Première partie
Alain Soral – On n’est
pas amplifiés, hein. Au son naturel. Je voudrais déjà remercier
nos camarades québécois ici présents et Éric [Gareau], qui est la
puissance invitante. Et déjà, vous dire une première chose. C’est
que, moi, je suis venu non seulement pour vous parler, mais aussi
pour découvrir le Québec, puisque j’en rêve beaucoup depuis la
fameuse phrase de de Gaulle, « Vive le Québec
libre ! », qui était un petit peu un vœu pieux, je
crois, mais qui a quand même une petite réalité, j’ai cru
comprendre, en me promenant ici depuis quarante-huit heures.
Je suis touché à plusieurs
niveaux. D’abord, je suis très ému d’arriver si loin de la
France dans une contrée francophone. C’est très émouvant de voir
des gens qui finalement défendent la francophonie bien plus que
nous-mêmes en France, souvent. C’est très touchant. Deuxièmement,
je suis touché de quelque chose dont on avait parlé mais que j’ai
vérifié, c’est de la gentillesse des gens. Il y a quelque chose
de sain dans la population québécoise francophone qui s’est un
peu perdu en France. Une gentillesse, peut-être pour ceux qui sont
venus en France, qu’on trouve moins facilement chez les Français.
Donc, je suis doublement content d’être là, pour la francophonie
et la gentillesse.
Et troisièmement, je viens aussi
ici parce que je me dis qu’à terme, comme on en parle souvent avec
Piero, si ça se passe trop mal en France pour nous, on sera
peut-être obligés d’émigrer. Et comme, moi, je ne suis pas très
doué pour les langues, et que je suis profondément patriote, il n’y
a pas trente-six endroits où on peut aller, où il y a des
populations qui parlent français, qui aiment, je crois, une certaine
culture rattachée à la France. Donc, il est possible, je prends un
peu des mesures ici, pour voir si je ne viendrai pas bientôt me
réfugier parmi vous. Ce qui me permet d’introduire Piero, comme
vous le savez.
Puisque moi, je pense qu’ici vous
avez à peu près tous lu, ou vous connaissez à peu près tous mon
bouquin, Comprendre l’Empire. Oui. Ceux qui ne savent
pas du tout ce que j’écris, ils n’ont qu’à lever la main.
Non. Tout le monde sait à peu près. Je n’aurais pas besoin de le
refaire, c’est ça qui est bien. On va pouvoir plus discuter. Je ne
vais pas vous faire une conférence de présentation globale du
bouquin que vous avez à peu près tous lu.
Mais ce qui est sûr, c’est que
notre relation [avec Piero San Giorgio], c’est « comprendre
l’Empire » et donc quelque chose qui nous amène pas loin
d’un chaos. Et puis, derrière, nous avons Piero, c’est la
deuxième lame du rasoir, c’est « survivre à l’effondrement
économique », puisque, moi, je vous annonce, quelque part, la
mécanique de l’effondrement. Et une fois qu’on a admis que notre
monde allait peut-être pas mal se dégrader dans les mois qui
viennent. D’ailleurs on vérifie avec l’actualité que ce sur
quoi j’avais pris des paris, ce sur quoi j’avais anticipé –
parce qu’il y a toujours une prise de risque et un risque d’erreur
–, on voit en ce moment, avec ce qui se passe en ce moment,
notamment le fameux sketch de Netanyahou à l’Onu avec la
petite bombe et le trait rouge-là, que nous sommes effectivement
dans une période qui ressemble effectivement à l’avant-guerre. Je
suis même étonné parfois et inquiet d’avoir relativement raison
sur mes spéculations.
Donc, effectivement, une fois que
tout ça sera parti, on voit bien ce qui peut se passer : la
Syrie, l’Iran ; ça peut partir de partout. Mais il va falloir
se poser la question – et ça c’est plutôt le domaine de Piero
–, une fois que le monde se disloque et part dans tous les sens,
comment on fait pour tenir, survivre, sauver ce qui peut être sauvé,
sauver ses propres fesses, déjà, sauver aussi la civilisation. Et
ça, c’est un peu l’articulation de nos deux travails. C’est
analyser le pourquoi, le mécanisme de l’effondrement, et comme on
est dans le monde réel – on n’est pas dans le monde virtuel –,
une fois qu’on a admis que l’avenir était dangereux, comment
effectivement survivre de manière modeste. Parce que c’est ça un
peu l’idée. On n’est pas dans l’idée qu’on va « changer
le monde », comme à l’époque où on pensait aux
« lendemains qui chantent ». Mais c’est un peu que ceux
qui ont compris, ceux qui veulent s’en sortir, se débrouillent,
effectivement, pour échapper à la catastrophe assez imminente. Et
là, ça, c’est plutôt le domaine de spécialités de Piero, et
aussi d’ailleurs de notre camarade Éric [Gareau] qui nous a
démontré cet après-midi qu’il avait même une certaine avance
sur nous. Voilà.
