Pour Jacques Attali, « les Anglais ont toujours gardé leurs distances, croyant plus ou moins à tort que la construction européenne était hostile ou contradictoire ou antagonique de l’identité nationale, ce qui n’est pas le cas ». Sauf que Jacques-a-dit se trompe : l’Union européenne, surtout depuis l’élargissement délirant et non préparé des années 2000, est devenue antinomique des nationalismes.
Que dit le mage Attali ? Que désormais, les Anglais ont un projet, national même, (incroyable dans sa bouche, n’est-ce pas ?), et que quand un pays a un projet, en général il le réussit (gros clin d’œil vers le projet eschatologique des juifs en terre palestinienne). En face de ça, l’Europe n’a pas de projet, sauf la « routine », ce qui explique la désaffection des peuples, leur désamour.
« La routine européenne nous empêche ou nous camoufle que nous n’avons pas de projet national »
Incroyable ! L’homme qui chantait il y a 23 ans les louanges d’une Europe qui allait sauver l’emploi et la croissance, maintenant nous vend un projet national ! C’est plus un mage, c’est une girouette magique ! Pour info, fin 2019, la croissance de la zone euro était de 1 % et le chômage à 7,6 %, ce qui représente 12 millions de personnes dans la zone euro et 15 millions dans l’Union européenne. Mais si le calcul se fait comme en France en oubliant les précaires et les temps partiels, alors on peut doubler ce chiffre.
des européistes (Attali et Veil) et la lucidité des nationalistes (Garaud et le Che)
Conscient de son oxymore, le mage se reprend :
« Il nous faudrait à la fois un projet national et un projet européen »
Ce qui est encore plus incompatible !
Pour comprendre la suite de l’interview, centrée sur la situation française, qu’il juge « inquiétante », nous publions un extrait de son blog (ne manquez pas son appel à la répression impitoyable contre les syndicalistes en lutte).
« Les réseaux sociaux ajoutent à cette libération de la parole. La haine y est partout. Les menaces de mort, en général anonymes, s’y multiplient. Comme si ces gens-là prenaient prétexte de ne pas être entendus, dans le cadre des institutions, pour crier de plus en plus fort. Cela ne s’arrêtera pas au champ de la politique. Ce langage deviendra celui de la conversation quotidienne, et la menace n’y sera plus, ne sera plus virtuelle. C’est là où “la banalité du mal”, concept philosophique imaginé en 1963 par Hannah Arendt à propos de Adolf Eichmann, prend un tout nouveau sens.
Ce retour de la violence verbale, prélude à celui de la violence physique, est particulièrement inquiétant en France, pays qui n’a jamais accepté l’idée de se réformer, et qui n’avance que par des révolutions. Au point que ce sont des révolutions, ou des coup d’État, qui ont enfanté, d’une façon ou d’une autre, nos cinq Républiques. »
Et un point Godwin, un. Petite mise au point pour vérifier, si besoin était, de quel côté se situe le conseiller des princes...
« Quand on voit défiler aux flambeaux avec la tête du président de la République au bout d’une pique, tout est dépassé, c’est pas possible. Finalement, on finit par faire ce qu’on dit et là il y a une annonce révolutionnaire... C’est-à-dire un fantasme de dégagisme hard. »
On sent que la peur s’insinue chez les élites, le message populaire est passé. Un an de contestation sociale et de violences oligarchiques contre les pauvres n’ont rien déclenché en termes de concessions, mais une petite manif avec des têtes en carton au bout de piques, et tout de suite, la Terreur est là.
Le mage, qui n’avait pas prévu l’insurrection en cours, poursuit :
« Vous savez, j’ai entendu plusieurs présidents de la République me dire “si je fais ce que tu me proposes, ils vont mettre ma tête au bout d’une pique.” Donc beaucoup de présidents de la République n’ont pas réformé le pays de peur de la tendance révolutionnaire. »
La France serait donc révolutionnaire dans l’âme et non réformiste, ce que notre Histoire montrerait. Pourtant, Jacques-a-dit devrait se réjouir de ce que la Révolution, celle de 1789, ait donné la liberté aux siens. Mais si la Révolution de 1789 a donné l’égalité civique aux juifs, le mage craint que la prochaine ne les vise comme nouvelle aristocratie, il ne le dit pas ainsi mais c’est notre traduction. Il pense comme Badinter que les manifestants ont été trop loin, qu’ils ont dévoilé leur désir révolutionnaire, et qu’après les mots, il y a les actes.
On sent une peur bleue chez les nouveaux sang bleu, mais ces derniers doivent comprendre, et Attali au premier chef puisqu’il est à l’origine de ces fameuses « réformes » qui foutent le feu au pays, que ce sont eux qui ont allumé la plupart des foyers qui brûlent la France de 2020 : immigration massive hors besoins économiques, destruction programmée du socle chrétien, abaissement du niveau scolaire pour raison fallacieuse d’égalité – ce concept franc-maçon –, régression sociale et chômage de masse pour augmenter le profit, disparition des services publics – le patrimoine de ceux qui n’en ont pas (on aime bien cette phrase, alors on la répète) – au bénéfice des appétits privés et puis, surtout, ce mépris de classe qui confine au racisme antifrançais et ce trustage éhonté de tous les postes médiatico-politiques.
Ça énerve, vois-tu, Jacques.
C’est le moment pour nous de placer la phrase favorite de Zemmour, son coreligionnaire :
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »