens musulmans, continuera de gérer ce lieu saint, libre de toute présence militaire, l’armée se tenant à l’extérieur de ses murs. Les Juifs, a-t-il-dit, seront autorisés à le visiter mais pas à y prier » Il expliquera plus tard dans une interview : « Étant donné que pour les musulmans, le mont du Temple est une mosquée où ils prient, et que pour les Juifs, il ne s’agit que d’un site historique rappelant le passé, […] le droit des musulmans à le contrôler doit être reconnu ».
Le Mur n’est pas saint
Le grand rabbinat a interdit aux Juifs de monter sur l’esplanade pour une raison religieuse fondamentale : nul ne connaît l’emplacement du Saint des Saints où seul le grand prêtre ne pénétrait qu’une seule fois par an. Dans tous les cas, il s’agit de maîtriser l’élan messianique qui prend de l’ampleur. Et, le 27 juin, à la Knesset, Zerah Warhaftig, membre du Parti national religieux, le ministre des Affaires religieuses, a déclaré, en présentant le texte d’une loi : « La Terre d’Israël est une Terre sainte où se trouvent des lieux saints de toutes les religions monothéistes. Sur la terre de nos ancêtres se trouvent les lieux saints de la religion d’Israël. L’ensemble de la terre est saint, mais il est des degrés dans la sainteté. Selon la Michna, dix degrés de sainteté ont été accordés à la Terre d’Israël, Jérusalem en a reçu huit avec, en son centre, le Mur occidental. Selon nos sages, ce Mur, la présence divine ne l’a jamais quitté […]. » Le rabbin Shlomo Goren, aumônier général de Tsahal, était furieux. Jamais ce Mur n’a été considéré comme un lieu saint dans la tradition juive. Les responsables israéliens, politiques et religieux voulaient essentiellement éloigner les Juifs religieux de l’esplanade des Mosquées. Goren n’a pas été autorisé à y installer une synagogue.
Lire la suite de l’article sur charlesenderlin.wordpress.com