Donc, comment démarrer ?
Piero Sans Giorgio –
Pourquoi l’Empire et où il nous amène ?
Conférence d’Alain
Soral
Alain Soral – Oui. Ceux qui
ont lu le bouquin voient à peu près les grandes lignes. Moi, j’ai
commencé mon bouquin à la Révolution français, bon, pour voir les
grands principes. Mais je pense que, là, par rapport à la séquence
actuelle, on voit bien qu’il y a une période assez prospère qui
est la conséquence de la Deuxième Guerre mondiale. C’est-à-dire
que pour qu’il y ait eu cette prospérité d’après-guerre, il a
fallu un grand cataclysme qui s’est appelé la Deuxième Guerre
mondiale, sur lequel je ne vais pas trop m’appesantir. Mais on
était dans une séquence, effectivement, qu’on a appelée les
« Trente Glorieuses », de 1945 à 1973.
Ce qui est intéressant d’ailleurs,
c’est que la fin des Trente Glorieuses correspond au premier choc
pétrolier. Donc, on voit déjà qu’il y a un lien avec le pétrole.
On voit que le premier choc pétrolier est lié à la guerre du
Kippour – pour ceux qui ne font pas le lien – qui pose déjà la
question israélienne. On voit que tout ça est déjà accouplé, et
qu’à partir de là, on nous parle en permanence de « crise ».
Mais c’est vrai qu’on avait
atteint des standards de vie tellement hauts dans notre monde
occidental capitaliste avancé, qu’avant qu’on ressente la crise
réellement, c’était un peu des mots. C’est vrai que même
aujourd’hui, malgré l’aggravation de tout, on est parti de
tellement haut par rapport aux sociétés primitives ou aux sociétés
du tiers monde, que malgré tout, on a tous des voitures, on continue
à manger sans problème. Mais, on voit bien que quand même, ça
s’aggrave de plus en plus, le niveau du chômage, etc.
Donc, là, on a bien maintenant,
après cette séquence où on a parlé de fin des Trente Glorieuses,
de crise à partir de 1973 – deuxième choc pétrolier, 1977, la
révolution Thatcher aussi où on a commencé vraiment à mettre en
l’air des tas d’acquis sociaux qui étaient liés à cette
période de prospérité –, qui était aussi, comme on le sait, une
période d’économie mixte où il y avait un peu à la fois de
dynamisme économique mais aussi de partage social, un peu.
Parce que là, j’insiste
là-dessus. Ces périodes de crise – ça c’est un de mes grands
sujets – sont quand même, ne sont pas uniquement, je dirais, des
« accidents structurels ». C’est un peu ce qui m’agace
parfois chez certains, même théoriciens de la crise, mais libéraux,
c’est qu’ils vous disent en gros : c’est uniquement des
effets de structures.
Il y a toujours une interaction des
structures et des personnes. Il n’y a rien qui soit strictement
structurel, et il n’y a rien qui soit strictement lié à
l’aventure individuelle. Il y a toujours ce qu’on appelle en
philosophie la combinaison du sujet et de la structure. C’est-à-dire
que la structure conditionne le sujet. Mais le sujet rétroagit sur
la structure.
Et cette crise est effectivement une
crise d’usure d’un processus, c’est-à-dire crise de
surproduction – on le voit en ce moment – mais aussi, un rapport
de force politique. C’est là-dessus que je voulais venir.
C’est-à-dire que si j’analyse la
situation, après l’énorme bain de sang de la Deuxième Guerre
mondiale, les acteurs sociaux – c’est-à-dire on va dire, là, je
reprends les catégories marxistes qui sont assez valables –,
c’est-à-dire le rapport Capital-Travail – étaient plutôt à un
moment de conciliation et de discussion parce qu’après une énorme
période de violence, les êtres humains, étant ce qu’ils sont,
sont à nouveau aptes au dialogue.
