Les sénateurs ont donné, jeudi 17 septembre, leur accord au principe d’une expérimentation pendant 6 ans de salles de consommation de drogue à moindre risque, communément appelées « salles de shoot ».
Dans le cadre de l’examen du projet de loi de Santé, les sénateurs ont décidé de permettre l’introduction de salles de shoot en France pour une période de 6 ans, suivant ainsi les recommandations du gouvernement et celles de la commission des Affaires sociales.
Si la totalité des sénateurs Les Républicains a voté contre le dispositif, le texte a finalement été adopté par une majorité d’élus lors d’un débat passionné.
À l’issue d’un débat passionné, une majorité de sénateurs, essentiellement de gauche, a rejeté à main levée des amendements de suppression de l’article 9 du texte qui prévoit ce dispositif, suivant ainsi l’avis du gouvernement et celui de la commission des Affaires sociales. Insuffisamment nombreux, l’ensemble des sénateurs Les Républicains (LR) présents ont voté pour la suppression, à l’exception d’Alain Milon et de Catherine Deroche, tous deux rapporteurs.
Elisabeth Doineau (UDI-UC), troisième corapporteur et sénatrice de Mayenne, a aussi voté contre la suppression.
« Les salles de shoot ne soignent pas et ne sèvrent pas, mais banalisent et facilitent l’usage des drogues dures », a critiqué Jean-Pierre Grand (LR), auteur d’un amendement de suppression.
« Les CHU comportent d’excellents services d’addictologie. Laissons-les travailler ! On fait comme si rien n’existait », a déclaré Gilbert Barbier (RDSE), qui avait déposé un amendement identique.
Jean-Baptiste Lemoyne (LR) a estimé de son côté que cet article « pose de graves problèmes d’ordre public et de sécurité ».
« Vous supprimez les salles de shoot sans proposer d’autres solutions », leur a reproché leur collègue LR Alain Milon. « L’essentiel est, pour moi, que les toxicomanes pourront y rencontrer des addictologues (...). Si ce dispositif permettait de sauver ne serait-ce qu’un toxicomane par an, dans chaque hôpital de France, il serait fondé. »
« Il s’agit d’une expérimentation », a rappelé la ministre de la Santé Marisol Touraine, alors que le principe de l’expérimentation de ces « salles de shoot » a déjà été adopté par l’Assemblée nationale. « Ces salles accueilleront des publics très précarisés, très éloignés des soins. Comme M. Milon, je crois que si une personne par centre était sauvée, l’expérience mériterait d’être tentée », a estimé la ministre.
Pour Yves Daudigny (PS), favorable à l’article, « ces salles entraîneront moins de nuisances sur la voie publique, moins de dépendance, moins de toxicomanes ».
« Nous voterons contre la suppression de cet article parce qu’il autorise une expérimentation qui offrira un accès aux soins plus rapide aux toxicomanes les plus vulnérables et les plus éloignés du soin », a expliqué Annie David (Communiste, républicain et citoyen, CRC).
Pour rassurer ses collègues de droite, Aline Archimbaud (écologiste) a souligné que l’expérimentation de ces salles serait très encadrée et qu’elle serait fondée sur le volontariat.
Par la suite, les sénateurs ont adopté, contre l’avis du gouvernement, un amendement de Philippe Mouiller (LR) intégrant ces salles d’expérimentation à un établissement de santé.
« Le Sénat a souhaité, contre l’avis du gouvernement, que les addictions soient prises en charge et intégrées dans des établissements de santé et des hôpitaux, dans des centres d’accueil placés sous la responsabilité du personnel médical », a écrit dans un communiqué Mme Deroche.
Le débat sur le projet de loi santé, entamé lundi, doit se poursuivre au Sénat jusqu’au 2 octobre, avant un vote solennel le 6 octobre.