C’est un moment de grande jouissance, et aussi de revanche médiatico-politico-sociale, que de voir la gueule des Grandes Gueules, obligées, l’actu faisant loi, de parler de l’affaire Macron-Trogneux, une « fake news transphobe », selon la définition du journal sans lecteur qui s’appelle encore par erreur Libération.
Nous sommes à 4’29, Alain Marschall entame le chemin de croix, la mort dans la voix.
« Pour ceux qui suivent les réseaux sociaux, on a un truc de dingues qui s’est passé ces derniers jours. En fait c’est une espèce de… de théorie, folle, qui a circulé, comme quoi la première dame Brigitte Macron était accusée d’être un homme... »
Stop ! Personne n’accuse personne d’être ce qu’il est, sexuellement. Le débat porte sur l’existence et la disparition de Jean-Michel Trogneux, tout simplement. On reprend :
« ...et de s’appeler en réalité Jean-Michel Trogneux, Trogneux étant le… le nom de baptême, le nom de jeune fille de madame Macron. »
Olivier Truchot renchérit : « C’est ce qu’on appelle une fake news transphobe. D’ailleurs la première dame va porter plainte, son avocat l’a dit, maître Jean Ennochi, pourquoi, parce que il y a eu des milliers de messages et d’attaques personnelles depuis lundi, y a ce hashtag jeanmicheltrogneux, qui donc prend pour cible Brigitte Macron sur Twitter, c’était d’ailleurs l’un des mots dièse les plus relayés sur le réseau social, euh, il dit en gros, voilà c’est l’information que vous ne savez pas, Brigitte Macron est est un homme. »
Marschall : « Avec des montages photo. »
Truchot : « Ça paraît tellement dingue que finalement est-ce qu’il faut prendre ça au sérieux ?, mais visiblement c’est relayé par des gens qui ne sont pas du tout second degré, qui prennent ça au sérieux, et c’est pour ça que du côté de l’Élysée on a réagi. Alors est-ce qu’on a raison, d’ailleurs, est-ce que, finalement, euh… l’épouse du Président, via son avocat, a raison de porter plainte, est-ce qu’il faudrait pas finalement, euh… ne pas réagir à ces, à ces rumeurs, à ces attaques sexistes, euh… elle en a eu d’autres, hein, depuis son arrivée à l’Élysée, Brigitte Macron, des attaques sexistes.... Quelle est la meilleure réponse ? »
Et là, le pauvre Truchot se fait l’avocat de l’Élysée, de Brigitte et de Manu, alors que son rôle est d’analyser l’information, de la recouper, de valider ou de l’invalider, mais après travail, pas en se mettant dans la peau de Brigitte, ou de Jean-Michel, au choix.
Marschall reprend : « En remontant le fil de la rumeur, on sait d’où c’est parti. C’est parti d’un site qui s’appelle, qui est de la droite nationale, ou d’extrême droite, il s’appelle Faits & Documents, et d’une journaliste qui s’appelle Natacha Rey qui régulièrement balance des soi-disant infos sur, sur, sur la première dame. »
Passons sur l’intervention d’Étienne Liebig – « parce que ça, c’est du niveau la Terre est plate » (comme Brigitte avant son opération ?) – qui ne fait pas avancer l’enquête. Mourad Boudjellal parle lui d’une « saloperie ». À 7’09, il explique :
« Y a des gens qui pensent, par exemple, et ça, ça circule, sur le Net, que nous sommes dirigés par des Reptiliens, et que Macron est un Reptilien. Les Reptiliens sont des envoyés, des extraterrestres qui sont chargés de diriger et de préparer l’arrivée des extraterrestres sur la Terre. »
Barbara Lefebvre, elle, sait comment traiter la « fake news transphobe » :
« Je pense que à partir du moment où on peut remonter à la source, ah mais bien sûr qu’il faut porter plainte, elle a tout à fait raison, madame Macron, de porter plainte contre cette pseudo-apprentie journaliste de ce genre de site qui raconte n’importe quoi, qui en plus utilise leur site pour créer des pétitions pour capter de la data, pour capter des adresses mail, et ensuite euh, euh, euh… abreuver les gens de, de… de bêtises crasses, donc non bien sûr qu’elle a raison de porter plainte. »
Une sacrée plaidoirie. Ce serait peut-être mieux de vérifier l’info avant, Barbara. Quant à Étienne, il essaye de comprendre, avec son vocabulaire limité, pourquoi ce hashtag a fait un tel foin.
« Au début quand tu le vois tu te dis ben c’est une grosse connerie, et pis après qu’tu vois qu’y a des gens qui le pensent en disant mais non, pasque c’est présenté comme une enquête sérieuse, avec des photos, etc., c’est-à-dire que euh… »
Au lieu de raconter n’importe quoi sur ce plateau, il y a une loi, en information, qui dit : à enquête controversée, contre-enquête sérieuse. On l’attend toujours.
Le mot de la fin à 9’43 à Mourad, qui risque de faire exploser les compteurs de la rigolade sur Twitter :
« Regardez Macron, lorsqu’il y avait une rumeur sur son homosexualité, il en a parlé tout à fait librement, il a fait taire la rumeur, et j’ai trouvé ça très bien ! »
Supplément « Non, rien. »
Pour info, Me Ennochi est l’avocat des stars, de feu Delarue à Bruel en passant par Brigitte.