D’ailleurs, je le dis aujourd’hui.
Pour que les être humains discutent à nouveau et soient dans une
logique de partage, il faudra qu’il y ait, à mon avis, un grand
cataclysme. Tant que ce cataclysme n’a pas eu lieu, les gens, même
si on leur explique qu’il faut négocier et discuter, ils veulent
de la violence. Malheureusement, c’est un peu comme dans les
histoires de bistro. On se paye un coup à boire après la bagarre,
jamais avant. C’est un peu une fatalité.
Et pour revenir à ça, il y a eu
les Trente Glorieuses et il y a eu cette période un peu euphorique
d’après-guerre parce qu’il y a eu toutes les destructions de la
guerre. Mais aussi parce que les gens en présence dans les rapports
sociaux, c’est-à-dire les gens incarnant le Capital et les gens
incarnant le Travail, se rappelaient du pourquoi de la guerre,
c’est-à-dire qui était.
La période que nous vivons en ce
moment ressemble beaucoup à la période d’avant-guerre,
c’est-à-dire à une période où justement le consensus social est
abimé et où chacun tire de son côté, le Capitale et le Travail.
Ce qui produit d’énormes violences sociales. Et les violences
sociales génèrent des réactions politiques qui peuvent être le
communisme, le fascisme, etc. Ça ne vient pas de nulle part. On le
voit bien.
Et nous sommes en ce moment, je le
dis, dans une période qui ressemble beaucoup à la période d’avant
la guerre de 14-18, entre 1910 et 1914, et encore plus aux années
trente. Avec d’ailleurs les mêmes marqueurs : je ne vais pas
m’appesantir là-dessus, mais une certaine montée d’antisémitisme,
par exemple, en ce moment, même si c’est un terme impropre ;
des tensions internationales de plus en plus violentes. On voit bien
que nous sommes dans une période, je le dis depuis déjà, moi, un
certain temps, et ça devient de plus en plus vrai, nous sommes dans
une période d’avant-guerre.
Et dans une période d’avant-guerre,
j’insiste là-dessus, pas seulement pour des raisons structurelles
d’usure du capitalisme avancé, mais aussi parce que comme ça fait
plus de soixante ans qu’il n’y a pas eu de conflits majeurs chez
les Occidentaux. J’insiste aussi là-dessus. Il y a eu des guerres
en permanence depuis l’après-guerre, mais elles ont toujours été
déléguées. On les a toujours fait faire par les autres :
Corée, Viêt
Nam, petites guerres un peu dans les pays, en
Amérique latine, larvées, etc. Mais là, on voit que ça se
rapproche de nous et de chez nous. Et cette période, disons, qui a
permis la réconciliation, c’est-à-dire les gens d’après-guerre
qui ont su que si ça s’était si mal passé entre 1940 et 1945,
c’est parce qu’ils avaient commis beaucoup d’erreurs
avant-guerre. Malheureusement, aujourd’hui, les mêmes personnes
refont les mêmes erreurs, parce que simplement, je crois que
soixante-deux ans sans guerre et sans violence, les gens se
permettent certaines choses. Je ne pense pas que Netanyahou se
permettrait ce qu’il se permet en ce moment si on était au lendemain
de la Deuxième Guerre mondial. Or, là, il y a une vraie question
anthropologique.
C’est qu’effectivement, quand il
n’y a pas eu de guerres pendant cinquante ans, il y a des gens qui
la souhaitent, il y a des gens qui ont oublié la violence que ça
produisait. Et ça génère des attitudes, notamment dans les
rapports sociaux et macrosociaux, de prises de risques maximums. On
voit qu’en ce moment, on est dans cette période-là.
