Aujourd’hui, ne subsiste plus aucun frein à la folie prédatrice, colonisatrice et annexionniste de l’extrême-droite religieuse juive en Israël, nous explique Ben White.
1. Le « statu quo » est déjà en train de changer
En 2014, près de 11 000 Juifs sont entrés dans le complexe de la mosquée Al-Aqsa. Cela représente une augmentation de 28% par rapport à l’année précédente, et presque le double du nombre de visiteurs juifs en 2009. Alors qu’en 2012 les extrémistes juifs entraient dans l’enceinte en moyenne une fois toutes les 2 semaines, c’est en 2013 devenu une fois tous les 4 jours, et en 2014 près de tous les 2-3 jours.
L’ONU a décrit la façon dont les affrontements de cette semaine ont été précédées par « trois semaines consécutives d’intervention [des forces israéliennes] qui empêchent toutes les femmes palestiniennes, ainsi que tous les hommes de moins de 50 ans, de se rendre dans le complexe de la mosquée al-Aqsa pendant les heures matinales, afin de protéger l’entrée des colons et d’autres groupes israéliens. » La semaine dernière, le gouvernement israélien a bloqué deux groupes musulmans, « mouvements informels de femmes et d’hommes âgés arabes », qui protestent contre les visites d’extrémistes juifs.
2. L’extrême-droite à la Knesset
Il y a presque un an le 30 octobre 2014, et pour la première fois depuis 1967, Israël a interdit le complexe d’al-Aqsa à tous les fidèles pour une journée entière. Peu de temps après, durant des tensions similaires, un article paru dans Ha’aretz a pointé un doigt accusateur sur « les politiciens de la droite israélienne qui contestent le statu quo vieux de plusieurs décennies ».
« Jusqu’à il y a quelques années, tout discours sur le changement au Mont du Temple était un signe infaillible de la folie religieuse, le fait d’excentriques et de fous certifiés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ces jours, il semble y avoir une acceptation plus large d’un Mont du Temple juif, à la suite d’une forte évolution d’Israël vers l’extrême-droite et de l’érosion de la résistance à la rhétorique messianique. »
Le document a également noté la façon dont le député Miri Regev a présidé 15 débats l’année précédente sur la question de permettre aux juifs de prier dans le complexe. Regev, du Likoud, est maintenant ministre de la Culture.
Les exigences des militants juifs d’extrême-droite vont de l’autorisation formelle de la prière juive dans le complexe, à la destruction pure et simple des lieux de culte musulmans. Les organisations qui défendent ce dernier objectif reçoivent un financement et un soutien de plusieurs ministères ainsi que de la municipalité de Jérusalem.
En 2013, le ministère du Logement d’alors (maintenant ministre de l’Agriculture) Uri Ariel a appelé à la construction d’un troisième Temple sur l’esplanade, une promesse qu’il a depuis réitérée. Le ministre de l’Economie Naftali Bennett a également suggéré un plus grand contrôle israélien sur al-Aqsa, alors qu’en mai 2014, le Likoud et le parti travailliste ont proposé à la Knesset un changement du statu quo qui permettrait aux juifs de prier dans l’enceinte.
3. Le précédent d’Hébron
En 1994, un colon juif a abattu 29 Palestiniens dans la mosquée Ibrahimi à Hébron. En réponse, cependant, les autorités israéliennes « ont partitionné par la force [la mosquée], les colons se voyant attribuer la majeure partie de l’espace. » Comme Ali Abunimah l’a fait remarquer, cela est « un précédent que de très nombreux Palestiniens craignent de voir un jour reproduit par l’occupation israélienne à Jérusalem à la Mosquée al-Aqsa. »
4. Pourquoi faire confiance à Netanyahu ?
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prétendu qu’Israël ne souhaitait pas changer le statu quo dans l’enceinte. Mais pourquoi le croire ? Avec son double langage à propos d’un Etat palestinien et la fierté qu’il a mise à saper les Accords d’Oslo, il y a de bonnes raisons d’être sceptique quant aux assurances données par les dirigeants du Likoud.
5. Le contexte plus large dans Jérusalem-Est occupée
Ces initiatives ne s’appliquent pas qu’à al-Aqsa spécifiquement, et il est essentiel de resituer les événements de cette dernière semaine dans leur contexte. L’occupation par Israël de Jérusalem-Est est vieille de 48 ans, et durant toute cette période les Palestiniens ont souffert de l’annexion de leurs terres, de la colonisation, de la discrimination et la répression.
Le mois dernier, Israël a kidnappé 150 Palestiniens dans Jérusalem-Est sous occupation. Un tiers des enlèvements a eu lieu près d’al-Aqsa – des dizaines d’autres personnes ont été enlevées à Silwan, Issawiya, Wadi Joz, Sur Baher et Sheikh Jarrah.
Israël a également interdit à 37 Palestiniens tout accès à al-Aqsa pour des périodes allant de dix à soixante jours.
À la fin du mois d’août, au moins 20 colons juifs ont emménagé dans un immeuble de 12 appartements à Silwan, une étape qui « a presque doublé le nombre de colons juifs dans le quartier ». Il n’a pas fallu longtemps pour que les colons se mettent à attaquer les Palestiniens du quartier, en étant bien sûr protégés par les forces israéliennes d’occupation.