La guerre de l’info s’est déplacée en partie du terrain politique au terrain médical. Derrière Macron et sa bande, il y a une stratégie, des intérêts, des informations. En face, il y a les soignants, les confinés et les réseaux sociaux. Les informations s’entrechoquent, se superposent ou s’entredétruisent, produisant dans l’esprit des Français des secousses et des micro-explosions qui sapent la confiance, ou l’immunité, pour parler biologiquement.
Vous avez abandonné les soignants en ne prenant pas en temps utile les mesures nécessaires.
Si vous aviez un peu d'honneur, vous démissionneriez. pic.twitter.com/btPhOZHhjQ— poxxk (@poxxk) March 18, 2020
Plus grand-monde ne croit la communication officielle, mais, dans le doute, on obéit aux consignes, plus à cause de la demande des personnels soignants que des menaces de l’exécutif. Sibeth Ndiaye est là pour donner un semblant de cohérence à l’action gouvernementale qui en manque terriblement, on ne va pas revenir sur l’épisode des masques, des gants et tout le toutim.
Puisqu’on est sur Sibeth, on va y rester 5 minutes. Suite aux vidéos qui ont tourné sur les racailles qui se foutaient des consignes (on ne met pas tous les banlieusards dans le même sac intitulé Racailles) comme de leur première tournante, la porte-parole de la Macronie a voulu écarter sur BFM TV toute tentation raciste de la part des confinés envers les déconfinés.
« Alors évidemment, c’est vrai que dans certains quartiers, il n’y a pas de respect des règles. Alors, justement, attention, je ne veux pas qu’on commence à dire que c’est parce que ce sont des banlieues, avec des populations de telles ou telles origines que les gens ne respectent pas les règles. Je vois bien le relent qui va très très vite arriver, j’entends les dérapages de certains, je vois bien à quoi cela peut vite mener. »
En même temps, comme dirait ton boss, ça se recoupe un peu ! Dans l’épicerie du coin où on a acheté du fromage râpé (350 g), du Coca (10 canettes) et du PQ (9 rouleaux triple épaisseur), on était deux à attendre que les gens sortent pour les remplacer un par un. C’est la consigne dans les petits commerces. Là-dessus, des clients sont entrés en passant devant nous sans respecter la consigne, allant s’entasser dans le petit magasin. Le truc, c’est on le fait tous ou on le fait pas ! Et que ceux qui ne le font pas ne fassent pas prendre de risques, si risques il y a, aux autres.
Il s’est pris un spray dans la gueule
Bien joué les gars enfin une vidéo pour soulager nos cœurs #ConfinementJour3 pic.twitter.com/pi0mGflli4— Alex (@AlexLeroy90) March 19, 2020
On est donc tombé comme ces policiers sur la racaille du coin qui n’en avait rien à foutre, et la température est montée de chaque côté. Tout en reculant, la racaille nous a menacé de s’« approcher à 50 cm », comme si elle était contagieuse. Elle a alors appliqué la technique du bernard-l’hermite (omar-l’hermite ?), tout en psalmodiant les habituels « nique ta mère » et « fils de pute ». Mais sans engager le combat. Chien qui aboie ne mord pas, dit le proverbe, et on se demande même si c’est pas un proverbe arabe. Ils en ont des bons, comme le cadavre de son ennemi sur le fleuve...
On ne va pas faire de cette expérience une statistique, mais Sibeth se fourre un peu le doigt dans l’œil sur ce coup. Et là on ne parle pas d’étrangers, d’immigrés ou quoi que ce soit d’autre, on parle de racailles, qui forment une espèce à part. Une sous-espèce humaine qu’il faut accepter, comme les punaises ou les cafards, ils font partie de l’écosystème humain et ont certainement une utilité dans l’échelle de l’Évolution. Personne ne les aime, c’est clair, mais on doit faire un petit effort... chrétien.
Après l’épisode de la racaille qui avance en reculant, un voisin nous a ouvert la porte de l’immeuble, sans paranoïer sur le mètre réglementaire. Enfin, la civilisation ! On a l’air de détester la sous-race incarnée par les racailles, mais en réalité on reconnaît que grâce à eux, on entretient notre fighting spirit. Ça fait du bien d’en choper un de temps en temps, quand il n’est pas en troupeau. Car la racaille ne se bat jamais en un contre un sans son troupeau, c’est une loi d’airain. Seul, ou seule, il fait son bernard-l’hermite. Surtout quand en face on est prêt au combat.