Donc, il y a à la fois le
structurel et aussi les psychologies. C’est-à-dire que beaucoup de
gens, aujourd’hui, c’est étonnant, sont prêts, enfin au niveau
des dirigeants, des États, je ne parle pas des petites gens,
semblent moins effrayés par la violence qu’il y a quelques années,
car on voit très bien aujourd’hui que ce qui se passe en Syrie est
déjà – je le faisais remarquer –, déjà une guerre mondiale en
microscopique. Car en Syrie, pour ceux qui s’intéressent, il y a
déjà, non seulement les Syriens, mais il y a aussi les Turcs, il y
a des Jordaniens, il y a des Américains, il y a des Anglais, il y a
des Français. De l’autre côté il y a des Pasdaran, il y a des
Iraniens, il y a des Russes. On est déjà dans quelque chose qui
ressemble à une répétition générale d’un conflit qui est
aussi, je le fais remarquer, qu’on nous présente comme un conflit
du monde chrétien face au monde musulman.
En général, c’est des faux
chrétiens, c’est-à-dire des évangélistes américains, des
néoconservateurs, qui sont pour moi des faux chrétiens. Les vrais
chrétiens, c’est nous, ce sont les catholiques, je dirais. Et des
faux musulmans, c’est-à-dire des gens qu’on appelle les
« salafistes » – je sais bien que c’est un mauvais
terme mais j’emploie les termes tels qu’ils fonctionnent en
Occident –, mais c’est-à-dire des extrémistes musulmans financés
par le Qatar sur une ligne wahhabite et qui travaillent en réalité
pour ce que j’appelle l’Empire.
C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on
pousse des faux musulmans et des faux chrétiens à se battre comme
une avant-garde, pour entraîner un conflit généralisé du monde
chrétien et du monde musulman, qui en fait, quand on élargit, n’est
pas le monde chrétien mais le monde judéo-chrétien, et qui en
dernière instance, on le voit en ce moment par les publicités qu’il
y a dans les métros new-yorkais : on vous dit, face à la
barbarie, choisis la civilisation, défends Israël.
Donc, on voir bien qu’à chaque
fois, on a cette question qui revient, Israël, qui est quand même
la question, et la question de Jérusalem.
On pousse les chrétiens et les
musulmans à se battre avec une double manipulation de chrétiens et
de musulmans. Et derrière, ce qui est intéressant, on le voit déjà
en Syrie – et, là, ça renvoie dans l’eschatologie monothéiste
à la question de Gog et Magog –, on a en réalité les Russes face
aux Américains, déjà. Et c’est ça le contexte général.
C’est-à-dire qu’on a une crise
économique aggravée de surproduction, une crise bancaire que chacun
a pu identifier s’il a lu mon bouquin, à cause de la stratégie
mise en place d’ailleurs par Friedman, comme le reconnaît
d’ailleurs aujourd’hui, Michel Rocard. Notre problème
aujourd’hui vient de Friedman, c’est-à-dire un découplage total
du dollar de toute production de richesses réelles et de tout
référent, et qui a financé progressivement une fuite en avant
guerrière des Américains pour maintenir par le militaire ce qu’ils
ne pouvaient plus maintenir par leur suprématie économique. Et
finalement qui est une fuite en avant d’escroquerie bancaire
américaine, évidemment dont le noyau dur est Wall Street, qui fait
que progressivement, on passe de la Pax Americana qui était
la situation de l’immédiate après-guerre où l’Empire américain
stabilisait le monde dans le but de faire ce qui fonctionne bien,
c’est-à-dire du commerce pacifique. Et que depuis, finalement, les
années soixante-dix, progressivement, par le faux dollar et par la
fuite en avant militaire, ils sont devenus la grande force de
déstabilisation du monde et de perturbation de l’économie saine.
Je l’explique d’ailleurs souvent.
Nous sommes à la fois dans une
monde libéral sur le plan philosophique, c’est-à-dire dans un monde
qui étend la logique marchande à tout, c’est-à-dire d’abord aux
marchandises, puis aux produits culturels, puis aux enfants à
travers l’adoption, puis aux organes, etc., etc. Donc, on est dans
ce qu’on appelle l’extension de la logique libérale qui est que
tout est marchandise, qui est quelque chose de profondément
antispiritualiste et qui choque profondément les musulmans et aussi
les chrétiens authentiques, qui est quelque chose que j’appelle
moi, de satanique.
Mais on est aussi dans une séquence
totalement antilibérale sur le plan économique. C’est-à-dire où
en fait une oligarchie en réalité militaire empêche le libre
commerce et le libéralisme économique par la violence
politico-militaire. Parce qu’en fait, ils sont battus sur le
terrain économique.
