En 2017, trois Corréziens qui se connaissent depuis l’enfance sortent une chanson feelgood, un nouveau genre en période de dystopie. Ça signifie une chanson qui fait se sentir bien (ou mieux). C’est un médicament sonore à la limite du placebo, un peu comme les faux vaccins du Big Pharma, quoique... non, eux ils sont dangereux, donc mauvaise comparaison.
Feelgood est un terme qu’on retrouve chez le Dr Feelgood, un groupe de rock britannique des années 70-80, et dans la revue médicale bien-pensante de Michel Cymès, validée par le grand sanhédrin de l’Ordre, qui a donc lancé Dr Good en 2017, « le magazine de la santé positive ».
« Je suis parti de plusieurs constats, le premier, j’ai la chance d’avoir une bonne cote en ce moment, les gens m’écoutent, en tant que médecin, en tant que chroniqueur sur RTL, en tant que présentateur à la télé, et en tant que médecin les gens m’accordent une grande crédibilité et une grande légitimité. Et puis il y a deux ans j’ai sorti un livre qui s’appelait Vivez mieux et plus longtemps qui a été vendu à 250 000 exemplaires et dans lequel je parlais que de la santé positive, autrement dit du feelgood... »
Le genre feelgood, qu’on n’écrira plus en italiques, existe aussi sur le Net, on en voit des liens vidéos partout avec un chien qui sauve un chaton de la noyade, un lion qui fait un câlin à une chèvre, un nazi qui pleure, un skinhead qui tombe amoureux d’une beurette du PS (là on invente), ce genre de conneries pour lectrices de la presse féminine.
Ces épisodes donnent ou redonnent foi – pour ceux qui l’ont perdue en route – en l’humanité, comme ces voyantes qui rackettent des trains entiers de gourdasses en leur faisant miroiter le grand amour ou le retour du grand amour, mais contre du vrai pognon, on en revient toujours à ça.
Donc les Trois Cafés gourmands, un nom normalement éliminatoire, pondent une chansong feelgood qui explose, on l’a vu, avec 350 000 ventes de disques (il y en a qui achètent encore des disques) et 258 millions de vues sur YouTube. La chanson s’appelle, et là on va chercher sur le Net, un instant s’il vous plaît, parce que le titre ne saute pas aux oreilles, on l’oublie assez vite , ah, voilà : À nos souvenirs.
C’est dans l’actu car le groupe vient de se séparer. En langage rock, on dit splitter. La chanson étant un art populaire, on ne va pas descendre le trio parce qu’ils sont moins bons que Muse, le groupe de scène du moment.
Cependant, et c’est là où on voulait en venir, le côté franchouillard de la bluette a provoqué une violente réplique du Palmashow, qui frôle le point Godwin :
On dirait du Stéphane Guillon dans le texte, une enfilade de poncifs antifrançais déguisée en humour : ramener l’amour de la France à la Terre plate, aux sorcières brûlées, au féminicide, à l’alcoolisme, au racisme (« sans aucun rastaquouère »), à la consanguinité (« on pouvait s’taper sa cousine »)... De la part du Palmashow, qui a vendu son gros cul à TF1, rien de surprenant.