Philippe Prévost, historien, essayiste, docteur es lettres et licencié en droit, est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Autopsie d’une crise politico-religieuse : l’Église et le Ralliement.
Les éditions Kontre Kulture ont eu la bonne idée de rééditer son ouvrage La Condamnation de l’Action française. Il s’agit d’une édition complétée, tenant compte de nouveaux éléments, notamment des propos tenus quelques semaines avant sa mort par le Cardinal Andrieu qui joua un grand rôle dans cette affaire.
La condamnation de l’Action française apparaît dans l’histoire de l’Église comme quelque chose de singulier.
Voilà des adhérents d’un mouvement politique qui furent soudainement voués aux gémonies par le cardinal Andrieu, approuvé par le pape, traités comme des pécheurs publics, soumis aux peines canoniques les plus sévères, qualifiés par Pie XI lui-même dans une lettre au cardinal Dubois du 25 août 1929 d’hérétiques et réintroduits dans l’Église le 15 juillet 1939 sans abjuration de leurs « erreurs ».
Si la condamnation de l’Action française avait été un acte purement religieux, comment expliquer que de simples excuses pour des excès de plume aient suffi à réintroduire ces militants politiques dans le troupeau des fidèles ? Il y avait là quelque chose d’anormal qui montrait que derrière ces nobles proclamations se cachaient peut-être d’autres mobiles. Les archives du ministère des Affaires étrangères allaient dissiper la fable d’une condamnation purement spirituelle.
Ce livre examine toute cette affaire, née dans les années 1910 et qui s’est achevée le 15 juillet 1939, après avoir interpellé quatre papes. Or sur les quatre, les deux premiers, Saint Pie X et Benoît XV, ont refusé catégoriquement de condamner ce mouvement politique, tandis que le dernier, Pie XII, a levé sa condamnation, ce qui revient au même. Seul Pie XI a cru nécessaire de condamner sans nuance ce mouvement, ce qui montre une discontinuité que ce livre tente d’élucider sur base de nombreuses archives.
Un sujet plus actuel qu’il n’y paraît !