On savait qu’Israël violait allègrement la souveraineté syrienne en attaquant des convois d’armement du Hezbollah, d’après la communication de l’armée israélienne. Des armes venues de l’Iran et soi-disant destinées au Liban. Les filières Iran-Syrie n’étant pas accessibles à la chasse de l’État hébreu, du fait de la présence russe, et d’un probable accord de non-agression avec les Russes.
Cependant, ce n’est pas la première fois que sous prétexte de s’en prendre au Hezbollah, les Israéliens visent des cibles militaires de l’armée syrienne. Cette fois-ci, les Syriens ont répondu par des tirs de missiles, arguant avoir descendu un chasseur israélien. Information démentie par Tel-Aviv. C’est pour cette raison que les Israéliens, à travers les Américains, ont tout fait pour empêcher l’arrivée des S-300 en Syrie, ce dispositif de sécurité anti-aérienne.
- Lancement d’un missile balistique Arrow 3
Gendarme... ou voleur régional
Lors de ces combats air-sol et sol-air qui ont eu lieu jeudi 16 mars 2017 dans la nuit, les Israéliens ont activé par crainte de représailles syriennes leur système de défense anti-missile Arrow, de fabrication américaine. Pour une fois, les observateurs internationaux n’ont pas eu droit aux sempiternels mensonges par silence ou omission des Israéliens. Mais si les missiles syriens ne sont pas de toute dernière génération, ce sont bien les missiles iraniens balistiques que les Israéliens craignent comme la peste. Des Iraniens qui ont pénétré loin en Irak et en Syrie depuis 2013, sanctionnant la politique israélo-américaine de déstabilisation de la région. Car aujourd’hui, malgré ses 180 à 200 têtes nucléaires, Israël, au vu de ses relations avec ses voisins arabes, ne peut pas tenir lieu de gendarme du Proche-Orient. C’est même plutôt le contraire : l’entité israélienne jouerait plutôt le rôle du voleur de la région...
- Cette carte datant de 2013 permet d’appréhender les forces qui s’exercent sur la Syrie
Pour info, Israël et la Syrie sont toujours en guerre depuis 1967, date à laquelle le Golan a été occupé par l’armée israélienne. C’est en 1981 que le plateau du Golan, ce secteur stratégique, sera occupé, coupant une partie de la Syrie de ses réserves en eau. Un an plus tard, la Syrie occupera le Liban. Coup pour coup.
Il y a la guerre visible et la guere invisible. La visible, ce sont les bombardements. L’invisible, ce sont les déstabilisations. Dans cette catégorie, les Israéliens sont champions, si l’on peut dire : au moindre pépin ils en appellent à la communauté internationale, avec battage médiatique mondial. Inversement, les sanctions de l’ONU sont sans effet quand Israël grignote des terres à ses voisins. Le Grand Israël est en marche, mais la logique de déstabilisation et de remodelage des frontières présente un danger certain. L’ex-président de la république islamique d’Iran Ahmadinejad avait raison quand il disait, le 22 mars 2007 sur France 2 à David Pujadas, à propos des Américains et d’Israël :
« Leur bombe les sauve-t-ils du bourbier irakien ? […] L’État d’Israël, qui a la bombe, a-t-il gagné au Liban ? […] Je sais qu’aux États-Unis aujourd’hui il y a des sages qui ne commettront pas cette folie. […] Où est l’Union Soviétique, elle a disparu, non ? […] Pour la Palestine nous avons une solution humaine, organiser un référendum pour mettre fin à 60 ans de guerre. »
Lors de sa visite à Moscou le 9 mars 2017, Netanyahou a demandé à Poutine de respecter la souveraineté israélienne sur le Golan, demande qui, de la part d’un voleur de territoires, a dû faire sourire le président russe. Seconde demande, ou message, le droit de bombarder les filières d’armements « sophistiqués » du Hezbollah destinés au Liban. Oui mais voilà : entre des armes iraniennes qui viennent renforcer l’arsenal des combattants du Hezbollah en première ligne à Palmyre ou Raqqa, et celles qui sont destinées au Liban, bien malin qui du ciel peut faire la différence.
« Quand on identifie des tentatives de transfert d’armes sophistiquées au Hezbollah et que nous avons des informations des services de renseignement à ce sujet, nous agissons pour les prévenir » (Netanyahou)
- Parade du Hezbollah en Syrie avec de l’armement lourd
En outre, les Israéliens ont cru que la guerre d’usure menée par les mercenaires du bloc arabo-israélo-américain – soit Daech – en Syrie allait épuiser les capacités militaires du Hezbollah, dont les combattants sont souvent en première ligne pour reprendre les villes aux djihadistes anti-Assad. Si le Hezbollah a perdu près de 1 500 combattants en Syrie (officiellement 1 200 début 2016) – les sites internet israéliens insistant de manière récurrente et grossière sur l’affaiblissement de ce corps de miliciens, qu’ils nomment « terroristes » – les pertes en hommes sont compensées par les troupes iraniennes et un armement de plus en plus lourd.
Israël se frottait les mains à l’idée d’assister à l’affaiblissement du Hezbollah au Liban du fait de son engagement en Syrie. Le pays de Netanyahou se retrouve avec la puissante force al-Qods iranienne aux portes...Il semble bien que le plan Grand Israël au Proche-Orient connaisse quelques ratés inquiétants.