Et ça, ça nous renvoie aujourd’hui
à la fonction des États-Unis qui finalement est battu
économiquement mais a comme domaine de domination et de prééminence
le militaire, et qui en fait joue systématiquement le militaire pour
lutter contre ses rivaux économiques. C’est plus discret avec la
zone Europe. Mais on le voit notamment par l’affaire libyenne et en
ce moment par ce qui se passe au Moyen-Orient. En réalité, on a
déjà les Américains qui par le militaire essaye de bloquer la
suprématie économique des Chinois parce qu’ils n’ont plus les
moyens de s’y opposer sur le terrain de la libre concurrence
économique. Donc, on est bien dans un monde à la fois totalement
libéral sur le plan idéologique, mais totalement antilibéral sur
le plan économique. Et on voit bien d’ailleurs que les États-Unis
sont au cœur de ce dispositif, puisqu’ils sont à la fois
totalement dans la logique de la marchandisation intégrale, et en
même temps totalement dans une logique de domination du monde
marchant par la violence militaire et la violence militaire.
Et pour ceux qui n’auraient pas
compris – enfin, je pense qu’ici, on est entre initiés –,
chaque fois que quelqu’un, un chef d’État, que ce soit Saddam
Hussein ou Kadhafi, a essayé d’échapper à la
domination du dollar qui est la logique de l’argent dette,
c’est-à-dire qui est une logique d’endettement – Paul Grignon
qui, je crois, est quelqu’un de chez vous a fait de très bonnes
vidéos sur la logique de l’argent dette –, chaque fois qu’un
pays essaye d’échapper à la logique de la dette, c’est-à-dire à
l’obligation d’emprunter des faux dollars, comme vient de le
refaire la Tunisie discrètement. On met un régime islamique en
place et immédiatement, la Tunisie qui était sortie de la dette
depuis 2007, réemprunte 500 millions de dollars de fausse monnaie
américaine de Wall Street dont elle n’a pas besoin, mais pour
l’enchaîner, etc. Donc, on voit que chaque fois qu’un chef
d’État comme Kadhafi, qui était un des sept pays qui n’avaient
pas de dettes, ou l’Iran, qui est un des sept pays qui a des fonds
souverains et qui n’a pas de dettes, ne se soumet pas à la logique
de la dette, c’est-à-dire n’emprunte pas des dollars pour devoir
des intérêts au système américain qui est le couplage du complexe
militaro-industriel et de Wall Street, c’est-à-dire des banquiers
avec des hommes armés derrière eux pour que vous signiez là où il
faut signer, chaque fois que le mec désobéit, au nom des « droits
de l’homme » – la mécanique est toujours la même –, on
vient lui péter la gueule et lui piquer son argent. Avec une
mécanique très simple. C’est-à-dire qu’on renverse son régime
au nom des « crimes contre l’humanité » qu’il aurait
fait alors qu’en général, il se défend plus ou moins
d’agressions. On lui gèle ses avoirs bancaires dans un système
bancaire mondialisé et unifié, contrôlé par Wall Street, les
Américains. On lui gèle ses avoirs bancaires et on les transfère
au mouvement révolutionnaire soi-disant légitime, c’est-à-dire aux
copains des banquiers américano-anglais.
C’est ce qu’ils sont en train de
faire en partie avec l’argent d’Assad. C’est ce qu’ils
ont fait avec l’argent de Kadhafi. Ce qui veut dire, en fait,
aussi, que ce système bancaire financier en crise et qui a
énormément perdu d’argent par les subprimes, etc., fait aussi de
la piraterie bancaire en permanence. C’est-à-dire qu’ils vont
voler l’argent des pays bien gérés, en réalité, et qui n’ont
pas de dettes. Il y a aussi cette dimension, notamment dans l’affaire
iranienne. C’est qu’à un moment donné, il s’agira aussi pour
des banquiers avec des militaires derrière eux, d’aller piquer
partout où ils peuvent, non seulement les marchés, les matières
premières sur lesquelles on peut faire de l’argent, mais aussi les
réserves bancaires des pays insoumis.
Et c’est toute cette compréhension
globale qu’il faut avoir, que j’appelle moi l’« Empire »,
et qui permet de comprendre les enjeux actuels, la géopolitique
mondiale, avec toujours le prétexte des « droits de l’homme »
qui est l’American way of life, en
réalité, toujours ce qu’on appelle la promesse du Mayflower,
c’est-à-dire qui est le messianisme proprement protestant américain.
