Que de coïncidences en ce mois d’octobre 2017 ! Que d’événements importants aux interférences étonnantes, aux intérêts croisés et décroisés...
Reprenons depuis le début : le 2 octobre au soir, Stephen Paddock, un joueur invétéré, utilise un véritable arsenal de guerre (8 armes et des milliers de cartouches) pour abattre, du 32e étage de son hôtel de Las Vegas, 58 personnes en contrebas qui assistent à un concert de musique country. Il en blesse 500 autres pendant les 10 minutes de la fusillade. Ses motivations ne sont pas claires, il n’y en a d’ailleurs pas. Mais il a laissé dans sa chambre d’hôtel une note expliquant comment tuer le plus efficacement possible le plus de gens possible. La lettre d’un calculateur froid, mais toujours sans revendication (vengeance personnelle) ni mobile, ni coup de folie.
Pendant ce temps, le président Donald Trump, pris entre deux feux, celui du peuple américain qui a voté pour lui – pour un désengagement des coûteuses guerres américaines à l’extérieur, et un engagement pour l’emploi à l’intérieur – et celui du pouvoir profond qui pousse à la guerre, à encore plus de guerre, la guerre permanente que les USA mènent contre le reste du monde depuis 70 ans, le président Trump, donc, renégocie l’accord sur le nucléaire civil avec l’Iran. Cela figurait dans son programme mais Trump a décidé de refaire de l’Iran le grand Satan de la région (Proche-Orient), et de rajouter ce pays à l’axe du Mal défini par Bush Jr en 2002. On notera en passant que l’augmentation de la puissance régionale de l’Iran est en grande partie due à la destruction de l’Irak décidée par les Américains en 2003...
Au même moment, 58 pays de l’UNESCO votent pour un nouveau directeur général. Se sentant en permanence accusés par le reste des pays membres, les États-Unis et Israël décident de se retirer de l’Organisation et ce, en plein vote. Ils avaient déjà renoncé en 2011 à donner leur contribution (financière) destinée à financer des programmes culturels et éducatifs dans le monde entier. Le candidat qatari, au grand dam de la délégation française menée par Audrey Azoulay, ex-ministre de la Culture de François Hollande et go-between entre le Maroc et la France (et peut-être un peu Israël aussi), arrive en tête des premiers tours de scrutin. Aussitôt, la presse internationale intervient pour « prévenir » les votants : al-Karawi est un dangereux Qatari, les Qataris sont antisémites, ils sont proches de l’Iran, ils ont des intérêts communs... On résume, n’est-ce pas.
Puis, toujours dans la fumée de ces événements, le président du PSG et du groupe média BeIN Sports se retrouve sur la sellette dans une enquête pénale visant l’attribution des droits télé pour les Coupes du Monde 2018, 2022, 2026 et 2030, celle de 2022 devant avoir lieu, théoriquement, au Qatar. Mais rien n’est moins sûr, vu comme les choses sont parties. Ajoutons que Nasser al-Khelaïfi est lui-même qatari, et que la procédure le visant tombe au moment même de l’information sortie des urnes de l’UNESCO.
Il n’y a évidemment aucun rapport entre ces 4 événements, à part des coïncidences chronologiques. Voici ce qu’écrit Le Parisien ce vendredi 13 octobre 2017 au matin :
Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, était à Doha (Qatar) jeudi matin quand les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) et les deux magistrats du PNF (Parquet national financier), assistés d’un représentant suisse, ont sonné à la porte de BeIN Sports, la chaîne de télévision à Boulogne-Billancourt. Le dirigeant qatarien de 43 ans, également directeur de BeIN Media Group dont fait partie la chaîne, s’est donc tenu au courant des investigations des policiers par téléphone.
Heureusement, il s’agit de la justice suisse, et non de la justice française (même si les bureaux parisiens de BeIN ont été perquisitionnés jeudi par le Parquet national financier français), donc l’honneur de la candidature française à l’UNESCO est sauf ! Il n’y a ni collusion ni délit d’initiés ni rien. Sauf que, sauf qu’un Français est accusé dans l’affaire (il est bien sûr toujours présumé innocent), il s’agit de Jérôme Valcke, ex-homme fort de la FIFA, dégagé par Blatter qui a aussi eu la peau de Platini à l’UEFA. Et Valcke est en contact avec un « homme d’affaires grec qui, selon nos informations, se nomme Konstantinos Nteris, ancien dirigeant de Doms Holding, une société de paris », toujours selon Le Parisien. Ah, là on touche à la nébuleuse Zahavi, qui règne sur les grands transferts du foot, la cote des joueurs avec des ramifications jusque dans le système des paris sportifs.
« BeIN Media Group réfute toutes les accusations portées par le MPC (ministère public de la Confédération). Le groupe collaborera pleinement avec les autorités et attend sereinement les suites de l’enquête. »
Soyons francs : personne n’ignore la « diplomatie du portefeuille » de la pétromonarchie de l’émir al-Thani, mais elle en vaut une autre, comme la diplomatie de la canonnière couplée à la pression médiatique utilisée par les États-Unis let Israël dans le monde entier.
- Al-Khelaïfi et Al-Thani
Malgré une possible congruence des événements, il ressort de cet ensemble de coïncidences qui mènent à des intérêts bien compris un étrange fumet d’ingénierie sociale. Les pays alignés sur les intérêts anglo-américains tentent actuellement de mettre le Qatar à l’index et tout semble bon pour y arriver. Avec, en arrière-plan, la domination du Proche-Orient et la route des gazoducs...
Mais alors, quels sont ces « intérêts » qui auraient le pouvoir de déclencher une campagne de presse de ce calibre et une enquête de ce calibre, contre une personnalité de ce calibre, au moment opportun, celui où le Qatar est en passe de réussir un très gros coup international avec l’UNESCO ?
Et encore, on ne parle que de foot. Le président américain, élu par son peuple le 8 novembre dernier, serait-il capable de résister à un chantage à la tuerie de masse sur son propre peuple, tuerie qui serait exécutée non par un prétendu « déséquilibré » mais par des professionnels et commanditée par des intérêts étrangers, ou supérieurs, ou contraires à sa politique, et particulièrement sa politique extérieure ?
Le temps décantera tout ces événements, une fois la poussière retombée et la fumée dissipée. Mais les rapports de forces visibles et invisibles continueront à déterminer la vie des nations et leurs relations. Et là, tous les coups sont permis.
Dernière minute
Fifa : une villa mise à disposition par Al-Khelaïfi comme "moyen de corruption" envers Valcke (police italienne) https://t.co/MnZoUXI8xN pic.twitter.com/mfE417U3uv
— franceinfo (@franceinfo) 13 octobre 2017