L’Irak, meurtri par trois ans de guerre contre le groupe État islamique (EI), cherche à récolter 88 milliards de dollars pour se reconstruire, un chantier titanesque entamé lundi avec l’ouverture d’une conférence internationale à Koweït.
Pendant trois jours, des centaines de responsables politiques, d’ONG et d’hommes d’affaires doivent participer à cette conférence. Bagdad mise notamment sur le secteur privé pour lever des fonds au plus vite, alors que des milliers d’habitations sont détruites et plus de 2,5 millions de personnes déplacées.
- Conférence internationale pour la reconstruction de l’Irak, ouverte le 12 février 2018 à Koweït
Ravagé depuis les années 1980 par les guerres à répétition et un long embargo, notamment après l’invasion du Koweït en 1990, l’Irak a annoncé il y a deux mois la « fin » d’une nouvelle guerre, cette fois contre les jihadistes de l’EI qui s’étaient emparés d’un tiers de son territoire à partir de 2014, menaçant son existence même. Mais la reconstruction du pays, deuxième producteur de pétrole de l’Opep, s’annonce longue et difficile.
« Nous estimons que les besoins totaux de reconstruction en Irak s’élèvent à 88,2 milliards de dollars (71,9 milliards d’euros) », a déclaré le ministre irakien de la Planification, Salmane al-Joumeili, à l’ouverture de la conférence. Ces fonds « serviront d’abord à réhabiliter les personnes déplacées et reconstruire les services publics », a-t-il ensuite précisé à l’AFP. Selon Qusai Abdelfattah, directeur général au sein du ministère de la Planification, 22 milliards de dollars de ces fonds sont nécessaires de façon urgente, et le reste à moyen terme.
« Nous avons lancé des programmes de reconstruction (...) mais ce que nous avons accompli est inférieur à 1% de ce dont l’Irak a besoin », s’est alarmé Mustafa al-Hiti, président du fonds de reconstruction pour les zones touchées par les combats contre l’EI. « Plus de 138.000 maisons sont endommagées, dont la moitié sont complètement détruites », a-t-il souligné.
Autre défi de taille, l’Irak devra parvenir à surmonter ses divisions intercommunautaires et la corruption endémique qui gangrène le pays, classé 166e sur 176 États dans ce domaine par Transparency International en 2017.
Retour des déplacés
Outre les destructions matérielles, l’Irak fait face à une grave crise humanitaire, avec 2,5 millions de déplacés. La conférence de Koweït doit ainsi permettre de financer leur retour « volontaire », estime le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR). « Si les combats à grande échelle sont terminés (...), les stigmates demeurent dans tout le pays : les villes ont été durement endommagées, les communautés ont été disséminées et une génération d’enfants risque d’être perdue », a rappelé Bruno Geddo, représentant de cette organisation en Irak.
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