Jérémie Assous était jusqu’à peu peu connu (on fait ce qu’on peut, grammaticalement) et aujourd’hui, on ne parle que de lui. Petit portrait d’un néo-salaud, au dire de ses consœurs.
Jeremstar du barreau (!)
Défendre le « cachalot », comme l’appelle Anouk Grinberg, qui met en scène un esclandre pendant le procès pour se faire éjecter de la salle et annoncer dans la foulée la sortie de son bouquin victimaire anti-Bertrand Blier, ouf, n’est pas une partie facile dans une France encore woke, malgré le revirement mondial. Et puis, la justice est féminisée, donc féministe. Les hommes qui ont fait face à des juges femmes savent ce que ça veut dire...
Après cette introduction sexiste, place à l’actu, et à Jérémie. Oui, Jérémie est juif, et alors ? Il y a de bons juifs, comme il y a de mauvais chrétiens ou d’excellents musulmans (notez la pondération douteuse). Assous défend l’indéfendable, l’autre nom de Gégé, qui souffre d’un Parkison de la paluche dans son commerce avec les dames. On va essayer de parler par métaphores.
Un baveux qui va à contre-courant du féminisme, en plein prétoire, ça ne peut que nous intéresser. Retour sur la polémique avec deux tribunes du Monde autour du bonhomme. Ce sont ses consœurs, qui défendent les prétendues victimes de Gégé, qui, le 28 mars 2025, tirent les premières.

La suite, les violations du code MeToo par le Jeremstar du barreau, est un nectar :
« Madame », « Chère amie », « Mademoiselle » , « Allez pleurer », « C’est quoi ce rire d’hystérique ? », « C’est insupportable, déjà votre voix, c’est dur »… Voilà quelques morceaux choisis de ce qu’il fut donné à entendre au public du tribunal judiciaire de Paris lors de l’audience correctionnelle visant un acteur célèbre.
La défense, encouragée tant par le mutisme absolu du tribunal dans son ensemble que par l’absence de réaction de l’ordre des avocats, pourtant représenté, s’en est donné à cœur joie en matière de sexisme et de misogynie, allant bien au-delà de ce qu’il est convenu d’appeler, même de manière extrêmement large, les « droits de la défense ».
Tiens, la défense se doit d’obéir au code déontologique choisi par les avocats de la partie civile, en l’occurrence le magistère moral de la gauche, carrément du marbre. Assous est accusé de « masculinisme », ce qui selon nos informations n’est pas encore interdit, ou alors faut interdire aussi le féminisme. Habilement, à la Vergès – Jerem, tout juif qu’il est, est un admirateur du vieil antisémite –, emportant les confrères dans le piège, Assous attire sur lui les critiques, déviant les flèches normalement destinées à son client. Un vrai défenseur, pour le coup ! Une défense de rupture, classique mais toujours aussi efficace.
Cela ne sauvera peut-être pas Gégé de la géhenne ou de la guillotine, puisque la Gauche (avec un grand g) l’a déjà condamné. Il ne tournera plus, c’est évident, et chacune de ses apparitions publiques sera suivie d’une cohorte de Femen en mal de caméras et d’un millier d’actrices dont le métier, pour le coup vraiment sexiste, ne veut plus.
Quant aux victimes, l’habileté aurait été de ne pas prendre de défenseuses, mais des défenseurs, pour contrer l’effet Assous. Mais le féminisme a tellement l’habitude d’avoir raison, d’avoir éteint tout contradictoire à l’image des sionistes avec l’antisémitisme...
Procès de moscouille
On n’oublie pas, pour finir, la tribune réponse de Jerem dans le même Monde, le 9 avril 2025, soit une douzaine de jours plus tard. L’attaque (de la tribune) est logique, tant les consœurs ont dérapé, déontologiquement parlant.
Avec leur tribune contre la défense de Gérard Depardieu publiée en cours de délibéré, les avocates des plaignantes peuvent se prévaloir d’avoir inventé une nouvelle sorte de pression sur les délibérations des juges. De mémoire d’avocat, on n’avait jamais vu cela : une partie civile qui fait appel au tribunal de l’opinion sur la façon qu’ont les juges de mener les débats, et des avocats qui en appellent à un public qui n’a pas assisté à l’audience, contre l’ordre des avocats qui y était représenté.
la suite, c’est un mitraillage en rase campagne, une boucherie. Les féministes sont priées de ne pas lire ce qui suit.
Tout d’abord, il n’y a de procès équitable que dans le respect du principe du contradictoire. Aussi désagréable que cela puisse être pour les plaignantes, un procès n’est pas une cérémonie expiatoire visant à mettre en scène un accusé venant enfin à résipiscence. Cela est bon pour les procès tels que ceux de Moscou.
Le nouveau dogme du « on vous croit » n’est tout simplement pas compatible avec le code de procédure pénale. Que des femmes qui disaient la vérité n’aient pas, des siècles durant, été entendues ne signifie pas qu’aucune d’entre elles soit dans l’incapacité absolue de mentir. Une heureuse mutation est en cours dans les rapports entre hommes et femmes, mais cela ne rend pas acceptable de rendre tel ou tel « monstre sacré » coupable de tous les crimes passés du patriarcat ni de lui reprocher, pour mieux le nier, le droit de contester et de se défendre.
La troisième rafale trumpise carrément le dogme féministe :
L’institution judiciaire est soumise de tous côtés à des attaques inédites. Paradoxalement, trumpistes, lepénistes, néoféministes et consorts font ici cause commune. « Cause du peuple » ou « cause des femmes », tous pensent détenir l’évidence d’une définition substantielle du bien commun, qui rendrait obsolète une justice indépendante.
Le feu d’artifesses final, pour nous, c’est le coup de la sentence contemporaine. On met ça et on arrête de piller Le Monde, promis, qui a quand même fait son travail de contradictoire.
Nous nous sommes habitués à vivre dans une époque où l’exécution précède la sentence, et la sentence le procès : une frappe de drone préventive, un tir de LBD [lanceur de balles de défense] qui éborgne un manifestant « menaçant », une campagne calomnieuse qui isole mortellement sa cible, tout cela relève de la même logique. Dans une époque acquise à l’efficacité, le droit, avec ses principes vieux comme l’Empire romain, a quelque chose d’aussi désuet que les robes des magistrats, le décorum du tribunal et les citations latines.
Que voilà une sacrée leçon de droit dans la gueule. Pour un peu, les consœurs, si sûres de leur propre droit de femmes et de leur victoire, et qui doivent désormais aller se rhabiller piteusement, iraient se plaindre au juge pour coups et blessures au féminisme, presque un viol.