Dans la série Les occasions de rire sont rares, ne les loupons pas, nous nous sommes intéressés à un collectif d’un genre nouveau. Et genre est le mot.
C’est un truc qu’on a trouvé sur le site Paris-Luttes Info, une coopérative en ligne de toutes les luttes moniritaires possibles et imaginables. Ceux qui croient encore aux simples luttes minoritaires héritées de la grande déflagration sociétale de Mai 68 se gourent : aujourd’hui, avec le féminisme et la lutte pour la libération des gays (ils sont enfermés à la Bastille ?), ils datent grave leur mère GPA. Tout a explosé en micro-luttes qui peuvent parfois réunir 3 personnes dans un « collectif ». Par exemple, et au hasard, le collectif des trans qui ont changé 3 fois de sexe par hésitation et qui désirent se marier avec leur chien.
Pourquoi pas ? Ce collectif n’existe pas mais au train où vont les choses, tout risque d’arriver. En même temps, c’est pas très grave que des personnes se lâchent un peu et fondent des collectifs qui les rassurent et les socialisent un peu. Car si ces créations sociétales font rire les méchants beaufs, c’est déjà une façon de se faire accepter. Après, on n’est pas obligé d’insulter les hétéros ou les Blancs ou les chrétiens comme le font beaucoup de collectifs haineux, qu’on appelle des « haters » sur Twitter. Ils dénoncent sans relâche ceux qu’ils prennent pour des haters mais ce sont eux qui haïssent, l’hommage classique du vice à la vertu.
Le collectif « féministe autonome inclusif intersectionnel non-mixte » a appelé à participer à la manif du 12 septembre 2017 contre Macron et ses ordonnances. Avec ce genre d’ennemi-e-s, Macron n’a rien à craindre. On ne dit pas ça méchamment mais la pulvérisation du front social est le meilleur moyen de laisser l’oligarchie faire ce qu’elle veut au sommet. Et si les micro-collectifs n’ont pas compris ça, ou ne veulent pas le comprendre, c’est qu’ils sont dirigés ou manipulés par des social-traîtres. Des taupes, comme certains GIA le furent par le renseignement militaire en Algérie pendant les années noires de la guerre civile.
Sur la photo, il ne faut pas se tromper : les micro-collectifs se mêlent à la foule pour grossir leur effet et revendiquer une mobilisation massive. Il est certain que si nous faisons la somme de la mobilisation quantitative que tous ces collectifs avancent, on doit être dans 4 ou 5 fois la masse réelle de gens qui sont descendus dans la rue. On ne peut donc rien en conclure, surtout que les activistes sont en général très organisés en termes visuels. En se mettant devant le défilé, en se glissant dedans au moment opportun, ils arrivent avec quelques drapeaux, slogans et porte-voix à représenter toute la manif, le temps que le SO (service d’ordre) de la CGT vienne les dégager à coups de pompes.
D’ailleurs, les féministes de tout poils (lesbiennes ou pas) se plaignent en général de la violence des vieux Blancs de plus de 50 ans qui font régner l’ordre dans les manifs dites unitaires.
« Ce mardi 12 septembre, lors de la manifestation parisienne contre la loi travail XXL, des membres du service d’ordre (SO) de la CGT ont agressé des militantes féministes. L’une d’entre elles a fini aux urgence, avec des contusions à la tête, un coquard (contusion avec hématome de la pommette à l’arcade) et une entorse au poignet gauche. Chacune d’entre elles souffre de multiples contusions et hématomes. [...]
“J’ai voulu intervenir pour défendre ma camarade mais j’ai été immédiatement agrippée par l’épaule et balayée d’un coup de pied par un membre du SO de la CGT qui m’a jetée à terre dans l’eau”. »
Voici la profession de foi de ces nouvelles croyantes :
« Nous réaffirmons que le féminisme n’est pas soluble dans le racisme, le classisme, le validisme, la transphobie, la lesbophobie, la putophobie, l’islamophobie. Nous refusons de servir de caution à des politiques capitalistes, libérales, sécuritaires, nationalistes, et guerrières. »
Du bong gros jargon de gauche qui ne veut rien dire, tant les concepts avancés se tamponnent les uns les autres. Mais on n’est pas là pour réfléchir, on est là pour gueuler contre les méchants, en vrac les hommes, les salauds, les riches, les machos, la droite, etc., ce qui n’a pas changé depuis Mai 68. Or les choses ont un peu évolué politiquement, mais du côté des activistes à l’ancienne, on a un bon TGV de retard. On en est encore à la locomotive poussive des « flics et des curés », c’est dire.
Si vous avez raté la manif du 12 septembre, ne vous inquiétez pas, il y a une seconde chance au grattage, celle du 30 septembre !
« À l’occasion de la prochaine AG nous pourrons continuer à nous organiser et discuter autour des thématiques des violences, du travail et d’autres qui ressortiront des débats, en partant des conditions de vie et des besoins de chacunE, ainsi que des perspectives d’une prochaine manifestation autonome le 8 mars 2018. »
Il va sûrement en sortir quelque chose de grand, pardon, de grand-e-s. Rendez-vous est pris pour un prochain épisode de Les occasions de rire sont rares, ne les loupons pas !