Même s’ils combattent Daech depuis des mois, Damas et Bagdad ne figurent pas sur la liste des 40 pays membres d’une nouvelle coalition antiterroriste lancée par Riyad. Grand rival régional, l’Iran en est également exclu, au contraire du Qatar.
Le 26 novembre, l’Arabie saoudite a lancé une coalition antiterroriste de 40 pays musulmans d’Asie et d’Afrique.
Au cours d’une réunion des ministres de la Défense de ces nations, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) a appelé à une « coordination forte, excellente et spéciale » entre les membres de cette nouvelle coalition. « Nous allons continuer à pourchasser les terroristes jusqu’à ce qu’ils disparaissent de la terre », a encore lancé le Saoudien.
L’Iran, la Syrie et l’Irak exclus
Même s’ils combattent depuis de longs mois l’organisation terroriste Daech, en net recul sur leur territoire, la Syrie et l’Irak ne figurent pas dans la liste communiquée par l’agence de presse officielle saoudienne SPA. L’Iran, le grand rival de Riyad dans la région, n’apparaît pas non plus sur la listes des 40 pays membres de cette coalition.
À noter toutefois que le Qatar en fait partie, selon SPA, même si aucun de ses ministres n’était présent à la réunion du 26 novembre. L’Arabie saoudite accuse en effet Doha de soutenir des groupes extrémistes et, à ce titre, Riyad avait rompu en juin ses relations diplomatiques avec ce pays, en dépit de ses dénégations.
Au sein de cette coalition, à dominante sunnite, on retrouve encore des pays comme le Pakistan, la Turquie ou le Nigeria.
« Plus de 40 pays envoient un signal très fort consistant à dire que nous allons travailler ensemble et que nous allons mettre ensemble nos capacités militaires, financières, politiques et de renseignement », a encore déclaré MBS, ajoutant : « Cela se fera à partir d’aujourd’hui et chaque pays va y contribuer à hauteur de ses capacités. »
« Le terrorisme déforme l’image de l’islam »
Exprimant sa solidarité envers l’Égypte, frappée le 24 novembre par un attentat qui a fait 305 morts, le prince héritier saoudien, dont le pays est lui-même accusé de soutenir le terrorisme a promis de se tenir aux côtés « de tous les pays du monde qui combattent le terrorisme et l’extrémisme ».
« Plus que le meurtre d’innocents et la propagation de la haine, le terrorisme et l’extrémisme déforment l’image de notre religion », a en outre déclaré le jeune prince saoudien.
Le général pakistanais Raheel Sharif a été désigné commandant militaire de la coalition. Il aura son quartier général dans la capitale saoudienne.
Coalition antiterroriste ou défense d’intérêts régionaux ?
L’Arabie saoudite est par ailleurs membre d’une alliance occidentale antidjihadistes conduite par les États-Unis en Irak et en Syrie.
La diplomatie syrienne a critiqué à plusieurs reprises l’action de la monarchie, l’accusant d’avoir « tué davantage de civils innocents que de terroristes » et lui reprochant de violer la souveraineté de la Syrie car les autorités syriennes ne l’ont pas invitée à intervenir sur son territoire.
Le lancement de cette nouvelle coalition intervient au moment où les relations entre Téhéran et Riyad sont plutôt tendues, les deux pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis janvier 2016. Leurs positions sont en outre radicalement opposées dans les conflits syrien et yéménite.
Dans un récent entretien accordé au New York Times, MBS avait qualifié Ali Khamenei, le guide suprême iranien, de « nouvel Hitler du Moyen-Orient ».
« Personne dans le monde n’accorde le moindre crédit à des remarques de ce genre », lui avait répondu Bahram Ghassemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.