L’humoriste controversé Dieudonné comparaît à nouveau mercredi à Paris en correctionnelle pour « provocation à la haine raciale » et « injure raciale » pour des passages de son avant-dernier spectacle La Bête immonde.
Le parquet de Paris l’avait cité à comparaître au terme d’une enquête préliminaire lancée après un signalement du préfet de police de Paris à l’été 2014. Un nouveau signalement avait été fait le 20 février 2015 après une autre représentation.
Dans ce spectacle, Dieudonné, fers aux pieds, déguisé en détenu de Guantanamo, avait discouru sur le rôle qu’il attribue aux juifs dans la traite des noirs et ironisé sur le génocide commis par les nazis.
Cinq passages sont poursuivis, quatre au titre de la provocation à la haine raciale et un pour injure raciale. Parmi eux, figurent une réplique où il explique que « le commerce des esclaves » était « une spécialité juive au départ » et une autre où il ironise sur l’image « du juif éternelle victime en pyjama à qui on a chouré un Picasso ».
« Les propos visés dans la procédure ne sont pas les plus graves ni les plus drôles qu’il a tenus dans ce spectacle. Ils s’inscrivent dans la mécanique habituelle de ses sketchs », a justifié auprès de l’AFP Me Sanjay Mirabeau, avocat de Dieudonné. Selon lui, son client devrait « pouvoir bénéficier de l’immunité que la loi accorde aux humoristes en vertu de la liberté d’expression ».
Programmé dans un premier temps dans son théâtre de la Main d’Or à Paris, son one-man-show était ensuite parti en tournée. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’était alors dit « inquiet » et « choqué » qu’une vingtaine de salles, dont des Zénith, offrent une nouvelle « tribune de la honte » pour « déverser, sur un public instrumentalisé, sa haine des juifs et de ceux qui osent le critiquer ».
Lors de cette tournée, une représentation sera annulée à Avignon, où la location du parc des expositions avait été résiliée par l’exploitant pour « opacité ». Mais pas à Cournon (au Zénith d’Auvergne) où le Conseil d’État était revenu sur l’interdiction du maire PS pour propos « antisémites » en constatant l’absence de trouble à l’ordre public suscité par « le contenu » du spectacle.
Le précédent spectacle de Dieudonné, Le Mur, avait lui été interdit début 2014 pour ses sorties antisémites, le Conseil d’État ayant cette fois confirmé plusieurs arrêtés pris en région pour interdire des représentations.
Manuel Valls, ministre de l’Intérieur à l’époque, était alors monté en première ligne en diffusant une circulaire demandant aux préfets d’interdire le spectacle.
Le polémiste l’avait cependant repris sous un autre nom, Asu Zoa, en l’expurgeant des attaques les plus frontales contre les juifs.
Fin septembre, la justice a ordonné l’expulsion de Dieudonné du théâtre de la Main d’Or demandée par les propriétaires de cette salle où il se produit depuis 15 ans. Il ne sera pas toutefois chassé immédiatement des lieux, la justice n’ayant pas demandé que la sentence soit exécutée sur le champ.
Le polémiste mène parallèlement une bataille judiciaire contre le propriétaire d’une autre salle à Saint-Denis, près de Paris, dont il a été expulsé alors qu’il souhaitait en faire son nouveau point de chute.
Dieudonné M’bala M’bala a été condamné à plus de 60.000 euros d’amendes pour des propos antisémites dans une série d’affaires différentes. Il a aussi été mis en cause pour organisation frauduleuse d’insolvabilité, abus de biens sociaux et blanchiment.