La présidente du groupe du parti Les Républicains au Conseil de Paris expose ses projets de réforme du droit du travail. Elle veut supprimer la durée légale du travail, se prononce pour une dégressivité « contrôlée » des allocations chômage. Surtout, elle estime que le statut des fonctionnaires n’est plus une nécessité.
La Tribune. En cette fin de quinquennat, François Hollande dit vouloir réformer jusqu’au bout et l’opposition avance des propositions pour l’après 2017 si elle revient aux affaires. Quel regard portez-vous sur cette situation ?
Nathalie Kosciusko-Morizet. La gauche fait des discours, et la droite, des promesses. La bonne nouvelle, c’est que les discours d’une certaine gauche convergent avec les promesses de la droite. C’est nouveau et c’est une situation porteuse d’espérance. Mais il faut de l’action.
Convergences ? vous pensez à quoi ?
Par exemple sur l’assurance chômage, plusieurs, à gauche, évoquent la nécessité d’une dégressivité des allocations. Je suis pour. Mais la dégressivité automatique ne tient pas compte du fait qu’il y a des secteurs plus difficiles que d’autres pour retrouver du travail. Elle est aveugle. Je propose donc de la mixer avec une dégressivité en fonction du nombre d’offres valables d’emploi refusées, et ce dès la première offre. C’est plus juste et plus efficace.
Mais en situation de chômage de masse, vous croyez que la dégressivité est vraiment utile ?
La dégressivité seule ne résoudra rien, pas même le déficit de l’assurance chômage. Elle n’a de sens que dans le cadre d’une série de mesures pour la création d’emplois privés. Regardez les statistiques de Standard & Poor’s, dans le secteur privé, entre la mi-2013 et la mi-2015, la France a créé 57 000 emplois, alors que l’Allemagne en a créé près de 500 000 et l’Espagne 650 000. La France doit réformer son marché du travail. Il faut supprimer toute référence à une durée légale unique du travail en deçà du plafond européen de 48 heures et laisser les branches ou entreprises négocier leurs propres règles. Il faut aussi développer toutes les nouvelles formes de travail et créer un statut général du travailleur indépendant.
Les politiques ont toujours des idées pour le secteur privé, mais quid de l’État employeur ?
La politique passe beaucoup de temps à agiter des mesures pour le secteur privé. On gagnerait à réformer une fois pour toutes, puis cesser d’y toucher, et en revanche s’occuper de donner l’exemple dans la fonction publique ! L’État est le premier employeur, et c’est de notre responsabilité directe. Il faut prendre exemple sur l’Italie et sortir du statut de fonctionnaire généralisé.