François Hollande a pris la décision de faire entrer mercredi quatre nouvelles personnalités au Panthéon, des figures de la Résistance, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Claude Brossolette et Germaine Tillion, ainsi qu’un certain Jean Zay.
Décrit comme « républicain, juif et franc-maçon » par le Cercle d’étude de la déportation et de la shoah, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du gouvernement du Front populaire de 1936 à 1939, il est arrêté en août 1940 à Casablanca pour « désertion en présence de l’ennemi ». Il est d’abord condamné à la déportation à vie et à la dégradation militaire, puis finalement expédié à la maison d’arrêt de Riom, où il résidera durant toute l’Occupation, avant d’être abattu par trois miliciens le 20 juin 1944.
La décision du chef de l’État avait déjà été vivement critiquée par le Comité national d’entente (qui fédère une trentaine d’associations d’anciens militaires, de vétérans et de réservistes) en mars 2014, dans un communiqué où étaient notamment dénoncés les écrits de Jean Zay contre les symboles de la nation, comme son poème Le Drapeau, écrit en 1924 :
Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là.
Quinze cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tous les pays.
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore…
Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse,
Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur…
Qu’est-ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ?
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille morts pour cette saloperie.
Quinze cent mille éventrés, déchiquetés,Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille,
Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS,
Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS.
Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières
Sans planches et sans prières…
Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux
De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ?
Ils ne sont plus que des pourritures…
Pour cette immonde petite guenille !
Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement,
Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes
Je te hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille
Je te hais pour tous ceux qui te saluent,
Je te hais a cause des peigne-culs, des couillons, des putains,
Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre,
Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial,
Le défi aux hommes que nous ne savons pas être.
Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel,
Le blanc livide de tes remords.Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup
Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts.
Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires,
Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.