Depuis que Le Canard agonise, souffrant d’avoir été trop longtemps enchaîné au pouvoir profond – une erreur fondamentale après l’explosion de l’info horizontale sur le Net –, Mediapart a pris le relais. Le boulot des 72 journalistes (sur 131 salariés) puritains de ce pure player très systémo-compatible est double : dénoncer les personnalités de droite, et bien sûr d’extrême droite, a fortiori si ces hommes n’obéissent pas au règlement de MeToo.
Les flics du bisou, après avoir jeté leur dévolu sur un réalisateur (Christophe Ruggia) accusé d’attouchements sur une actrice de seconde zone, un youtubeur (Léo Grasset) qui transforme ses millions de vues en dizaines de vulves, et un ogre gaulois dévoreur d’actrices (Gérard Depardieu), s’attaquent aujourd’hui à Philippe Garrel, de la dynastie du même nom, un des piliers de la Familia Grande du cinéma. Son crime ?
Avoir tenté d’embrasser quatre de ses actrices. On ne rit pas, dans la salle, merci.
Jeanne* a tourné avec Philippe Garrel pour un petit rôle en 2017, alors qu’elle avait 27 ans et lui 69, soit 42 ans de plus qu’elle. L’année suivante, il la rappelle : il veut la rencontrer, il écrit un nouveau scénario, raconte la jeune femme. Sa mère s’en souvient encore : « Elle était trop contente, elle se disait qu’elle allait peut-être décrocher un rôle. »
Mais, d’après le récit de Jeanne, lorsqu’elle le retrouve ce jour-là pour un rendez-vous dans Paris, l’ambivalence s’installe très vite. Le réalisateur lui aurait dit qu’il avait réservé une chambre d’hôtel. Elle croit à une blague, puis explique qu’il y a « erreur sur la personne », qu’elle veut « bien discuter boulot mais que c’est tout ».
Son visage « à un centimètre » de sa bouche
Ils s’assoient finalement à la terrasse d’un café. Le réalisateur lui aurait alors caressé les cuisses. « J’enlève sa main. Et lui dis : “Ça suffit en fait !” Il me répond : “J’essaie.” » Jeanne veut s’en aller. D’après son récit, il insiste pour la raccompagner. Dans le métro, assis à côté d’elle, il aurait essayé de l’embrasser, plaçant son visage « à un centimètre » de sa bouche. Elle lui aurait alors « hurlé » de « sortir » du métro.
Jeanne est « tombée de haut » : « Ce n’est pas tous les jours qu’un réal t’appelle, j’arrivais avec toute ma passion à ce rendez-vous. Puis je me suis dit : “Je ne suis qu’un tas de viande.” J’en ai chialé quelque temps », explique-t-elle, ne pouvant réprimer ses larmes. (Mediapart)
- La photo choisie par Mediapart ne rappelle-t-elle pas les caricatures des années 30 ?
On a repris ces 4 paragraphes pour montrer l’importance du crime. Quand l’homme est maladroit, il est soit timide, soit insistant. Dans les deux cas, il court à la cata. Les femmes ne pardonnent ni aux timides ni aux lourdingues. Au fait, qui est Philippe Garrel, selon la question F&D rituelle ?
Wikipédia nous répond :
Philippe Garrel est le fils de l’acteur Maurice Garrel et frère du producteur Thierry Garrel. Il est le père des acteurs Louis Garrel et Esther Garrel qu’il a eus avec la comédienne Brigitte Sy. Il a partagé pendant dix ans la vie de la chanteuse Nico puis pendant vingt ans celle de la réalisatrice Caroline Deruas avec qui il a eu une fille, Lena Garrel, actrice. Il a mis en scène, au cinéma, ses amis et plusieurs membres de sa famille.
Tout est dit, c’est le meilleur exemple, avec la saga Gainsbourg-Birkin-Doillon-Varda-Demy, de la grande famille du cinéma. Bref, toute la dynastie Garrel tourne ensemble, et ça fait bide sur bide, tout ça financé par le CNC, ce père-la-censure. Maurice, le grand-père, avait du talent ; le petit-fils, lui, est le chouchou des médias culturels. On ne sait pas trop pourquoi, mais tout le monde l’adore. Au festival du film de Jérusalem, interrogé par Times of Israel, qui lui a demandé s’il avait subi des pressions de BDS pour ne pas venir, il s’emporte :
Je n’ai jamais entendu parler de cette organisation. Pas d’inquiétude sur ça ! On entend de temps en temps des gens dire qu’il ne faut pas aller en Israël et qu’il faut boycotter Israël mais c’est d’une absurdité tellement totale ! (...)
