Il est temps de faire le point sur la contre offensive de la presse alignée en Angleterre, depuis environ deux mois maintenant. Ceux qui me suivent l’ont bien compris : face aux accusations précises et répétées contre diverses personnalités, contre les allégations d’étouffement systématique de ces affaires de pédophiles VIP, l’establishment se démène pour minimiser les faits et décrédibiliser les témoins. Mais les victimes sont têtues et maintiennent leurs déclarations.
Tout a commencé fin 2012, quand on a compris que la star de la BBC Jimmy Savile était un pédophile qui a fait des centaines de victimes à travers le pays, et qu’il n’a jamais été inquiété ou presque. Puis on a compris que Savile n’était pas tout seul, au contraire il était connecté avec des dizaines d’autres pédophiles, depuis le bas jusqu’en haut de l’échelle sociale.
Depuis quelques mois, des victimes parlent de meurtres commis par des VIP dans le cadre de réseaux pédophiles protégés par les autorités, et de trafic vers les Pays-Bas.
En parallèle, histoire de satisfaire une opinion publique anesthésiée, le gouvernement a lancé deux grandes enquêtes : l’une sur l’étouffement de dizaines d’affaires, l’autre sur les affaires elles-mêmes. Autant le dire tout de suite : il ne se passe rien, et comme on l’a dit c’était mal parti depuis le départ puisque les deux premières juges désignées pour présider l’enquête sur les affaires de réseaux VIP ont du démissionner en raison de leur proximité avec les VIP en question.
Voyons maintenant quels arguments sont diffusés dans les médias de masse, notamment le conservateur Daily Mail, et le Guardian, très proche des USA.
La « chasse aux sorcières »
Dès qu’on a commencé à parler de Jimmy Savile (en octobre 2012), Cameron le Premier ministre a déclaré qu’il fallait prendre garde à ne pas faire de « chasse aux sorcières » au sujet de tous ces pédophiles de la BBC qu’on commençait à citer dans divers médias. On ne parlait pourtant pas encore de réseaux ni de politiciens impliqués, mais ça sentait mauvais.
En effet, cette expression de « chasse aux sorcières » est apparue aux USA dans les années 80 quand des enfants de dizaines de crèches et maternelles à travers le pays ont dénoncé des abus de type rituel. On a alors attaqué les experts, la presse s’est mobilisée pour faire la promotion d’experts bidons comme Richard Gardner ou Ralph Underwager, on a créé la False Memory Syndrome Foundation, et finalement personne ou presque n’a été condamné.
Ladite expression n’était donc pas anodine. C’est même un classique quand on parle de réseaux pédophiles, on a eu le coup aussi avec l’affaire du Coral ou Outreau. En tant que féministe, cet argument a en plus le don de beaucoup m’agacer.
Les autorités ont donc toujours freiné des quatre fers pour éviter que ces histoires ne prennent trop de proportions. Mais ça a raté, grâce au travail d’une poignée de députés, de quelques journalistes, travailleurs sociaux et de victimes qui ont parlé.
Depuis 2012, les accusations se sont multipliées, recoupées et précisées, au point qu’on commence à avoir une liste de noms de politiciens (ce sont souvent les mêmes qui reviennent dans diverses affaires), de gauche comme de droite, dont on sait qu’ils sont mouillés jusqu’au cou même si, évidemment, on aura du mal à avoir des preuves matérielles 20 ou 30 ou 40 ans après les faits.
Dès l’année dernière, quand les accusations de meurtre sont apparues, la presse conservatrice a commencé à relativiser, disant que la vérité était surement moins horrible que ce que racontaient les victimes.
Puis ces mêmes médias se sont rendu compte que la police n’avait pas de preuves matérielles de la réalité de ces meurtres [1], et on a extrapolé en disant que finalement toute cette enquête prêtait à caution. Le journal Exaro, qui a beaucoup enquêté sur ces affaires et est en contact avec plusieurs victimes, a été fortement attaqué par ces médias ultra sceptiques.
L’offensive s’est intensifiée à partir des mois d’août et septembre 2015, des articles qui commençaient à remettre en cause l’existence de ces réseaux, en particulier celui dit « de Westminster », parce que de nombreux députés en faisaient partie et que les faits se passaient dans ce secteur, notamment au Dolphin Square.
Un gros pavé dans la mare a été jeté mi septembre, quand le Guardian et le Financial Times nous ont expliqué que la MET (police métropolitaine) « admet des erreurs » quant à ses propos sur le réseau de Westminster.