C’est devenu une véritable épidémie, dans le milieu des actrices : dès qu’un réal n’a plus de pouvoir, c’est-à-dire de budget et de commandes, qu’il est HS ou hors milieu, son CV de prédateur sexuel lui revient dans la gueule. Et dans un cinéma français fondé, entre autres, sur la fascination réciproque dans le couple réalisateur-actrice, on en a pour des années de révélations... tardives.
Mieux vaut tard que jamais, dit le dicton. En l’occurrence, mieux vaudrait tôt que tard, pour la crédibilité des actrices qui se transforment en victimes, une fois leur carrière faite, ou déclinante.
Cette semaine, après la saga Godrèche, au tour d’Isild, la petite sœur Le Besco (la grande c’est Maïwenn, passée derrière la caméra) de tirer deux balles, une sur Jacquot, l’autre sur Doillon.
Ça nous rappelle, on sait pas pourquoi, la scène du voleur de poulet dans La Liste de Schindler. On vous la refait : le commandant du camp de Plaszow demande qui a chouré le poulet aux détenus présents. Comme personne ne se dénonce, il abat un des juifs, au hasard.
Attention, on n’est pas là pour dire que Benoît (Jacquot) n’a pas profité de son statut pour faire des choses avec Isild, ni pour victimiser les actrices à la « 1942 », mais l’épidémie sent l’acharnement sur les réals déclassés. On va le dire autrement.
On voudrait savoir si des réals au top du box-office, qui ont donc une énorme influence sur la carrière des actrices, ne sont pas en train de faire du Jacquot, actuellement. En gros si on n’a pas des Jacquot en cours d’exaction.
On pense, par hasard, à l’immense réalisateur, sorte de Scorsese français, auteur des chefs d’œuvre Les Tuche. Non, l’oreillette nous dit que les actrices hétéros, ce n’est pas son truc. On respire !
Isild a confié sa souffrance au Parisien du 22 février 2024. À l’époque des faits, elle a 16 ans, comme Judith, et le réal 52. Nous avons isolé 2 extraits de cette interview glaçante, car il y est question d’« emprise » et ça, ça fait hyper peur.
Avec Doillon, on monte d’un cran dans la violence :
Apparemment, y a pas eu viol mais c’est passé à deux doigts. Isild reprend le flambeau de Judith (Godrèche), qui a visiblement bouclé sa tournée des médias avec la cousine Devillers. La victime de la semaine prépare un livre sur son expérience négative dans le cinéma patriarcal. Nous finirons sur une citation d’Isild, qui corrobore notre introduction :
« Le système est tel que l’actrice dépend du désir du réalisateur de la filmer et de la faire exister. Dès lors qu’elle ne suscite plus l’intérêt des réalisateurs, elle perd du même coup delui des médias et des spectateurs. »
Le problème, c’est qu’elle ne parle que des actrices qui suscitent le désir des réalisateurs, donc qui sont sexy, ou sexualisables. On ne parle pas des, selon nous, vraies actrices dont le niveau de jeu augmente la qualité d’un film, et qui ne sont pas là pour jouer les potiches ou les allumeuses. Le problème, il est là aussi.
Certes, des réals ont abusé des jeunes filles qui les faisaient bander en les embauchant juste pour leur cul, mais il s’agit d’une certaine catégorie d’actrices. Ce ne sont évidemment pas des putes, comme on peut l’entendre au fond de la classe – toujours les mêmes, hein –, mais des actrices qui acceptent, en quelque sorte, des rôles d’allumeuses du désir.
Dans la bande-annonce de L’Intouchable de Benoît Jacquot (2006), Isild se met à poil dès les premières images :
Dans Sade, elle n’a pas 18 ans, et joue la jeune maîtresse du marquis, qui se touche la braguette et lui demande d’ouvrir grand la bouche. Il lui apprend la soumission (c’est pour ça qu’Ardisson insistait sur ce concept dans TLMP) :
Selon Le Figaro, Benoît Jacquot « esquisse un autoportrait » dans ce film, où « [le] récit de l’initiation d’une jeune fille par le sulfureux marquis » renvoie aux relations entre le réalisateur et « une actrice débutante, Isild Le Besco ». Daniel Auteuil a même affirmé que, pendant le tournage, il observait Benoît Jacquot en tant que source d’inspiration pour incarner Sade. (Wikipédia)
De ces films d’allumeuses faits par des allumés, il ne reste rien, personne ne va les voir, c’est du perdant-perdant sur toute la ligne. Qui peut citer 3 films avec Isild (sans tricher avec les deux bandes-annonces précédentes) ? Ce sont des films uniquement tournés pour sauter de la jeune beauté, ça n’a rien de culturel, et encore moins culte.
Nous, on préfère, par exemple, en guise de contre-exemples, la Signoret dans Le Chat ou dans La Veuve Couderc (où la grosse milf des champs se fait quand même sauter par un Delon en cavale), la Devos dans Sur mes lèvres. Même Sharon Stone n’a pas un rôle sexué dans Casino !