Julian Assange, reconnu coupable d’avoir violé les conditions de sa liberté provisoire en se réfugiant à l’ambassade d’Équateur à Londres pendant sept ans, a été condamné par un tribunal britannique à 50 semaines de prison.
Ce 1er mai, un tribunal londonien qui se prononçait sur la peine du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, reconnu coupable de violation de ses conditions de liberté provisoire après s’être réfugié pendant sept ans dans l’ambassade d’Équateur à Londres, l’a condamné à 50 semaines de prison.
Julian Assange comparaîtra également le 2 mai lors d’une audience cette fois consacrée à la demande de Washington de l’extrader vers les États-Unis, où il est accusé de « piratage informatique ». Mais, ce 1er mai, c’est sa soustraction à la justice qui intéresse le tribunal de Southwark, à Londres, où il est arrivé poing levé, barbe rasée, dans un fourgon de police sous les cris de « Honte au Royaume-Uni ! » ou « Honte à l’Équateur qui a vendu Assange pour de l’argent ! » lancés par ses soutiens. Un autre tenait une pancarte réclamant « Libérez Assange ! »
En 2012, il avait obtenu l’asile dans l’ambassade d’Équateur pour éviter de se présenter à la justice britannique et d’être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol, un dossier classé depuis.
Mais, après sept ans passés entre les quatre murs de l’ambassade sud-américaine, Julian Assange en a été délogé par la police britannique le 11 avril, avec l’autorisation de Quito. Apparaissant vieilli et affaibli lors de son arrestation, avec une longue barbe hirsute et blanche, l’Australien de 47 ans avait comparu dans la foulée au tribunal de Westminster à Londres, qui l’a déclaré coupable et requis la peine maximale dans ce dossier, soit un an de prison. Il est détenu depuis à la prison de Belmarsh, dans le sud-est de Londres.
En Suède, la plainte pour agression sexuelle a été frappée par la prescription en 2015, puis le pays a abandonné les poursuites dans une deuxième affaire en mai 2017, faute de pouvoir faire avancer l’enquête avec Julian Assange réfugié dans l’ambassade. Mais à l’annonce de son arrestation, l’avocate de la plaignante a réclamé la réouverture de l’enquête.
Julian Assange a toujours affirmé s’être soustrait à la justice britannique de peur non pas d’être extradé vers la Suède mais de finir aux États-Unis, qui l’accusent de « piratage informatique ».
Demande d’extradition vers les États-Unis
Son arrestation le 11 avril a ravivé ces craintes parmi ses soutiens qui ont condamné la décision de Quito de lui retirer l’asile politique. Mais le président équatorien a justifié sa décision en affirmant qu’Assange aurait tenté de créer un « centre d’espionnage » dans l’ambassade.
Au Royaume-Uni, l’affaire divise. L’opposition travailliste a appelé le gouvernement à s’opposer à la demande américaine, soutenant que Julian Assange a contribué « à exposer des preuves d’atrocités en Irak et en Afghanistan » attribuées à l’armée américaine.
Le gouvernement conservateur s’est de son côté attaché à présenter Assange en justiciable comme les autres. « Personne n’est au-dessus des lois », a ainsi déclaré la Première ministre Theresa May, tandis que le chef de la diplomatie Jeremy Hunt a jugé qu’il n’était « pas un héros ».
Son avocate Jennifer Robinson a annoncé que son client allait « contester et combattre » la demande d’extradition américaine, jugeant que son arrestation « cré[ait] un dangereux précédent pour les organes de presse et les journalistes » dans le monde.
Julian Assange est inculpé par la justice américaine d’association de malfaiteurs en vue de commettre un « piratage informatique », passible d’une peine maximale de cinq ans de prison, pour avoir aidé l’ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense. Mais « il n’y a aucune garantie qu’il n’y aura pas d’accusation supplémentaire [une fois] sur le sol américain », selon le rédacteur en chef de WikiLeaks, Kristin Hrafnsson.
Un scénario toutefois improbable selon l’avocat spécialiste des extraditions Ben Keith, qui invoque « une protection spécifique du droit international en matière d’extradition empêchant de poursuivre quelqu’un avec des chefs d’accusations supplémentaires ».
Selon lui, la bataille judiciaire engagée par Julian Assange a peu de chance de succès et pourrait durer entre 18 mois et deux ans.