On devait se défendre contre le virus, et voilà qu’on se défend contre la racaille, à croire que ce sont des virus humains, ou pré-humains. Mais une bonne confrontation avec une racaille ne peut que faire monter l’adré(naline), ce qui entame un peu l’immunité, nous a expliqué une scientifique. Trop taper dans l’adré ça te nique l’immu. Pourtant, on peut entretenir sa décharge d’adré, c’est le lot de tous ceux qui prennent des risques dans la vie, et qui s’y habituent, voire qui y sont accros. Alex Honnold en fait partie, les boxeurs, les hommes politiques aussi, c’est un combat permanent. Le problème, c’est que tous les Français ne sont pas armés pour le combat quotidien contre les virus, qu’ils soient micro ou macroscopiques.
Il faut penser à ceux qui se prennent des seaux de merde sur la tête sans pouvoir répondre, ça c’est pas bon pour l’immu : l’inhibition de l’action, rien de tel pour creuser un trou dans l’estomac. Justement, un lecteur – car on lit tous les commentaires pertinents – nous a expliqué quelque chose d’intéressant à ce sujet. Voici son message :
Dans son discours à la nation française, le président Macron a fustigé l’ « hystérie collective » s’emparant de ses compatriotes qui se ruent dans les magasins et s’arrachent le papier de toilette. Sur ce coup-là, on ne va pas lui donner tort. Mais il ne s’agit là que d’un épiphénomène. Le phénomène, c’est tout autre chose. À la fois bien documenté et mystérieux, l’hystérie collective est définie depuis Sigmund Freud comme « une lutte contre l’angoisse par conversion somatique », c’est-à-dire par le développement de symptômes évoquant une maladie corporelle. Il ne s’agit pas de signes cliniques imaginaires mais d’une somatisation réelle créée par l’imagination, en l’absence de toute causalité matérielle objective. La psychiatrie et la psychanalyse étudient ce phénomène depuis des décennies et en ont trouvé de multiples exemples anciens et récents. En 1985, une épidémie de symptômes inexpliqués s’est encore produite parmi le personnel d’un hôpital de Marseille.
Par curiosité, je me suis acheté hier matin l’ouvrage « Les peurs collectives », paru en 2013. Je n’ai pas tout lu mais je suis resté scotché devant le chapitre « la peur sociale somatisée : l’hystérie collective » écrit par Jean-Bruno Renard, professeur des universités à Montpellier. On y lit ceci : « L’hystérie collective se caractérise par des symptômes psychosomatiques : oppression respiratoire ou abdominale, mal de tête, évanouissement, nausées, dermatoses ». Ses causes ? « Une angoisse partagée » découlant autrefois du refoulement sexuel et aujourd’hui, dans nos sociétés modernes, du « stress dû à des pressions psychologiques ». Les psys ne savent toujours pas comment des symptômes physiques peuvent se transmettre par contagion psychique. Mais la réalité de cette contagiosité ne fait plus débat dans leurs rangs. Espérons que l’un d’entre eux va se pencher sur l’épidémie de Covid-19 car le contexte de peur et de stress transmis par les autorités se prête parfaitement à l’émergence d’un tel processus psychosomatique. Merci Monsieur Macron pour cette nouvelle piste explicative ! Elle m’a fait songer que les Italiens, tifosi dans l’âme, sont naturellement plus enclins à l’hystérie que les Scandinaves et les Slaves à sang froid.
L’auteur de ce commentaire avait aussi lu le comparatif des personnes touchées et décédées dans les pays du Nord et du Sud de l’Europe. Et comme on est sérieux, on s’est procuré le chapitre indiqué. On ne va pas tout mettre ici, mais un des exemples fournis est celui des possessions diaboliques.
Si l’on compare avec les « possessions diaboliques » du XVIIe siècle, le contexte religieux, les représentations diaboliques et la référence à la sorcellerie sont totalement absents de ces cas modernes. Pourtant, bien des éléments sont semblables, tels que la communauté de femmes, les symptômes corporels et la contagion exponentielle à partir d’un cas princeps ou « cas modèle ».
On se demande alors si notre diable de président ne déteindrait pas sur « son » peuple...