L’association d’aide au suicide Exit, en Suisse alémanique, a mis sur pied, samedi, un groupe de travail qui sera chargée d’évaluer la possibilité de proposer ses services aux personnes âgées en bonne santé mais qui sont fatiguées de vivre. La commission part avec un préjugé favorable, qui se traduit par le simple fait qu’elle ait été désignée par les délégués de l’association.
« Trop tôt », commente la présidente d’Exit, Saskia Frei, dans un entretien avec l’agence ats. Elle voit l’affaire comme une discussion entre « puristes de l’autodétermination » et ceux qui s’en tiennent à la « pratique quotidienne » de l’aide à mourir qui, aux termes du cahier des charges de l’association, doit être réservée à ceux qui souffrent d’une maladie en phase terminale, ou de plusieurs pathologies invalidantes, en tenant compte également de « facteurs psycho-sociaux » qui pèsent sur la « qualité de vie ».
Selon Mme Frei, il faudrait à la fois l’accord d’une majorité parlementaire mais également d’une majorité de l’opinion pour opérer le virage vers un accès sans conditions au suicide assisté pour les personnes ayant atteint un certain âge. Trop choquante, sans doute, la revendication n’en fera pas moins l’objet d’une étude par des experts désignés sur l’instigation d’un comité de membres d’Exit âgés de plus de 70 ans.
Élargir le suicide assisté aux personnes âgées en bonne santé
Le simple fait d’ouvrir le débat est déjà une manière de le faire avancer. Pour faire court, on va vers une logique qui est déjà celle installée autour de l’avortement en France : d’abord soumis à des conditions multiples, puis libéralisé de plus en plus et enfin transformé en « droit fondamental » à peu près en même temps qu’on éliminait la condition de « détresse » de la femme.
En éliminant celle de maladie, de souffrances physiques ou psychologiques graves, c’est un peu la même chose qui se dessine en Suisse, même si les responsables d’Exit semblent vouloir freiner pour l’instant.
Comme aux Pays-Bas, où le débat est de plus en plus présent, certains cherchent donc à faire admettre au suicide les personnes « fatiguées de vivre », quitte à imposer une petite limite d’âge. La presse helvétique souligne :
« Exit Suisse alémanique s’est déjà engagé depuis plusieurs années pour faciliter l’accès au suicide assisté pour le troisième âge. Il s’agit désormais de détabouiser cette pratique. Aujourd’hui, un quart des accompagnements concerne des patients de plus de 75 ans ».
En donnant une plus grande visibilité à ce qui semble être une pratique qui s’installe déjà, avec une commission officiellement chargée d’y réfléchir – bénévolement mais avec un pécule de 50 000 francs suisses pour faciliter le travail – Exit soutient de fait le point de vue. Les résultats des travaux qui porteront sur la facilitation de l’accès au natrium-pentobarbital, le « médicament » de la mort, et ils seront présentés à la prochaine assemblée générale des membres d’Exit à Zurich l’an prochain. Seront abordés les aspects juridiques, éthiques et politiques de la mise à disposition de la drogue sur simple demande, sans diagnostic ni ordonnance. Le suicide pour tous !