C’est-à-dire d’imposer au monde entier la vision du monde libérale
chrétienne qui fonde le protestantisme typiquement américain, et
qui n’est pas le luthérianisme originel ou même le calviniste au
sens strict. C’est vraiment un produit spécifique. Exactement
comme il y a le catholicisme gallican qui est un produit
spécifiquement français. Ça aussi, souvent, j’insiste.
La France est catholique. Le
catholicisme est totalement consubstantiel à la France ; la
France fille aimée de l’Église. Le catholicisme n’est pas la
religion seulement de Jésus-Christ. C’est par une
série de médiations quelque chose de totalement lié à l’humanisme
français que j’appelle, moi, l’helléno-christianisme, avec la
médiation romaine, etc., etc. Il faut apprendre en fait à. Là, je
vais un peu vite, mais pour ceux qui ont du mal à suivre, il faut
lire le bouquin. Tout est dans le bouquin. Il faut comprendre ces
médiations.
Quand je parle d’union aujourd’hui
judéo-protestante contre une union possible parce qu’elle est dans
les écritures et parce qu’elle est logique, même si elle sera
très difficile à effectuer, que j’appelle,
moi, catholico-musulmane, ça correspond, effectivement, à deux
visions du monde articulées où, effectivement, ce sont des
échafaudages idéologiques.
C’est-à-dire souvent les gens me
reprochent en disant : pour comprendre l’idéologie
protestante américaine, [il faut] aller lire Luther ou
Calvin. Non ! Il faut écouter ce que dit George Bush.
Il faut écouter ce que disent les télévangélistes américains. Il
faut regarder les alliances. Et ce qui est sûr, c’est que dans cet
empilement de logiques et d’explications, on a bien aujourd’hui,
aussi, un monde judéo-protestant qui se définit par deux religions
qui ont réadmis l’usure officiellement, face à un monde qui,
finalement, est le monde qui résistait à l’usure ou qui avait
honte de l’usure, et qui est le monde catholique et le monde
musulman. Même si derrière, effectivement, tout ça est détourné.
On le sait, etc. Mais c’est quand même important parce que c’est
finalement un monde qui a soumis la religion à la logique de la
prédation économique, et des mondes qui ont encore du mal à
assumer totalement le monde de la prédation économique parce que
leur religion garde encore cette dimension critique. Et c’est ce
que j’explique.
Ce n’est pas pour rien que Paris
n’était que la sixième place boursière d’Europe par rapport,
par exemple, à Londres. Parce qu’en fait, il est plus difficile.
Et pour ça il suffit de lire la littérature française et
notamment, Bernanos, Mauriac. Finalement, un bourgeois
catholique est quelqu’un qui souffre. Il y a une contradiction
interne. Un bourgeois protestant, non. C’est tout à fait possible
d’être un bourgeois protestant. Un « bourgeois catholique »,
ça sera toujours compliqué. C’est pour ça que, moi, je
m’intéresse beaucoup aux processus économiques, à la
géopolitique, mais aussi aux vraies idéologies qui sont les
religions.
Les religions sont, qu’on croit ou
pas, des systèmes de valeurs. Ce sont des hiérarchies de valeurs.
Et moi, je crois à la convergence
de la vision catholique et musulmane parce qu’il y a quand même
cette gêne par rapport au prêt à intérêt, à l’usure, que
c’est haram, l’usure. Et
c’est haram pour
les musulmans et pour les catholiques. Alors que dans le monde
protestant et juif, c’est au contraire. On accumule de la richesse
pour la plus grande gloire de Dieu.
Piero San
Giorgio – C’est péché.
Alain Soral – Et c’est
même ce que Dieu vous demande de faire quand vous faites votre Bar
Mitzvah. C’est un projet de réussite. C’est qu’est-ce que je
vais faire dans ma vie pour réussir dans le monde tel qu’il est,
dans le monde économique. Donc, c’est toujours un projet de
réussite économique. Ce que d’ailleurs je ne critique pas
spécialement. Mais il faut l’établir.
