Une imminente adhésion, avec statut spécial, de la Tunisie au sein de l’OTAN vient d’être confirmée par le président des États-Unis, Barack Obama.
En effet, c’est lors d’une audience qu’il a accordée jeudi 21 mai à la Maison-Blanche au président tunisien Béji Caid Essebsi que le président américain a fait cette inquiétante déclaration. Une mauvaise nouvelle en tout cas pour l’Algérie, qui avait souffert de la machine de guerre atlantiste pendant la guerre de Libération et qui a à subir aujourd’hui les desseins de cette organisation militaire qui a tendance à finaliser son projet d’encerclement de notre pays.
En recevant le chef de l’État tunisien, le président américain a parlé d’un statut d’« allié majeur non membre de l’OTAN » qui permettra (à la Tunisie) de développer, soutient-il, « une coopération renforcée avec les États-Unis pour l’achat et la fabrication d’armes ». « Mais la réalité est toute autre, Washington n’offrant ce virtuel statut de “membre privilégié” que si le candidat accepte d’accomplir des missions pour le compte de l’Organisation atlantique, à savoir le fait qu’il assure la sous-traitance dans la région », estime un diplomate algérien à la retraite.
La Tunisie qui, par le passé, que ce soit sous le gouvernement libéral de Bourguiba ou de celui de Ben Ali, un pro-occidental déclaré, n’avait jamais envisagé de rejoindre le « deuxième collège » de l’OTAN et n’omettait jamais d’informer Alger sur les grandes questions politiques engageant le devenir des deux pays. Cette manière de voir allait de pair avec les intérêts suprêmes de la Tunisie, qui suggéraient que la région arabe, en général, et le Maghreb, en particulier, ont intérêt à ne pas coopérer avec l’Organisation atlantiste qui est, par-dessus tout, belliqueuse, surtout envers les Arabes et les musulmans.
Si Alger n’a pas encore réagi à cette « mauvaise nouvelle », et cela est peut-être dû au fait que Tunis voulait déroger à la règle de ne rien dire à son puissant voisin, il n’en demeure pas moins que la décision de Tunis est l’objet de moult interrogations dans les milieux informels de la capitale algérienne. « C’est une très mauvaise nouvelle pour notre pays », indique Ahmed Kateb, géopoliticien et enseignant à l’université d’Alger. Et de poursuivre : « Après le flanc ouest caractérisé par une alliance stratégique “Maroc-OTAN”, voilà que le flanc est, c’est-à-dire la Tunisie, tombe lui aussi dans les mailles de l’OTAN. Il n’y a pas lieu d’être devin pour savoir que la cible est toujours l’Algérie. » Le géopoliticien n’omet pas de soulever le fait que certains « laboratoires et autres think tanks » ont, de tout temps, placé l’Algérie comme le « pays à abattre », et cette vision est déjà concrétisée sur le terrain après avoir embrasé la Libye et, comme « dommage collatéral », le Mali. Les observateurs tiennent, par ailleurs, à souligner les convoitises atlantistes, telle la mise à disposition de la base navale tunisienne de Bizerte, et ce, après l’entrée effective de cette « cauchemardesque » alliance militaire.