Coupe d’Afrique des nations 2024 : en trois matchs – 2 nuls, 1 perdu – les Algériens n’ont pas réussi à battre des équipes théoriquement à leur portée (Angola, Burkina et Mauritanie). Les qualités des joueurs et de l’entraîneur étant indéniables, c’est le collectif qui est fragile. Parce qu’il est fébrile.
D’où vient cette fébrilité ? Est-elle due au trop lourd poids politique que les 11 portent sur leurs épaules à chaque rencontre ? Toujours est-il que lorsque l’Algérie gagne, c’est toute l’Algérie qui gagne, et même l’algérianité ; quand l’Algérie perd, ce sont parfois les joueurs (Mahrez et Belmadi sont soudain accusés de « tocarisme »), souvent l’entraîneur, et toujours les Autres.
Les Autres ? Les voici, par ordre d’anti-algérianisme : l’arbitre, le Maroc et Israël.
L’animateur : « Vous pensez qu’il y a un complot ? »
Les chroniqueurs en chœur : « Bien sûr, l’Algérie est visée ! Kif-kif, ils font partie du complot, c’est des sionistes, Lekjaa, la CAF, le Makhzen. »
INSOLITE. À la TV , les algériens accusent le Burkina Faso d’avoir manipulé la VAR avec la complicité du Maroc et d’Israël .
Selon eux, leurs deux matchs nuls à la CAN sont des représailles suite à leur soutien dédié à la Palestine aux Nations Unies . pic.twitter.com/xctFhWHb7l
— Carl Johnson (@Crl_Johnson) January 22, 2024
On a donc l’impression qu’à chaque match les joueurs algériens doivent batailler contre leur adversaire, mais aussi contre l’arbitre – puisqu’il lui arrive de prendre des décisions contre l’Algérie, mais aussi contre l’adversaire, tout est une question de fautes ! –, contre le Maroc et contre Israël. Et, évidemment, contre la France, même si elle n’est pas citée par les analystes après l’élimination de la CAN. Ouf !
S’il n’y avait que les commentateurs... Le sélectionneur de la Tanzanie, Adel Amrouche, est algérien. Avant le match Maroc/Tanzanie, il dénonce le poids du Maroc dans le football et la décision en Afrique... La critique commence à 1’30 :
« Le Maroc détermine tout dans le football africain. Ce sont eux qui choisissent. (...) C’est comme ça, on ne peut rien faire. Même les arbitres, ce sont eux qui les choisissent. »
Pour une analyse moins nationaliste et moins passionnelle, voyons L’Équipe du soir.
Une équipe reflète-t-elle son pays ?
Si c’est le cas, l’Algérie est en grande difficulté. Ce n’est pas le cas du Maroc, qui est en train de cartonner économiquement, footballistiquement et éducativement : le pays du Roi place ses étudiants dans les meilleurs cursus scientifiques, garants du développement, les investisseurs lourds se bousculent dans les grands projets, notamment portuaires, et le Maroc a frôlé la finale lors de la dernière Coupe du monde au Qatar, livrant un jeu remarquable.
Mais cela ne doit pas faire l’impasse sur les interrogations à propos du Roi, de son comportement et de la pauvreté endémique du peuple. Le Maroc, malgré une croissance forte (4-5 %) est le pays le plus inégalitaire en terme d’écarts de richesses d’Afrique du Nord. Si la pauvreté a été divisée par 2 en 20 ans, elle reste forte dans les régions rurales, où la durée moyenne de scolarisation ne dépasse pas 5 ans. Ce qui n’est pas le cas en Algérie.
Un partout, balle au centre.