Et donc, quand on articule toutes
ces visions, on a bien, effectivement, un monde que j’appelle
judéo-protestant, que j’appelle thalassocratique, c’est-à-dire le
monde de la mer, c’est-à-dire le monde de l’Angleterre et des
États-Unis, la mer – pas la maman, l’eau – face à ce qu’on
appelle le nomos de la terre chez les géopoliticiens,
c’est-à-dire le monde de l’Europe, dont le nœud, d’ailleurs, on
le sait, est au niveau de la Caspienne. Donc, on a bien cette lutte
du monde thalassocratique contre ce monde continental, cette lutte du
monde judéo-protestant contre ce monde catholico-musulman, qu’on
voit très bien d’ailleurs, aujourd’hui.
C’est pour ça que je m’intéresse
beaucoup à Nasrallah, à ce qui se passe au laboratoire
qu’est le Liban. Comme chacun sait, je suis allé rencontrer
Nasrallah, à l’époque. Enfin, je n’ai pas pu le voir parce
qu’il était dans un bunker, caché quelque part. Et j’ai vu son
numéro deux et rencontré le général Aoun.
C’est que les Libanais qui ont
subi entre 1975 et 1990 une destruction totale de leur pays par des
manipulations sionistes où on a armé des milices musulmanes et des
milices chrétiennes via les Gemayel, les maronites, ils ont
vu ce que c’était de se faire piéger dans un conflit de
civilisations ethnico-religieux qui a détruit le pays et qui a fait
du Liban, qui était une place bancaire, un pays prospère, et un
pays rival d’Israël, et en plus un pays multiconfessionnel
moderne, quelque chose qui a été détruit par ce qu’on appelle la
« balkanisation », c’est-à-dire monter les communautés
les unes contre les autres, etc.
Et ce n’est pas pour rien si c’est
au Liban, qu’à un moment donné, le général Aoun et Nasrallah se
sont mis à travailler ensemble parce qu’ils ont analysé ce piège.
Parce qu’on comprend toujours mieux quand on a fait quinze ans de
bêtises et que ces bêtises vous sont entièrement tombées sur la
gueule ; on finit par devenir un peu intelligent.
C’est ce que j’appelle, moi, les
« idéologies fonctionnelles ». C’est qu’à un moment
donné, l’homme étant un animal pratique, quand il fait des choses
qui lui provoquent des douleurs terribles pendant quinze ans, au bout
d’un moment, c’est comme le chien de Pavlov, ils finit par moins
les faire.
Et quand vous parlez à des
Libanais, ils savent exactement ce qui est arrivé à leur pays, qui
a mis de l’huile sur le feu, qui a joué sur les tensions. Parce
que c’est toujours pareil. Je le dis bien. Les sionistes ne
fabriquent rien, mais ils savent pertinemment, dans une logique de
diviser pour régner, analyser les lignes de fracture et les points
de fragilité. Et au lieu de jouer la paix dans une logique
effectivement chrétienne ou sainement coranique, ils sont toujours
en train de mettre de l’huile sur le feu pour se dire que c’est
là que ça peut péter. Comme un dynamiteur sait mettre la charge
dans la faille de la roche pour la faire péter.
Nous vivons ça en ce moment en
France, pour ceux qui s’intéressent à la France. On a organisé
en France une immigration de peuplement maghrébine et musulmane. On
a d’abord dit que c’était des « chances pour la France »
et on les a appelés les immigrés. Et puis à un moment donné,
quand on a rempli le pays, on les a éduqués contre les Français de
souche qu’on a désignés comme systématiquement collabos,
racistes, etc. À un moment donné, nos maîtres qui ne sont pas très
contents que je vienne parler en ce moment chez vous ont retourné
les alliances. C’est-à-dire qu’au lieu de traiter le Français de
raciste parce qu’il n’est pas très content de voir des immigrés
dont il n’avait pas vraiment besoin puisque le regroupement
familial se fait après 1975, c’est-à-dire au moment où nous
n’avons plus besoin d’immigration pour le travail. Donc, on fait
venir des gens, on les éduque dans l’hostilité, on humilie
les natifs, et puis à un moment donné, on inverse les alliances.
C’est ce qui se passe depuis la loi sur le foulard, qui fait
d’ailleurs qu’il faut toujours faire très attention quand vos
privilèges, vous les devez à une certaine communauté. Parce qu’en
général, ça finit toujours par se retourner.
C’est quelque chose qu’il faut
bien maîtriser au niveau moral et politique. Quand vous devez vos
privilèges à une certaine communauté, en général, ça veut dire
que c’est très dangereux.
