Résumé de l’histoire : le 1er février 1954, un jeune abbé dénonce à la radio le sort des clochards et autres sans-abri qui souffrent du froid. Depuis, il incarne la lutte contre la misère et le soutien de ceux qu’on appellera ensuite les SDF.
Dans un pays féru de morale chrétienne, il devient vite le Français préféré des Français, et personne ne vient le déloger, surtout pas les hommes politiques de la Ve République, qui deviendront de plus en plus menteurs, s’enrichissant même personnellement sur le dos des travailleurs en se foutant de ceux qui crèvent à la rue.
Certes, le problème des sans-abri n’est pas facile à résoudre, des drames personnels menant souvent à la rue et empêchant de remonter. Mais ensuite, surtout quand on a 300 000 sans-abri et 4 millions de mal-logés (chiffres actuels), cela devient un problème de société, et une question politique.
Soixante-dix ans plus tard, l’abbé est mort depuis longtemps (22 janvier 2007), et on apprend que de son vivant il a désiré des femmes, et en a poursuivi d’autres de ses assiduités. Soudain, le ciel s’abat sur le malheureux, qui passe de saint à salaud, à violeur, à ennemi du genre humaine.
Cela suit la pente logique de la destruction de l’Église et de ses valeurs, qu’elles soient spirituelles ou matérielles, on l’a vu avec l’offensive antichrétienne dans les médias depuis 1968, jusqu’à l’incendie criminel de Notre-Dame en 2019, sans oublier les procès pour agressions sexuelles qui n’auraient eu lieu que dans l’Église, pas ailleurs... Le tout servant à assécher financièrement cette institution et à récupérer son immense patrimoine, notamment dans les grandes villes. On vous fait pas un dessin.
Justement, parlons argent : la fondation Abbé-Pierre, c’est 47 millions de budget par an (dont 97 % de dons), 150 permanents, 200 bénévoles, autant dire un fromage. Ce fromage, entre autres [1], a été géré par Martin Hirsch, qui a ensuite pris du galon dans la hiérarchie de la Santé. Ce grand humaniste avait notamment proposé la fin de la gratuité des soins pour les non-vaccinés.
Le même Martin, pendant son règne (qui s’est arrêté à la mort de l’abbé), n’a rien dit des dérapages de l’abbé. La Croix diffuse en juillet 2024 une tribune de l’ancien directeur général d’Emmaüs France sous Chirac-Sarkozy (de 2002 à 2007) :
Après les accusations de violences sexuelles contre l’abbé Pierre, Martin Hirsch, président d’Emmaüs dans les années 2000, raconte comment sa figure et son héritage faisaient déjà l’objet d’âpres discussions en interne. Il rappelle que, dès 1957, ses proches avaient envoyé le prêtre dans une clinique à cause de son comportement avec les femmes.
Conclusion de Martin, avec une perfidie consommée, au journal pseudo catho :
Le plus choquant, c’est que l’abbé Pierre avait comme mot d’ordre « servir premier les plus souffrants », et l’on s’aperçoit aujourd’hui qu’il a créé de la souffrance, parmi des personnes qui ne pouvaient pas se défendre. L’un des principaux enseignements qu’il faut tirer de cette révélation, c’est que la défense des plus vulnérables ne peut se faire dans une zone de non-droit.
Conséquence de ces révélations tardives, la fondation Abbé-Pierre veut changer de nom. On proposerait bien fondation Martin-Hirsch, mais pas sûr que les Français donneraient autant, surtout après les prises de position de l’ex-directeur de l’AP-HP, depuis passé dans le privé chez Galileo, une multinationale de l’enseignement privé, c’est-à-dire le gros business. Il y aurait un problème moral, voyez-vous.
L’abbé, c’était une figure publique, un saint moderne, avec des pulsions privées. Chez d’autres, la pulsion est de diriger, de faire du biz, ou de punir les non-vaccinés, des choses comme ça. Chacun la sienne, n’est-ce pas ?
On écoute le communiqué de la fondation qui a décidé de changer de nom, c’est-à-dire de se suicider :
« C’est une décision très difficile mais nécessaire, à l’égard des personnes victimes, car les faits sont graves et obligent la fondation, à l’égard de ses équipes salariées et bénévoles, qui agissent au quotidien pour lutter contre la précarité, à l’égard des personnes précaires qu’elle accompagne pour une vie digne. Et bien évidemment, à l’égard du combat qui est le sien »
Le 6 novembre 2024, la fondation ABP (on va l’appeler comme ça en attendant) lance sa nouvelle campagne contre le mal-logement.
Franchement, même si la fondation n’est pas rebaptisée de son nom, ce serait bien que Martin reprenne les commandes d’Emmaüs, et fasse des rondes de nuit pour aider les SDF, les mal-logés, les migrants plus ou moins mineurs, qui vont tous souffrir du froid, même en période de réchauffement.
Justement, après avoir un peu oublié les oubliés de la société, Martin s’est occupé du climat et des jeunes qui souffrent d’éco-anxiété à cause du réchauffement, cette maladie qu’on attrape dans les médias mainstream. Il défend son roman devant un coreligionnaire réchauffiste.
Heureusement, personne ne lui demande de comptes sur la fondation et ses secrets ! On est bien sur le service public audiovisuel. La boucle est bouclée.