On savait tous que Jean-Michel Aphatie était un faux journaliste – il n’a jamais enquêté et ne connaît du terrain que le trottoir qui le mène au taxi – et un vrai propagandiste. Mais sa faconde terroir et le ton très assuré, voire agressif, de ses interventions, que ce soit sur RTL et Canal Plus, puis sur le service public audiovisuel (France Info la radio et France Info la chaîne d’info continue), l’ont propulsé grand connaisseur de la politique française. Et, pourquoi se gêner, de la politique mondiale. On l’a alors vu attaquer la droite nationale française, l’Iran grand Satan, qu’il fallait écraser, et aujourd’hui, il s’en prend à Donald Trump, qui n’aurait pas été élu par le peuple américain. Aphatie ou le symbole d’une corporation déconsidérée.
La déontologie a fondu, il reste la propagande. Sous le glacier, les caillasses. Et la caillasse : au Grand Journal, époque Denisot, chacune de ses interventions pro-Système étaient récompensées par une rentrée de 2 500 euros. À raison de 20 présences en plateau par mois, cela fait grimper la rémunération à 50 000 euros. Il était loin des émoluments monstrueux du malin Denisot, qui aura fui avant l’écroulement de l’émission phare puis celui de la chaîne, mais on est très loin aussi du salaire moyen français, qui culmine à 2 000 euros, par foyer, hors versements sociaux.
On n’est pas là pour attaquer un homme qui gagne de l’argent en rendant service au pouvoir profond, tout en endossant la panoplie du chevalier blanc indépendant, qui ose dire la vérité aux puissants. Jamais il n’aura osé contrarier les vrais puissants, comme tous les lâches calculateurs. Cependant, depuis son éviction de Canal+, son court passage à Europe 1 et son atterrissage sur Radio France et France Télévisions (la maison de retraite des animateurs), on sent l’énervement monter, l’agressivité qui ne se retient plus : la nature profonde perturbée prend le pas sur la raison et le professionnalisme.
- Snif, Jean-Michel est en train de se faire moucher par Sonia
Invité chez la sensuelle Sonia Mabrouk sur LCP lors du Grand Entretien du 9 novembre 2016 à lui consacré, Jean-Michel se touche le nez dès la première question (1’06’08 exactement, suivi d’un mouvement bizarre des cervicales, qu’on voit régulièrement chez Sarkozy). Tic facial ? Manière de se concentrer ? Toujours est-il que Jean-Michel apparaîtra nerveux lors de l’entretien. Il est vrai que son livre On prend (presque) les mêmes et on recommence, à peine sorti, se prend la gifle de l’élection inattendue de Donald Trump aux États-Unis. Un détail qui fait mal et que Mabrouk lui rappelle avec perfidie. L’Histoire n’est pas morte, en revanche les tenants des vieilles théories vermoulues et orientées, oui ! Le propagandiste donne alors l’impression de patauger dans sa propre gadoue. Il tente dans un ultime assaut de déstabiliser la journaliste, mais la Mabrouk est solide.
Aphatie : Mais, bien sûr qu’on est bêtes dans le commentaire, on dit Alain Juppé va être élu à la primaire, on n’en sait rien ! On n’en sait rien.
Mabrouk : Alors pourquoi on le dit ?
Aphatie : Mais, ce sont les idiots qui le disent !
- Sonia Mabrouk droite dans ses talons aiguilles
Mabrouk rappelle que les journalistes français se sont tous plantés, et Aphatie, le premier à avoir milité contre Trump, est dans les cordes. Il a beau rejeter l’accusation, elle lui colle à la peau. La théâtralité de sa gestuelle ne change pas le fond : c’est un propagandiste, et un mauvais ! Le Système n’a plus besoin de lui, Aphatie est devenu improductif, son impact sur les gens est nul (tout le monde se moque de lui sur les réseaux sociaux, que ce soit à droite ou à gauche), c’est le BHL du journalisme, il fait l’unanimité contre lui, on va donc le retrouver prochainement à la rue. C’est une image.
En attendant de lui donner la piécette en souvenir de ses sketches passés, voici la vanne de son dernier one man show, lui qui milite pour anglosaxonniser la France (1’15’17) :
« L’esprit politique français est fabriqué par le souvenir de Louis XIV, de Napoléon et du Général De Gaulle. Quand on fait de la politique en France madame, c’est pour renverser le monde. Eh bien ça ça n’entraîne que des déceptions. Moi si un jour je suis élu président de la République, savez-vous quelle est la première mesure que je prendrais ? Je raserais le château de Versailles. Ce serait ma mesure numéro un pour que nous n’allions pas là-bas en pèlerinage cultiver la grandeur de la France, devenons réalistes ! »
Dans l’émission entière, la partie concernant Aphatie commence à 1’05’42 :
En totale roue libre après la gifle Trump, Aphatie déclare qu’« il faut s’interroger sur le suffrage universel » :
Découvrez la démocratie à la sauce jean-Michel Apathie : votez pour quelqu'un d'autre que celui choisi par les médias et.... pic.twitter.com/VsHGqL18Jq
— Stalker (@_Stalker_69_) 12 novembre 2016