L’essor économique chinois, les exportations du Japon et de la Corée, montrent l’importance, voire la prédominance future de la façade maritime asiatique orientale dans les échanges internationaux. Un simple coup d’œil sur une carte suffit à démontrer que l’essentiel de la façade maritime d’Europe de l’ouest est concentrée majoritairement en mer du nord, de Zeebrugge à Hambourg...
Actuellement, le transport maritime le plus court Asie-Europe implique de remonter la mer rouge et de traverser la toute méditerranée à partir du Canal de Suez, puis de contourner l’Europe avec les deux passages redoutables par la concentration du trafic que sont le rail d’Ouessant et le Pas-de-Calais...
Les navires à très fort tirant d’eau, dépassant 22 m – restant interdits malgré les travaux d’agrandissement et de sur creusement du canal – tels les pétroliers et minéraliers géants restent contraints de faire le tour par le cap de Bonne Espérance, cependant compte tenu du montant des droits de passage perçus à Suez, certains armements de marchandises générales font aussi le choix de ce trajet.
Suez reste donc le point de passage obligé de l’essentiel du trafic de marchandises générales depuis l’Asie.
La position d’Israël lui assurerait donc une place géostratégique de choix pour contrôler potentiellement ce commerce est/ouest, une arme que Netanyahou n’allait pas manquer de chercher à exploiter.
Le projet « Red Med » lancé en 2012
Il s’agit de s’affranchir du canal de Suez en développant le port d’Eilath (mer rouge) et celui d’Ashod – voire d’Haïfa – sur la méditerrané. Le transfert de charge terrestre étant assuré par voie ferroviaire.
Un chantier auquel la Chine, premier exportateur asiatique vers l’Europe, a été associée pour calmer ses inquiétudes quant au développement de ses « nouvelles routes de la soie » : la construction des 200 km de voie ferrée au-delà de Dimona (centre nucléaire israélien) entre le Zin et Eilath lui est confiée.
Un système qui « doublera » le canal de Suez (éventuellement ultérieurement rendu inutilisable par la suite sous couvert de rétorsion face aux « attaques terroristes égyptiennes » ) et qui assurerait à terme le contrôle israélien total des nouvelles routes de la soie et accessoirement la perception de substantiels « droits de passage » sur l’essentiel du trafic est/ouest Europe Asie...
C’est également un verrou stratégique permettant à Israël d’isoler définitivement le golfe persique du monde méditerranéen.
Comme l’a proclamé Haaretz avec enthousiasme :
« Oubliez le canal de Suez et prenez le train à Eilat. La ligne opérationnelle 24 h sur 24 sera une alternative pratique et peu onéreuse au passage est-ouest depuis l’extrême orient via le canal de Suez »
Les Israéliens sont par ailleurs conscients de leur inféodation totale aux États-Unis et du risque à court terme de la non réélection de Trump dans deux ans… Aussi la perspective d’un partenariat chinois durable pourrait être une alternative orientale (chinoise) durable à une alliance atlanto-sioniste aujourd’hui triomphante mais précaire...
Dans cette perspective d’avoir toujours deux fers au feu que le port d’Haïfa pour être confié…à la Chine, ce qui ne fait évidemment pas l’affaire des américano-sionistes…
Le « passage du nord-est »
Las le réchauffement climatique va en décider autrement !
La nouvelle n’a pourtant eu que très peu d’échos, annoncée le 27 septembre, lors de son voyage retour, à son entrée à Saint-Pétersbourg...
Pour la première fois un porte container de 44 000 t, le Vanta de l’armement danois Maerks, parti de Vladyvostock le 23 août, a rallié, depuis Busan en Corée du sud, Bremenhaven en passant par le passage du nord : le détroit de Béhring et l’océan arctique rendu suffisamment libre de glaces (avec tout de même encore l’assistance ponctuelle d’un brise-glace pour permettre la navigation).
C’est un vieux rêve maritime que ce passage du nord-est : celui d’une ligne Europe-Asie qui fera gagner, en temps plus de quinze jours de mer, et les frais qui vont avec...
Sans parler du droit de passage de Suez (ou d’Eilath ?) et des risques en courus par les navires dans le Golfe Persique.
Mais ce n’est plus un rêve !
C’est donc à très court terme la fin des espérances israéliennes du contrôle maritime total (et futur péage) sur les marchandises russes, japonaise, coréennes, et chinoises à destination du monde occidental, avec toutes les considérations géostratégiques qui s’y rattachent...
Confier le port d’Haïfa aux Chinois serait donc là aussi un moindre mal.