Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

La célèbre cuisinière Maïté est morte, l’anguille enfin vengée

Marie-Thérèse Ordonez, née Badet le 2 juin 1938 à Rion-des-Landes et décédée le 21 décembre 2024 à l’âge de 86 ans, restera l’une des figures aussi marquantes que fantasques de la cuisine française à la télévision. Un concentré de France qui s’éteint.

 

Fille de résiniers, cette Landaise a débuté sa carrière professionnelle loin des fourneaux, comme annonceuse à la SNCF. Pendant vingt-deux ans, elle parcourt les voies ferrées des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, alertant les ouvriers de l’arrivée des trains à l’aide de sa trompette !

C’est en 1983 que sa vie prend un tournant inattendu. Alors qu’elle cuisine bénévolement pour l’équipe de rugby locale, elle est repérée par le réalisateur Patrice Bellot lors d’un reportage. Cette rencontre fortuite la propulse à la télévision, où elle devient co-animatrice de La Cuisine des mousquetaires aux côtés de Micheline Banzet-Lawton.

De 1983 à 1997, elle marque les esprits des téléspectateurs par son franc-parler, son accent chantant du Sud-Ouest et ses recettes généreuses. Plusieurs séquences deviennent cultes, notamment celle où elle assomme une anguille récalcitrante à coups de pilon, ou encore sa dégustation d’ortolan qui fait sensation.

Pour notre part, contrairement à Adolf Hitler, nous ne sommes pas végétariens, mais nous sommes tout de même un peu moins brutaux avec les animaux. O tempora, o mores !

D’un point de vue gastronomique, Maïté ce n’est ni de la grande cuisine ni du geste sûr ou encore de la technique culinaire maîtrisée. Ici c’est plutôt de la cuisine gourmande de grand-mère, ce qui donne parfois de bons résultats – et surtout d’éternels souvenirs d’enfance.

 

 

Son succès l’amène à ouvrir son premier restaurant en 1988 à Rion-des-Landes, suivi d’un second établissement baptisé Chez Maïté. Elle publie également plusieurs livres de cuisine et anime une nouvelle émission, À table, de 1997 à 1999.

Sa notoriété dépasse le cadre culinaire : elle apparaît dans des publicités, des téléfilms, et inspire même une marionnette, Mamikette, dans l’émission jeunesse Les Minikeums.

Sur le plan personnel, Maïté épouse Pierrot en 1958, avec qui elle aura un fils unique, Serge. Sa vie sera marquée par deux drames successifs : la perte de son fils en 2013 des suites d’un cancer, puis celle de son mari en 2020.

Après ces épreuves, elle se consacre à ses deux petites-filles, Perrine et Camille. Cette dernière, marchant dans les pas de sa grand-mère, participera même à l’émission Objectif Top Chef en 2018.

Dans ses dernières années, atteinte d’une maladie neurodégénérative, elle s’était retirée dans une maison de retraite de son village natal de Rion-des-Landes, où elle s’est éteinte dans la nuit du 20 au 21 décembre 2024.

Maïté laisse le souvenir d’une femme authentique qui a su populariser la cuisine du terroir avec générosité et naturel, incarnant pendant plus de trente ans l’art de vivre gascon à la télévision française. Et des souvenirs cocasses pour les plus de 35 ans qui nous lisent.

 

Alimentation, plaisir et santé