Un jour avant le week-end anniversaire de la révolte des Gilets jaunes, le point sur le mouvement et son ancrage dans la société française avec trois articles de la presse mainstream.
D’abord celui du journal gratuit 20 Minutes, qui prend fait et cause pour la répression contre les révoltés et qui voit la mobilisation décroître jusqu’à zéro...
Puis un retour de Libé sur les Gilets jaunes blessés et leur vie d’après, et enfin un que sont-ils devenus sur les leaders du mouvement social.
Les Gilets jaunes conscientisés ciblent leurs actions :
Au fait, la justice française va-t-elle défendre les Gilets jaunes devant le déchaînement de violence oligarchique ?
- La Rédaction d’E&R -
Les Gilets jaunes ont bien l’intention de fêter le premier anniversaire du mouvement. Le 17 novembre 2018, environ 282.000 personnes investissaient les ronds-points aux quatre coins du pays.
Depuis, la mobilisation dans la rue n’a cessé de décroître, pour ne plus réunir que quelques milliers de manifestants lors des derniers week-ends. Ce samedi et ce dimanche, à l’occasion de l’acte 53, les autorités s’attendent à un léger regain de mobilisation. Elles se préparent aussi, selon nos informations, à la présence d’individus violents dans les cortèges, notamment des membres de l’ultra-gauche.
Plus de 140 appels à manifester dans toute la France ont été lancés. Pour faire face, le ministère de l’Intérieur prévoit une « mobilisation adaptée des forces de l’ordre », indique une source ministérielle, sans communiquer de chiffres précis. Nombreux sont les manifestants à vouloir se rendre à Paris. Plus de 5.000 d’entre eux ont indiqué sur Facebook vouloir mettre en place, samedi et dimanche, un « barrage filtrant sur le rond-point de l’Étoile ». D’autres ont prévu d’occuper le magasin Ikea, boulevard de la Madeleine, ainsi qu’un Apple Store car l’entreprise américaine, disent-ils, est « championne pour payer le minimum d’impôts en France ».
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Selon une source proche du dossier, les autorités veulent éviter à tout prix que ces manifestations ne se transforment en « guérillas urbaines », comme le souhaiteraient pourtant certains Gilets jaunes.
Lire l’article entier sur 20minutes.fr
Pour rappeler la dégueulasserie de la répression oligarchique, voici des témoignages de Gilets jaunes qui ont été blessés et dont la vie a changé.
Victimes de violences policières : « Ça fait un an que notre vie est sur pause »
Détresse morale, financière, sentiment d’injustice ou d’abandon, douleur persistante, stigmates indélébiles… Des blessés lors des manifestations de gilets jaunes témoignent.
« Ce qu’il s’est passé depuis un an ? Vous pouvez faire une liste des personnes blessées, mutilées ou condamnées ! » lâche Antonio Barbetta. Le 24 novembre 2018, l’homme de 41 ans a été grièvement touché au pied par une grenade explosive GLI-F4 près des Champs-Élysées. Il est l’un des premiers de la longue liste de blessés lors des manifestations de gilets jaunes – pas moins de 2 448 côté manifestants ou passants, selon les autorités.
À quoi ressemble le quotidien bouleversé de ceux qui ont perdu une main (5 personnes), un œil (24) ou été gravement atteints ? Quel regard ces « gueules cassées » posent-elles à présent sur les forces de l’ordre, la justice ou le politique ?
Rodé à l’exercice, sursollicité en cette veille de premier anniversaire du mouvement social, Antonio Barbetta déroule ses souvenirs d’un ton quasi mécanique : « J’ai vu un objet gris atterrir à mes pieds. Ça a explosé direct. » Gilet jaune pour la même raison que beaucoup – la vie trop chère –, cet ancien chargé de clientèle souligne « l’ironie du sort » : il espérait gagner en pouvoir d’achat, il s’est retrouvé estropié et sans emploi. « Moralement et financièrement, c’est encore plus dur. » Six mois à ne pas pouvoir poser son pied droit au sol, à cumuler piqûres antidouleur et médicaments opiacés pour chasser cette sensation continuelle « d’aiguilles dans la blessure ». Six mois en mode « game over » sur le canapé, à faire « des live sur Facebook », à discuter avec d’autres blessés.
