Le gendarme financier luxembourgeois a annoncé jeudi avoir frappé au portefeuille d’une des plus emblématiques banques privées de la place. La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) a infligé une amende record (voir par ailleurs) à la filiale luxembourgeoise du groupe Edmond de Rothschild. Edmond de Rothschild (Europe), c’est son intitulé officiel, doit payer 8.985.000 euros pour avoir manqué à ses obligations en matière de lutte contre le blanchiment et contre le financement du terrorisme.
Les communiqués diffusés jeudi par les établissements concernés ne mentionnent pas le scandale 1MDB, du nom du fonds souverain malaisien, qui avait fait sortir la banque privée de la discrétion dans laquelle elle se complaisait. On retrouve cependant trace de l’affaire dans son rapport annuel publié en juin. « Au cours de l’exercice 2016, le nom d’Edmond de Rothschild (Europe) a été cité en relation avec une possible fraude au sein du fonds 1MDB », est-il noté dans la documentation officielle où les « autres charges d’exploitation » liées au « litige » s’avèrent extrêmement élevées. 21,177 millions d’euros en 2016 contre 10,639 millions en 2015.
En avril de l’année dernière, le grand public découvrait la banque luxembourgeoise dans le cadre d’une enquête menée par les journalistes français de Cash Investigation. Son ancien directeur général, Marc Ambroisien, était ciblé par les journalistes pour avoir prétendument sciemment accueilli de l’argent à l’origine douteuse, supposément détourné du fonds 1MDB.
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Rencontré par le « Luxemburger Wort » en septembre dernier, l’ancien directeur de la banque avait refusé d’endosser seul la responsabilité. Pour le banquier thionvillois, la banque avait failli à détecter l’illégalité soupçonnée des fonds lors des nombreux contrôles consécutifs à la mise en relation avec « KAQ » opérée en 2010. Or les prestigieux clients, désignés par l’acronyme « PEP » (pour politically exposed persons) bénéficient normalement d’un « marquage au corps » dans les différents comités spécialisés des banques. Une absence que la CSSF reproche aujourd’hui à la banque.
Clémence contre bonne volonté
Celle-ci dit avoir pris le taureau par les cornes et fait table rase de ses anciennes pratiques. Le régulateur en prend acte.