« Jointe par Le HuffPost, la présidence de l’Assemblée précise que cette initiative intervient à l’occasion de la journée mondiale du théâtre et “s’inscrit dans la volonté d’ouvrir l’Assemblée nationale” avec une création "bien accueillie par la critique" et qui fait “découvrir l’institution à des publics qui ne sont pas adeptes des débats parlementaires”. »
Décidément, ce bon vieux Joey est la vedette du moment. Outre qu’il déclamera de grands textes politiques et révolutionnaires à l’Assemblée le 27 mars 2018, histoire peut-être d’intéresser les jeunes (dont il n’est pas le représentant mais pour les hommes politique déconnectés du réel c’est Joey qui représente la jeunesse depuis environ 30 ans) à la politique, il fait la une de Playboy, le magazine de charme. Le rap, la délinquance et la prison mènent vraiment à tout, crient ses détracteurs.
« Au programme : la langue française, la défense du suffrage universel, la liberté de la presse, la déclaration des droits de la femme et le droit universel à la culture. Un exercice de composition inédit pour le chanteur qui déclare avoir réveillé la “petite âme citoyenne qui sommeille” en lui. » (Le Huffpost)
Pauvre Révolution !
Cette initiative antiraciste dans la droite ligne de SOS Racisme de la part du président de l’Assemblée, l’écologiste pas très révolutionnaire François de Rugy, est le signe d’une main tendue du pouvoir vers le petit peuple. Sauf que Joey Starr ne représente pas grand monde et que ses turpitudes ont agacé beaucoup de monde.
Il y a deux sortes de provocation : celle qui est utile et celle qui est promotionnelle. Joey Starr n’a rien fait avancer ni d’un point de vue politique ni d’un point de vue culturel, sauf pour les amateurs de manichéisme antibourgeois ou antiflics et pour les amateurs de rap. Cette provocation publicitaire fait uniquement trembler les petits Blancs dont font partie les animateurs et chroniqueurs de CNews, la chaîne d’information du Groupe Canal+. On dirait qu’ils ont peur de se prendre une baffe :
Mais admettons que le rappeur soit admis dans l’arc républicain – on a tous droit à une seconde chance – pour déclamer ses « grands » discours, dont le chanteur semble relativement éloigné. Il s’agit de Robespierre (le révolutionnaire guillotiné), Simone Veil (la sioniste panthéonisée), Olympe de Gouge (la première féministe), Toqueville (le philosophe démocrate), Victor Hugo (le poète exilé), Jean Jaurès (le socialiste assassiné) ou encore Aymé Césaire (le poète antiraciste).
Vous le constatez, tout l’arc de la bien-pensance est représenté. Il y en a pour tous les goûts mondialistes. Et la preuve que Joey n’est pas un révolutionnaire, c’est qu’il ne déclamera pas de Céline, par exemple. Car Céline est LA provocation ultime. Alors si Joey est un vrai provocateur, qu’il nous fasse mentir et qu’à la place – par exemple – d’un texte de Simone Veil, qu’il lise une page de Bagatelles pour un massacre !
Là on l’applaudira bien fort. Pas pour avoir lu le texte d’un antisémite notoire qui fait trembler 80 ans après la famille Météo (Klarsfeld) qui fait la pluie et le beau temps dans notre secteur culturel, mais pour s’être insoumis aux ordres de ses Maîtres, ceux qui ont encore des esclaves, dont il fait partie.
Car oui, malgré sa grande gueule, Joey est l’esclave de ses Maîtres qui font de lui ce qu’ils veulent : un homo ou un flic dans des films de gauche, petites humiliations que lui infligent les dominants socialo-sionistes qui ont besoin d’une police aux ordres et d’une escouade de Sentinelle pour se sentir en sécurité.
Les réactions à la nomination de Joey en député d’un jour sont évidemment très binaires : la gauche est pour, évidemment, la droite est contre, évidemment.
#JoeyStarr, rappeur du groupe NTM (Nique Ta Mère), convié par @FdeRugy, président de l'Assemblée nationale, pour donner une représentation de la pièce "Éloquence à l'Assemblée". Bel exemple pour notre jeunesse : devenez délinquant le gouvernement vous sponsorisera ! pic.twitter.com/BMJWv0k8kF
— Dominique Bilde (@DominiqueBilde) 16 mars 2018
On ne pense pas qu’il y ait eu complot joeystarriste entre François de Rugy et le magazine Playboy, désormais entre les mains de Frédéric Taddeï qui a remplacé Frédéric Beigbeder à la direction du journal cochon, et d’ailleurs Beigbeder est en couv du dernier numéro, vous gênez pas les gars. Mais une bonne petite congruence à la Kepel, tout de même.
On nous (re)vendrait du Joey Starr qu’on ne serait pas étonnés. Même le très correct Stéphane Bern, en charge des chasses people du président Macron, transforme Joey en Sarah (Bernhardt) et lui accorde près d’une heure sur la première radio de France... Pas mal pour un « insoumis » !
« Moi je ne vote pas mais j’essaye de participer à la vie citoyenne » (citation de Joey)
Le Monde entre dans la danse oligarchique et nous pond une interview de Mélanie Gourarier, chercheuse au CNRS et auteur (le journal de la Banque et des Marchés écrit auteure mais nous ça nous fait trop mal au cul de violer la langue française) d’Alpha mâle, un livre sur les vrais hommes. La chercheuse analyse la une de Playboy...
- Playboy, le nouveau magazine de charme homosexuel
Et selon Mélanie, qui semble plus féministe que chercheuse, l’« alpha mâle » n’existe pas.
« Le mâle alpha n’existe pas. Ni en tant qu’homme, ni en tant que personnage disposant de qualités qui seraient définies une fois pour toutes. Le mâle alpha, c’est ce qu’on projette comme étant la masculinité idéale. C’est un concept vide que l’on remplit. C’est ce que fait Playboy en remplissant ce modèle du mâle alpha contemporain à venir, de qualités spécifiques, la force physique ou la brutalité, qu’il attribue à JoeyStarr. Il y a une forme naturalisée et essentialisée de ce qui relèverait de ces qualités, or on sait très bien que les qualités de la masculinité sont constamment mouvantes et, comme toute incarnation genrée, ces qualités sont amenées à se transformer dans le temps, en fonction des époques. »
Mélanie termine par une ode non cachée à l’homosexualité, ce qui sauve Playboy de l’accusation de sexisme qui fait l’apologie de la violence faite aux femmes, car Joey a avoiné pas mal de gonzesses [1] et un singe :
« Il s’agit d’un magazine érotique destiné aux hommes, qui présente un homme qui est dans un modèle de masculinité extrêmement traditionnel, mais qui est érigé comme homme-objet. C’est peut-être ça, la transformation. Donc il y a chez eux comme une intention de souligner un paradoxe pour dire : comment cet homme-là, par cette virilité traditionnelle, peut-il se renouveler et participer à la modernité ? »
Décidément, le Système veut par tous les moyens faire de Joey un pédé ! Joey, défends-toi, prouve que tu es un mâle alpha, et pas la danseuse de tes Maîtres !