L’introduction de l’article du Parisien du 11 décembre 2017 donne le ton :
L’ex-journaliste historique de BFM TV a rejoint la nouvelle chaîne d’information russe, déjà très critiquée. Elle nous accorde sa première interview.
« Déjà très critiquée »... par Le Parisien, l’organe officiel du ministère de l’Intérieur qui perd chaque jour des lecteurs et pour qui l’arrivée de RT France constitue un nouveau coup de bambou. La prophétie autoréalisatrice va se vérifier tout le long de l’entretien de Stéphanie de Muru, qui a choisi de passer de BFM TV, la chaîne du gentil Israélien Drahi, à RT France, la chaîne du méchant Russe Poutine.
- Michaël est un vainqueur
Les questions de Michaël Zoltobroda sont d’une innocence à toute épreuve. Il fait le job, comme on dit :
« Redoutiez-vous les critiques suite à l’annonce de votre recrutement ? »
« Je m’y attendais un peu. Il y a des confrères qui n’ont pas été très cool, en m’attaquant sur la déontologie. Mais je n’ai de leçon d’intégrité à recevoir de personne. Je peux me regarder dans une glace. Ça fait quinze ans que je fais ce métier. Et je ne pense pas avoir été prise en flagrant délit de quoi que ce soit. J’ai mes opinions de citoyenne, mais je ne suis pas là pour les donner. »
Avant même son lancement, RT France souffre d’une mauvaise réputation. Certains parlent d’un organe de propagande de la Russie…
On ne va pas se voiler la face, comme tout le monde, j’ai lu des choses assez critiques sur RT. On aurait dit que le diable débarquait en France. J’avais beaucoup de scepticisme, moi aussi. Ma première réaction a été de me dire Attention, qu’est-ce que c’est que ça ? Mais il y a beaucoup de fantasmes. On a su me rassurer. Non, ce n’est pas une chaîne de propagande russe, mais une chaîne qui offre une alternative à ce qu’on voit en France. Ça correspond à une demande du public. Venant de BFM TV, je suis bien placée pour dire qu’il y a une méfiance des Français envers les grands médias. Certaines voix ne se sentent pas représentées, à nous de les faire entendre.
De quelles voix parlez-vous ?
- Stéphanie de Muru
On admire le sens de l’inquisition précoce du jeune Zoltobroda, lorsqu’il lance « de quelles voix parlez-vous ». Et quand Michaël cite Olivier Schrameck, le président du CSA, « qui a évoqué “un problème de confiance” », on sent qu’on tient là un futur grand propagandiste très au fait de la culture de réseau et adepte de la pression amicale sur les vrais professionnels du journalisme qui seraient tentés de ne pas obéir au catéchisme oligarchique...
Voici la réponse de Muru, acculée en défense lorsque Michaël évoque les « 14 sanctions en 4 ans » de RT en Angleterre :
« Oui, mais la BBC l’a aussi été. Idem pour Hanouna. J’ai l’impression qu’il y a comme une chasse aux sorcières. On le sait la Russie est très critiquée et RT doit être associée à ça. Mais moi, on m’a donné des gages d’indépendance. Personne ne va me dire ce que je dois dire. Et je ne vais pas orienter mes lancements. Il y aura des informations vérifiées et pas des “fake news”. Il n’y en a jamais eu, même sur le site de RT France. »
Et vlan, joli retour décroisé avec « Hanouna ». Quand on questionne entre les lignes, on s’expose à des réponses entre les lignes. Entre les lignes, c’était d’ailleurs le nom de l’émission du harceleur Haziza sur LCP, la chaîne publique qui a payé grassement un individu haineux qui se faisait passer pour « journaliste ». D’ailleurs, vous l’aurez sans doute remarqué, les mauvais journalistes ont souvent plus de haine que d’amour, plus de morgue que d’humour.
Conclusion : Le Parisien, inféodé jusqu’à l’os au réseau dont on peut lire la puissance entre les lignes des questions d’un tout petit journaliste qui harcèle sans aucune honte une professionnelle aguerrie, poursuit sa route entre des cimetières de lecteurs, lecteurs partis ailleurs.