Avant même que les manifestants ne commencent leur défilé. le préfet de police de Paris avait prévenu : « Notre réponse sera très ferme ». La répression avant la manifestation, comme la charrue avant les bœufs. L’Acte 53 des Gilets jaunes, interdits de manifester à partir de la place d’Italie (Paris 13e), ne pouvait que mener à une énième confrontation peuple/police et à un durcissement de l’exécutif, si faible par ailleurs.
#Manifestations #Acte53 Réactivité et mobilité : Les forces de l'ordre procèdent sans délai à la suppression des différents points de blocages de la circulation afin d'empêcher violences et dégradations. @prefpolice @Gendarmerie @PoliceNationale pic.twitter.com/V9VdQ7RRUZ
— Ministère de l'Intérieur (@Place_Beauvau) November 16, 2019
Piéger la colère
Naturellement, les casseurs complices du pouvoir se sont mêlés aux manifestants contre qui tout a été fait, depuis un an, pour faire monter la colère. Ici ce sont deux policiers qui sont en mauvaise posture :
C’est après avoir été coursés que les deux policiers ont tenté de s’abriter dans la laverie pic.twitter.com/X60w5LgsL5
— Lucas Burel (@L_heguiaphal) November 16, 2019
À Lyon, Toulouse, Marseille, les Gilets jaunes défilent, mais le mouvement a été largement et consciemment violentisé par le pouvoir, que ce soit de l’intérieur par les forces de police officieuses (casseurs et RG infiltrés) ou de l’extérieur par les forces de police officielles.
Alors qui sont les Black Blocs
Des mecs qui foutent la merde puis vont se cacher derrière les #FDO
LA BAC grimé en #BlackBlocs s'est pour Mieux casser ou infiltrer !!!!
En tout qu'à sur cette vous êtes Grillés !! #Acte53 #GiletsJaunes#1anDeColerepic.twitter.com/Aun9YsILdN
— BBR#JaimeMaFrance (@BBR4369) November 16, 2019
Les provocations de toutes sortes sont légion, comme cette « Cristiano Ronaldo » en direct :
Léo Dubois vs Benedetto. pic.twitter.com/XuZktPQ0by
— Maxime Mianat (@mianatmaxime) November 16, 2019
Le préfet Lallement, qui donne une image chétive de l’autorité, annonce dans l’après-midi plus de 60 arrestations et au moins autant de verbalisations pour ceux qui se sont trouvés dans les secteurs interdits à la manifestation.
Les manifestants pour le climat, ce sujet indolore, ont évidemment beaucoup plus d’égards que les Gilets jaunes. La lutte sociale s’est donc transformée en violence, une violence provoquée et contrôlée par le camp le plus fort, comme il se doit. En démocratie ou en régime totalitaire, c’est celui qui détient les armes qui gagne.
Tir de canon à eau et affrontements intenses Place d'Italie, l'air est irrespirable entre les incendies et le gaz lacrymogène #GilletsJaunes #Paris pic.twitter.com/w6pdDxzp7n
— Lucas Léger (@lucas_rtfrance) November 16, 2019
Il y a deux formes de répression : la répression policière et la répression médiatique, qui n’est pas moins violente et qui attise le feu du mépris de classe. Et pourtant, les flics sont dans le même bateau que les Gilets jaunes !
"En massacrant les Communards, il sauve la République" : Quand #ChristopheBarbier fait l'éloge d'Adolphe #Thiers ... et voit dans Macron son successeur.
Si #Macron fait tirer sur les #GiletsJaunes lors de l'#Acte53, Barbier applaudira ? #1anDeColère pic.twitter.com/3EgzK2EFFs— poxxk (@poxxk) November 15, 2019
La Banque (et ses employés serviles) peut dormir tranquille. Il faudra désormais une autre forme de lutte pour que les Gilets jaunes, ces Français en colère, renversent la situation. Rien n’est impossible, l’Histoire nous l’apprend. Mais nous ne sommes pas au Venezuela il y a 20 ans quand, après avoir raté quelques coups d’État militaires, Hugo Chavez est arrivé au pouvoir.
Voitures incendiées, banques attaquées, centres commerciaux pris d’assaut : les #giletsjaunes sont de retour, célébrant un prétendu anniversaire en cassant, en détruisant. Pourquoi ? Pour qui ? Avec quelle légitimité ? Et demain, des démagogues les défendront. Étonnant, non ? #Acte53
— jean-michel aphatie (@jmaphatie) November 16, 2019
Chez nous, hormis les médias pour qui l’affaire (la trahison) est entendue, l’armée et la police sont aux ordres de l’exécutif, qui est lui-même aux ordres du pouvoir profond, donc le changement ne viendra pas par là. Pour cela, même si cela prend plus de temps, il faudra que les mentalités changent, que la prise de conscience de la destruction lente mais programmée de notre pays devienne une évidence ainsi qu’une souffrance majoritaire. Alors le château de cartes construit par les loges et les lobbies s’effondrera sur lui-même, après avoir usé de toutes les ruses, de toutes les provocations, pour conserver sa domination.
Voici ce qu’a écrit Roland Jahn, dissident de la RDA en 1989, après la chute du mur de Berlin :
« Il était très important que certains montrent la voie, relèvent la tête, descendent dans la rue et disent la démocratie c’est maintenant ou jamais. Ce n’est qu’à partir de cet instant que les gens ont vu qu’il se passait quelque chose, ils ont surmonté leur peur et manifesté jusqu’à ce que la révolution pacifique soit un succès. C’est ce qui a été décisif pour la RDA, le fait que les citoyens descendent sans crainte dans la rue. Quand on réussit à surmonter sa peur, c’est la fin de la dictature. Et c’est ce qui s’est passé en 1989. »
Pour nous, la France est la nouvelle RDA.