L’accord sur le nucléaire iranien, conclu le 14 juillet à Vienne, est entré officiellement en vigueur ce dimanche, ouvrant les portes du pays aux investissements étrangers
Les États-Unis et l’Union européenne devaient formellement annoncer la levée des sanctions contre l’Iran, le 18 octobre. Une décision qui ne sera toutefois pas effective avant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’ait publié, le 15 décembre, son rapport d’évaluation des actions entreprises par Téhéran pour se conformer à l’accord signé en juillet à Vienne entre les grandes puissances et le pays. Cette levée des sanctions sera mise en oeuvre progressivement au cours des huit prochaines années.
« C’est un jour qui fait date pour un accord historique », s’est exclamé dimanche le ministre britannique des Affaires étrangères, Philipp Hammond. Après deux ans de négociations, l’accord sur le nucléaire iranien est officiellement entré en vigueur. Un accouchement difficile ! Jusqu’au bout, les Républicains ont tenté de faire capoter l’accord aux États-Unis avec le soutien des lobbys pro-israéliens. Même opposition des ultraconservateurs en Iran qui n’ont toutefois pas réussi à influer sur le Majlis, le Parlement iranien, qui a approuvé le texte signé à Vienne. Cet accord consacre le retour de l’Iran dans le concert des nations et ouvre la porte aux investissements étrangers. Son application sera toutefois longue et assortie de garanties. Prochaine étape : l’obtention d’un « implementation day », date à laquelle les sanctions pourront commencer à être levées, probablement durant le premier semestre 2016. D’ici là, les autorités iraniennes devront continuer à remplir leurs obligations comme la réduction drastique du nombre des centrifugeuses, l’élimination d’une grande partie du stock d’uranium enrichi, le démantèlement du cœur du réacteur à eau lourde d’Arak. Les dernières sanctions ne disparaîtront que dans huit ans à condition que l’accord ait pleinement été appliqué.
« On devrait avoir un dégel progressif des avoirs financiers iraniens à partir du début de l’année prochaine, précise Michel Makinsky, chercheur associé l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). Mais ce n’est pas le jackpot espéré. Sur les 100 à 150 milliards de dollars que les Américains prétendaient bloqués, pas plus de 30 milliards ne semblent être mobilisables. »
Alléchées par les perspectives offertes par un marché de 80 millions d’habitants, les entreprises occidentales ont pourtant déjà repris le chemin de Téhéran. Le président moderniste, Hassan Rohani, a un discours séduisant : il s’engage à faire de l’Iran un pays émergent prenant toute sa part dans un marché globalisé. Il affiche sa détermination à lutter contre la corruption et à réformer une gouvernance opaque. Aux visiteurs étrangers, ses ministres présentent un « master plan » bien rodé. Dans le domaine des hydrocarbures, l’Iran a besoin des majors occidentales pour exploiter ses ressources. Objectif : passer rapidement d’une production de 2,9 millions de barils par jour à 5 millions. Des projets qui tournent autour de 250 milliards de dollars, aussi bien dans l’extraction que dans le raffinage et la pétrochimie. La priorité est de fournir le marché national et d’exporter les surplus dans la sous-région, notamment en Turquie, en Inde et en Chine. La stratégie iranienne devrait être dévoilée du 19 au 21 octobre lors de la conférence Pétrole et Gaz à Téhéran au cours de laquelle 50 nouveaux projets seront présentés aux investisseurs.