Dans sa munificente générosité, le ministère de la Propagande accorde à tous les Français méritants un euro de réduction sur la redevance télé 2020 qui, tenez-vous bien au bastingage du paquebot France Télévisions qui coule, passe de 139 à 138 euros ! Vous allez nous dire un euro c’est déjà ça, ça fait une baquette en plus par an, six Carambar ou un placement à 3 % qui vous fera gagner 3 centimes en 2021, moins les intérêts de la banque, car il faut bien que les banquiers vivent.
Le problème, ce n’est pas de payer 12 euros par mois pour un service public audiovisuel, c’est de financer des idiots, des menteurs et des cyniques. Des idiots menteurs cyniques, il y en a beaucoup à la télé, c’est même pour ça que l’oligarchie les embauche : moins on a de culture, moins on a de scrupules, plus on peut participer à l’opération de grande entube généralisée des Français. Mais il y a un hic : le développement de l’Internet et les informations échangées sous les radars, qui contredisent radicalement ce que les grands prêtres du 20 Heures et des émissions politiques nous assènent quotidiennement.
Dans le genre prêtresse dans les choux, il y a Âne-Élisabeth Lemoine et C à vous, quotidienne ignoble qu’on a tellement déboîtée qu’on va laisser Acrimed (Action critique média) faire le boulot de démolition :
« Le service public au service… des puissants. “C à vous” (France 5) en donne un nouvel exemple édifiant, en choisissant de recevoir en plateau, parmi les innombrables auteurs du moment, Cécilia Attias (ex-Sarkozy) et Louis Sarkozy pour papoter de leur livre épistolaire, dont on ne citera même pas le titre. Après une réception en grande pompe orchestrée par Léa Salamé le 24 octobre dans la matinale de France Inter, c’est au tour d’Anne-Élisabeth Lemoine d’ouvrir la boîte à cirage. Journalisme de cour, complaisance, connivence, petites phrases, dépolitisation, habitus mondains, tout y passe : rarement un plateau n’aura autant donné à voir l’entre-soi de journalistes occupés à faire exister publiquement des paroles qui n’intéressent, globalement, qu’eux-mêmes. Florilège en vidéo. »
D’accord sur toute la ligne les gars, à part le fait que vous ne franchissez pas la ligne rouge établie par le Système et incarnée par le commissaire politique Patrick Liste Noire Cohen (pas présent en plateau dans la séquence), ô combien nécessaire aux côtés de la pasionaria LGBT Lemoine, dont la maigrichonne culture politique promettait trop de dangereuses approximations.
Heureusement, une menace à la fois géante et mortelle plane sur cette télé de merde par nos soins financée : ce sont les plateformes américaines de streaming. On connaissait Netflix, qui totalise 158 millions d’abonnés dans le monde, puis le site de vidéos en ligne d’Amazon, voici que les multinationales du divertissement Disney, Apple et Warner se lancent dans la bataille. Pour l’instant, aux États-Unis, c’est la guerre des tarifs : arrivant tardivement sur le marché, estimé à un milliard de consommateurs en 2024, les nouveaux arrivants essayent de grappiller de la part de marché en cassant les prix. Ainsi Apple, qui a fermé récemment son site iTunes totalement dépassé dans une économie de l’échange, va proposer un droit d’entrée deux fois moins cher que Netflix. Le problème, c’est que les catalogues de films sont limités, et malgré la production américaine de télé-cinéma pléthorique, ça ne suffira pas à nourrir ces géants de l’entertainment avides de relancer leurs profits.
« Du côté des studios, la stratégie d’intégration verticale, de la production à la distribution des contenus, est en train de provoquer une sorte de Yalta sur les catalogues. Jusqu’ici, Netflix diffusait un grand nombre de films sous licence. Désormais, quand les contrats auront expiré, chacun conservera ses productions et les réservera à sa propre plate-forme de streaming. Selon le Wall Street Journal, près de 2 milliards de dollars ont déjà été dépensés dans ce “mercato des contenus”. » (Le Monde)
Conséquence, les majors du cinéma retirent leurs propres films à Netflix, qui fonce dans la production de séries ou de films à petits budgets et qui élargit le marché en proposant des fictions jamais vues auparavant par les publics occidentaux. On pense à cette série turque sur un groupe d’intervention policier, Börü, qui mêle des hommes et des femmes qui se sacrifient pour leur pays.
Les majors de la côte Ouest vont y laisser des plumes, à l’image des ennemis de l’antiterrorisme turc. Du côté de la France, ce sont les télés nationales qui vont perdre non pas des plumes, mais des pattes : Canal+, qui a déjà pris de plein fouet l’arrivée de Netflix et de BeIN Sports, puis de RMC Sport, va devoir encore serrer les fesses et la vis. La chaîne de Bolloré perd grosso modo 300 000 abonnés par an. Au milieu des nouveaux producteurs de contenus, Canal+ fait figure de dinosaure décalé qui fait payer monstrueusement cher un contenu misérable. La chaîne créée en 1984 compte sur les habitudes un peu plan-plan du public français qui préfère qu’on lui compose des offres toutes faites à travers des box : offre Sport, offre Famille, offre Cinéma... Mais tout ceci n’a pas sauvé la première financeuse du cinéma français, d’un cinéma français de plus en plus merdique d’ailleurs, d’une lente déchéance.
La tendance s’affirme : le public délaisse de plus en plus les chaînes bourrées de propagande informationnelle à la C à vous pour se diriger vers le divertissement pur, comptant sur l’Internet pour s’informer de manière moins insultante pour l’intelligence. Les chaînes construites sur la propagande vont disparaître, et soyons-en sûrs, cette dernière essayera de revenir parmi les produits des plateformes de streaming. Sera-t-elle moins efficace, vu que toute une génération a déjà appris à se méfier des propagandistes lourdingues de la télé ?
Il faudra désormais apprendre à se méfier de ceux qui se sont infiltrés sur l’Internet.