Sa compagne de l’époque l’a quitté. Avec le recul, Antonio Barbetta dit : « Elle a été superpatiente… Elle mangeait du gilet jaune du matin au soir ! » Aujourd’hui, les 624 euros d’indemnités que lui verse la Sécurité sociale ne suffisent pas à assumer son loyer de 600 euros auquel il faut, entre autres, ajouter un crédit voiture de 78 euros. « Ici, si vous n’avez pas de bagnole, vous êtes mort », explique cet habitant d’un petit village de l’Oise. Le quadra a donc repris le travail, contre l’avis médical. « C’est ça ou je me retrouve SDF », balaie-t-il. En ce moment, le père de famille se lève aux aurores, « serre les dents » et bosse dans le bâtiment. Celui qui n’avait connu « que trois mois de chômage dans [sa] vie » pense à ses filles de 14 et 20 ans : « Si je dois partir demain, je n’ai rien à leur laisser. » Et encore, relativise-t-il : « A l’époque, j’avais la chance d’avoir une mutuelle donc je n’ai avancé aucun euro. »
« La peur au ventre »
Yannick, lui, n’a pas de mutuelle. À 36 ans, cet ex-bûcheron et chauffeur livreur a reçu un tir de lanceur de balles de défense (LBD) « en pleine face » durant l’acte XIV, le 16 février : os malaire brisé, quatre dents cassées, 35 jours d’incapacité totale de travail (ITT). « Pendant cinq semaines, j’ai mangé mixé », dit le résident de Seine-et-Marne. Faute de moyens, il n’a pas revu le dentiste après son opération : « C’est un des trucs les plus chers. Je n’ai pas le choix : soit je paie une mutuelle, soit je paie mon assurance logement et bagnole. » Alors Yannick mâche à gauche et s’accommode de ses douleurs comme il peut. Il le confie sans détour, cette expérience l’a « radicalement changé » : « Je suis arrivé en gilet jaune et je me suis transformé en "antifa". Je ne m’attendais pas à ce genre de traitement des forces de l’ordre. Il y a une drôle d’animosité envers les gens ».
Au fil des semaines, le gilet jaune a fini par se sentir « en danger » dans les manifestations. Pour autant, cette « peur au ventre » qu’il dit partagée par tous les manifestants ne l’a pas dissuadé de défiler en province : Amiens, Reims, Lille… Déterminé, il se réjouit de défiler à Paris samedi : « Tout le monde sera là ! » Le père de famille est moins enthousiaste sur le traitement judiciaire de sa plainte. Même si elle n’a pas été classée sans suite, Yannick assure n’avoir « aucun » espoir : « Depuis que j’ai terminé dans le camion de police à l’acte IV [le 8 décembre 2018] et que j’ai passé la journée en garde à vue, je n’y crois plus. Je ne m’attends à rien de leur part. »
Lire l’article entier sur liberation.fr
On le sait, le mouvement s’est délité faute de structure verticale, ne comptant que sur une structuration horizontale.
Pourtant, des chefs naturels se sont dessinés, mais la plupart n’ont pas voulu entrer en politique. Vu le tableau, on peut les comprendre. Mais dans une élection, les Gilets jaunes ne pèsent rien. Et puis les agents neutralisateurs gauchistes sont passés par là...
Drouet, Levavasseur, Ludosky, Mouraud…
Un an après, que sont devenues les figures du mouvement ?
Ils étaient près de 300 000, le 17 novembre 2018, à avoir répondu aux appels lancés sur les réseaux sociaux pour dénoncer la hausse des prix du carburant. À la télévision et sur les ronds-points, la France découvrait les Gilets jaunes, ces Français ulcérés par la politique d’Emmanuel Macron. Des mois durant, leurs revendications ont marqué l’opinion et monopolisé l’attention des médias. Se voulant horizontale, sans chef, cette contestation sans précédent n’a pu éviter l’émergence de figures de proue aux opinions variées et très affirmées. Un an plus tard, que sont-elles devenues ?
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Éric Drouet, le révolutionnaire
Comment s’est-il fait connaître ?
Éric Drouet est l’initiateur de la première manifestation de Gilets jaunes contre l’augmentation du prix du carburant, le 17 novembre 2018. Il est également le créateur du groupe Facebook La France en colère !!!, qui compte aujourd’hui près de 300 000 membres. Reçu par François de Rugy le 28 novembre 2018, il filme l’entretien à son insu pour le diffuser en direct sur son groupe Facebook. Ses prises de position radicales suscitent l’inquiétude des responsables politiques et la « fascination » de Jean-Luc Mélenchon. « Monsieur Drouet est tout à fait extraordinaire. Il pèse sur lui une pression terrifiante et il fait preuve d’un sang-froid total », explique le leader de La France insoumise.
Que devient-il ?
Si ce chauffeur routier a été de tous les combats des Gilets jaunes, il a annoncé en avril 2019 vouloir se mettre en retrait du mouvement. Force est de constater aujourd’hui qu’il n’est pas resté longtemps loin des radars. Le 29 mars, il a été condamné à 2 000 euros d’amende pour deux manifestations non déclarées, les 2 janvier et 29 mars à Paris. Le 4 septembre, il a également été condamné à 500 euros d’amende avec sursis pour « port d’arme prohibé » – un simple « bout de bois » selon lui, une « matraque » selon l’accusation.
Son regard sur le mouvement, un an après
Éric Drouet milite toujours aux côtés des Gilets jaunes et prépare les futures mobilisations en prônant la « convergence » des luttes, dans une vidéo diffusée mi-octobre. Il y invite les « pompiers, urgentistes, ouvriers, agriculteurs, chômeurs » à manifester à Paris, sans gilet. « Mettez les gilets jaunes de côté, c’est les citoyens qui seront dans la rue », exhorte-t-il.
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La police utiliserait-elle des proxies ?