Submergée par les migrants, la Suède a perdu son enthousiasme pour l’UE, l’Union européenne. Un sondage le montre : en cas de Brexit, ses habitants choisiraient le « Suexit ». Amenant de proche en proche la fin de l’UE. Le mondialisme a trouvé un plan B : une nouvelle zone de libre échange planétaire.
L’UE survivra-t-elle au Brexit ? C’est la question que se posent très sérieusement les commentateurs britanniques, en particulier l’éditorialiste influent du Spectator, Fraser Nelson. Les derniers sondages les y poussent. A l’automne 2015, selon un sondage d’Eurostat portant sur la moitié des 28 États membres de l’UE, cinq d’entre eux considéraient leur qualité de membre comme une mauvaise chose et neuf une bonne. Parmi les plus satisfaits le groupe Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Irlande, et parmi les moins le groupe Tchéquie, Autriche, Italie, Grèce. Au milieu, l’Angleterre (49 % de satisfaits) et la France (53 %). Aujourd’hui, l’indice de satisfaction des Suédois est passé de 59 % à 39 %, selon une mesure de l’institut TNS Sifo.
La Suède refuse les migrants, les partisans du Brexit aussi
La raison de ce désenchantement est connue de tous : le pays, bon élève d’Angela Merkel, est submergé de migrants. En proportion de sa population, elle en a accueilli plus que l’Allemagne ou l’Autriche, et son ministre de l’intérieur, soutenu par toute la classe politique, a planifié sur plusieurs années des retours massifs par charters. Le nombre de graves incidents provoqués par des « réfugiés », l’assassinat sauvage par une bande d’entre eux d’une jeune bénévole, Alexandra Mezher, a révulsé la Suède. L’UE est devenue synonyme d’invasion, d’islamisme, de risque terroriste. Le mondialisme, qui a parfaitement mesuré cette grogne représentative du malaise européen, change son fusil d’épaule et organise un plan B au cas où son usine à gaz bruxelloise éclaterait.
Ses dirigeants les plus subtils ont rejoint le camp du Brexit en tablant que, selon la théorie des dominos, le départ du Royaume Uni entraînera celui d’autres pays nordiques, la Suède en premier. D’où l’importance des derniers sondages dans ce pays et l’argumentation de Fraser Nilson, qu’il faut examiner avec soin.
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La fin de l’UE sera l’occasion d’un plan B pour le mondialisme
Nilson y voit une occasion « fascinante » et un nouvel argument pour les partisans du Brexit. « Loin d’être isolationnistes, nous serons les pionniers d’une nouvelle alliance ouverte au mondialisme de pays qui n’en peuvent plus d’avoir à discriminer les biens, services et personnes qui ne sont pas Européens ». Ainsi le Brexit placera « la Grande Bretagne en tête d’un nouvel internationalisme ». Extraordinaire aveu, et contradiction extraordinaire. Le mondialisme a son plan B, qui ressemble trait pour trait à l’intention de Winston Churchill en 1951 : puisque l’UE ne marche pas, que les Européens n’en veulent pas, on en revient à une association plus lâche de libre échange qui s’intègrera dans l’ensemble des traités transatlantiques ou transpacifiques, satisfera le commerce international de la même façon et véhiculera aussi l’humanisme anglo-saxon.
Avec ou sans UE, le mondialisme se moque des peuples
Voilà pour l’aveu. La contradiction, elle, est si criante qu’elle en devient indécente. Ce qui est reproché à l’UE, ce n’est pas d’être l’antichambre du mondialisme, c’est d’être trop européenne, et de défendre encore trop, si peu que ce soit, les Européens. Le cri de la Suède, comme celui de tous les pays d’Europe, est : assez d’immigration, rétablissez les frontières. Et la conclusion du Spectator tend au contraire à créer une alliance des pays ouverts au mondialisme pour mettre fin à la discrimination contre les Non-Européens. On croit rêver. On ne rêve pas. Quand le mondialisme ne peut plus nier les faits, il inverse les interprétations, et il se sert du sursaut des peuples pour faire avancer son projet jusqu’à la fin. Il y a toujours un nouveau plan B. C’est vrai aujourd’hui du Brexit et de la Suède, c’est vrai avec ou sans l’UE, ce sera vrai pour la France demain.