C’est une mauvaise réflexion. Cette ordonnance, c’est simplement une initiative de François Ier pour assoir son pouvoir, et surtout faire démonstration de son autorité. Aucunement question d’unité française, au contraire on est encore dans les vieilles logiques féodales, mais où le roi cherche bien à rappeler à tout le monde qu’il est le mac, pour parler vulgairement. Un roi qui ne fait pas montre de son pouvoir, qui ne met pas de temps en temps un coup de pression, passe pour être un roi faible, et alors les ambitieux se réveillent.
Ça fait aussi partie de sa stratégie d’affaiblissement de l’autorité et du pouvoir de l’Église, car de fait c’est le latin qui est abandonné, est avec lui les nombreux clercs religieux et la langue traditionnelle de l’Église. Le Concordat qu’il fera signer au pape marque d’ailleurs un tournant dans la dégénérescence de l’ecclésia français, qui à partir de ce moment est nommé par le souverain, ce qui établissait une connivence de fait entre les dignitaires de l’Église de France et ceux du royaume, ce qui a toujours été un problème. Cette ordonnance de Villiers-Cotterêts est une démonstration pour François Ier de son pouvoir personnel et politique, la France n’était alors qu’un territoire à exploiter, protéger et étendre par intérêt personnel, beaucoup trop immense pour qu’il y ait un réel lien d’attachement charnel comme il pouvait y en avoir pour le petit seigneur de campagne.
Cette époque est, à mon sens, la moins intéressante du deuxième millénaire de notre histoire. Les rois n’ont plus l’esprit chevaleresque ou tête brûlée des anciens seigneurs, ils s’entourent de courtisans et aiment les intrigues, la guerre se fait par mercenaires interposés, qu’on retrouve à piller, violer et massacrer dans les campagnes quand la guerre cesse, on commence à sentir les prémices du protestantisme, et l’Église, maintenant principalement représenté par le clergé séculier, commence à prendre goût au luxe et adopte une mentalité élitiste (les universités sont des usines à théologiens vaniteux et verbeux, qui se mettent sur la gueule pour un rien). Le seul truc vraiment chouette, c’étaient les foutus costumes bariolés et bouffants des guerres d’Italie, c’était complètement ridicule, au point d’en devenir classe. La mode était motivé par la même mentalité de surenchère excentrique que pendant la période disco, mais avec des matériaux infiniment plus nobles, et un mépris aristocratique complètement déplacé qui était trop punk.