Mardi 20 décembre 2022, le premier vol commercial de la fusée Véga-C, tiré depuis Kourou, en Guyane, s’est soldé par un échec : peu de temps après son décollage, la trajectoire du lanceur a dévié de celle programmée et les télémesures ont cessé d’arriver à la salle de contrôle du Centre spatial.
« La mission est perdue ». Revers pour l’Europe spatiale : mardi 20 décembre, le nouveau lanceur Vega-C, qui devait effectuer son premier vol commercial en transportant deux satellites d’Airbus, s’est perdu après avoir décollé de Kourou, en Guyane.
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???? L'Europe a subi la nuit dernière l'échec du premier vol commercial de la nouvelle fusée Vega-C au départ de Kourou, privant le continent à court terme de solution autonome pour lancer ses satellites #AFP pic.twitter.com/zPughOmgG2
— Agence France-Presse (@afpfr) December 21, 2022
Le lanceur Vega-C – pour « consolidation » – est une évolution de Vega, un lanceur léger de l’Agence spatiale européenne (ESA) fabriqué par la société italienne Avio. [...] Ses tarifs, de fait, devaient être moins élevés et permettre à l’Europe de se frayer une place plus grande parmi la concurrence. [...] Le Vega-C représentait un espoir pour le vieux continent. Car l’Europe spatiale semble à la peine, ces dernières années, face à une concurrence en pleine forme. [...]
En juillet dernier, Stéphane Israël, PDG d’Arianespace, commentait l’évolution de la concurrence dans les colonnes de Ouest-France. Depuis le début de la décennie 2010, « on a assisté à une explosion de la concurrence, mais aussi du marché. Au lieu d’envoyer cinq à six fois par an deux satellites en orbite géostationnaire, ce sont désormais des centaines voire de milliers de satellites à envoyer sur les orbites basses (350 à 1 400 kilomètres d’altitude) pour beaucoup dédiés à Internet », expliquait-il. Ces dernières années, « la demande a été complètement renouvelée, elle s’est décuplée, et de nouveaux acteurs sont apparus, notamment ceux des milliardaires les plus fortunés de la planète. C’est peut-être ce qu’on a mis un peu de temps à comprendre en Europe. »
Vega-C [était] censée assurer une partie des missions auparavant dévolues au lanceur russe moyen Soyouz. Ce dernier était, jusqu’à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, également commercialisé par Arianespace et tiré depuis Kourou.
Quelles vont être les conséquences ?
Déjà victimes des retards du lanceur d’Ariane 6 et de l’impossibilité de recourir à la fusée russe Soyouz, les Européens se retrouvent sans solution à court terme pour lancer leurs satellites, Vega-C risquant d’être clouée au sol le temps de comprendre les causes de l’échec.
C’est aussi un coup dur pour Airbus, qui a développé sur fonds propres ce programme, dont les services sont vendus tant aux entreprises qu’aux militaires. Les satellites apportant des revenus commerciaux sont généralement assurés. Sollicité par l’AFP, Airbus n’a pas fait de commentaires.
Pour l’Agence spatiale européenne (ESA), responsable des programmes de lanceurs européens, c’est un déboire de plus. Il ne reste plus que deux Ariane 5 à lancer et le report du vol inaugural d’Ariane 6 prive les Européens d’accès à l’orbite géostationnaire, à 36 000 kilomètres d’altitude, et de la capacité d’envoyer les charges les plus lourdes dans l’espace.