Mais le boycott est quelque chose d’idiot, de vraiment bête. Le pays n’est pas un groupe unique. Il y a plein de sensibilités différentes, c’est une démocratie. (...)
Je trouve le boycott absurde. Si vous boycottez, vous installez une situation qui radicalise encore plus tout le monde. Ce n’est pas la bonne chose à faire.
Voilà pour la famille Garrel. Mediapart, qui aime dénoncer, un peu comme les collabos en 42, s’en prend cette fois au JDD de Lejeune, qui a osé embaucher trois ex-journalistes de RT France. On ne voit pas trop où est le problème, mais pour Mediapart, on n’a visiblement pas le droit de faire ça.
La dénonciation commence par une intro qui claque : la nouvelle direction du canard du dimanche est pro-russe. C’est surtout la tribune d’Arno Klarsfeld qui a sidéré Suc & Turchi, les deux juges auteurs de l’article accusateur :
Et surtout, la tribune de l’avocat Arno Klarsfeld, publiée sur le site internet du journal le 18 août, est un plaidoyer pour une « solution raisonnable » face à un « retour de la barbarie » dans lequel agresseur et agressé sont renvoyés dos-à-dos. Cette solution raisonnable envisagée par Klarsfeld passerait par « des concessions territoriales », comprendre la cession définitive du Donbass et de la Crimée à la Russie. « Mais cela ne vaut-il pas mieux que cet horrible conflit qui risque de nous entraîner tous dans une guerre généralisée ? », argumente-t-il.
L’avocat concède que Poutine est « un autocrate », avant de préciser : « Mais il n’est pas Hitler. » Et puis son tort serait de vouloir que « la Russie demeure une grande puissance ». « Cela ne justifie pas que les États-Unis et l’Europe entrent en guerre. » Enfin, Arno Klarsfeld conclut cet étrange plaidoyer pour la paix en rappelant que « des nationalistes ukrainiens, au cours de la Seconde Guerre mondiale, ont collaboré avec les nazis »…
Cela confirme les pires craintes de Suc & Turchi : Geoffroy Lejeune travaille pour Poutine ! La preuve, il pense que ce sont les Américains qui ont déclenché cette guerre :
Le virage prorusse du JDD ces dernières semaines se traduit aussi par l’arrivée de trois journalistes de RT France (ex-Russia Today).
Mais ça, c’est juste l’apéro. Le plat de résistance, c’est l’embauche des trois anciens de RT, « chaîne financée par Moscou », rappelle Mediapart. C’est curieux, ils n’ont jamais dit journal financé par le pouvoir profond pour Le Monde, qui touche à la fois de larges subventions d’État et des millions de Bill Gates. Quant à France Télévisions, c’est tout simplement une chaîne financée par l’État français (macronien), et ça se voit.
Premier à devoir se justifier devant les juges Suc & Turchi : Régis Le Sommier, pourtant grand spécialiste du conflit.
Trois de ses journalistes ont rebondi au JDD. Le plus connu est Régis Le Sommier, qui, après 27 ans à Paris Match, est devenu en 2021 grand reporter chez RT France, avant de lancer, en novembre 2022, le média en ligne prorusse Omerta.
Le pire est à venir : Régis se définit comme patriote. C’est Mediapart qui écrit cette horreur, pas nous :
Invité régulier des chaînes bolloréennes CNews et Europe 1, auteur d’un livre publié par une filiale d’Editis, propriété du milliardaire, et se définissant lui-même comme « patriote », Régis le Sommier a logiquement atterri au JDD. En novembre, Geoffroy Lejeune était d’ailleurs à la soirée de lancement de son média Omerta.
Mediapart, comme tous les médias de gauche, ne supporte pas qu’une partie de la presse et de la télé, suivant en cela le basculement de l’opinion, passe à droite. Normalement, tout le monde devrait penser à gauche, merde, quand même ! Les deux autres accusés sont des accusées : Mélanie Lepoutre et Stéphanie de Muru, mais leur dossier criminel semble moins chargé que celui de Régis.
- La photo du garçonnet
L’article des juges Suc & Turchi se fonde sur une étude unique, celle de Maxime Audinet, un obscur « chercheur à l’Institut de recherche stratégique à l’École militaire », qui a fait une thèse en 2020 pour démontrer que RT était un média d’influence au service de l’État russe. Punaise, une thèse entière pour dire ce que tout le monde sait. On attend maintenant la thèse de Maxime sur les médias français au service de l’UE et des USA... Là, ça risque d’être la bousculade.
L’interview du garçonnet
Au secours, rendez-nous Lucien Cerise !