Les grandes banques françaises et leurs lobbys sont vent debout contre les projets du Comité de Bâle de renforcer les exigences de solvabilité des banques internationales. De nouvelles règles pourraient les obliger à augmenter considérablement leurs fonds propres, alors qu’elles avaient jusqu’ici réussi à passer entre les mailles de la vague de régulation qui avait suivi la crise financière de 2008. Elles en appellent désormais à Emmanuel Macron, lequel avait repris leurs arguments durant la campagne électorale.
Le Comité de Bâle – instance réunissant les banques centrales et autorités financières d’une trentaine de pays – se réunit ces jours ci en Suède pour discuter d’une réforme de règles de solvabilité des banques – dites règles « Bâle 3 » – adoptées après la crise financière globale. Le Comité de Bâle propose en particulier d’appliquer à tous les établissements financiers la méthode dite « standard » de calcul de risques, alors que les banques françaises, notamment, avaient jusqu’ici d’utiliser leurs propres méthodes de calcul internes. Les règles américaines, mises en place par l’administration Obama, appliquent le même niveau de couverture par fonds propres quel que soit les placements financiers, tandis que les « méthodes internes », d’après leurs promoteurs, différencient entre les niveaux de risques des différents placements.
Apparemment technique, l’enjeu est de taille pour les grandes banques, qui pourraient se trouver obligées d’augmenter considérablement leurs fonds propres. Une étude évalue à 120 milliards les nouveaux besoins pour toute l’industrie bancaire européenne en cas de compromis autour d’un niveau de fonds propres à 75% de celui de la méthode standard (la proposition américaine).
Comme le souligne Christian Stiefmueller de l’ONG Finance Watch, interrogé par Bloomberg, la France possède « les banques les plus ’too big to fail’ d’Europe continentale » et celles-ci « retirent un avantage concurrentiel particulièrement important de l’utilisation de leur propres modèles internes de calcul de risque ». D’autres banques européennes, notamment celles des pays nordiques, tirent un avantage encore plus important de leurs méthodes internes de calcul, mais « si l’on regarde leur taille et leur influence politique, elles sont loin derrière les banques françaises ».