Parce que depuis la première loi
sur le foulard, comme je l’avais déjà écrit, à l’époque –
j’avais écrit « Ce que cache le foulard » –, je
savais par une réflexion profonde et par des gens qui me l’avaient
dit, notamment le professeur Schwartzenberg ; il
m’avait dit la communauté organisée puissante a décidé de
retourner ses alliances et va jouer maintenant le Français de souche
contre l’immigré qui ne sera plus un immigré, une « chance
pour la France », mais un « dangereux musulman
délinquant ». Et nous le vivons en ce moment pleinement, tous
les jours, en France. Et ce qui veut dire que c’est un laboratoire
intéressant par rapport à ma démonstration.
Nous sommes en France dans une crise
violente sociale qui normalement devrait s’analyser en termes de
rapport de classes, et qui devrait produire une solidarité des
pauvres chômeurs et des pauvres exploités contre leurs élites
traîtres sur le plan, et géopolitique, et capitalistique, puisqu’on
voit bien que toutes les élites françaises sont des agents
américains et des agents sionistes. J’espère que vous le savez.
Ils sont tous sionistes et proaméricains, et à gauche, et à
droite. Eh ben, au lieu que se produise une solidarité, eh ben grâce
à l’ethnicisation et grâce à ce travail qui a été fait sur le
peuple de France par une immigration forcée, aujourd’hui, on
horizontalise les crises. Ce qui est la stratégie systématique de
défense de l’oligarchie en danger. C’est-à-dire qu’au lieu que
les pauvres se fédèrent ensemble, et qui sont en banlieue – en
banlieues, il y a les pauvres blancs et les pauvres d’origine
immigrée de confession musulmane –, au lieu qu’ils se fédèrent
contre leur bourgeoisie traître dominante et qui les met au chômage,
eh ben, on les fait se taper sur la gueule les uns les autres par le
conflit de civilisations et la guerre de religion.
Et en France, tout ça est fait en
ce moment, scientifiquement, en permanence. L’affaire Merah
[Tueries de Toulouse et Montauban, mars 2012] a été une des
articulations clés de cette affaire-là. Et ça, c’est l’analyse
globale du piège qui nous est tendu.
Une crise économico-sociale
violente de plus en plus ingérable qui devrait normalement déboucher
sur une lutte des classes entre pauvres exploités et riches
exploiteurs, les riches étant d’ailleurs des prédateurs nomades
souvent pratiquement plus français. Attali dit bien qu’il
faut considérer les nations comme des hôtels, qu’il est fier
de ne vivre que dans des aéroports. Tout ça s’articule assez
facilement. Et ces gens-là qui savent qu’ils sont les responsables
de la crise.
Ceux qui ont vu ma dernière vidéo,
il y a la fameuse plaisanterie d’Attali du marchand de pantalons à
une jambe pour Christian. C’est-à-dire que c’est une
plaisanterie qui dit tout. Ces gens-là disent tout en privé. Le
type, il a le chapeau sur la tête, il dit : voilà, Moshe fait
un pantalon a un euro, il le vend à machin. Alors, il y a une liste
de noms hébraïques ; il y en a quinze. Et au bout, à
quarante-neuf dollars, c’est-à-dire celui qui s’est fait baiser
quarante-huit fois, à peu près, c’est Christian, c’est-à-dire le
crétin de chrétien qui, lui, achète à quarante-neuf dollars le
pantalon à une jambe, qui appelle et qui dit : mais tu m’as
vendu un pantalon à une jambe dont je ne peux rien fait !? Et
l’autre lui dit : mais tu es idiot, ce n’est pas fait pour
porter, c’est fait pour acheter, c’est pour vendre, c’est pour
acheter, c’est pour vendre. Et Attali est tout fier de dire :
voilà, là, vous avez tout compris à l’économie actuelle.
Je suis désolé, mais quelqu’un
qui vous vend à quarante-neuf dollars des pantalons à une jambe,
normalement, on doit se réunir tous, et on doit le pendre à un
arbre parce que c’est le responsable de la crise. Or, aujourd’hui,
ce sont nos maîtres. Et ces gens-là vous disent : le problème,
c’est le musulman.
Ce qui ne veut pas dire d’ailleurs
qu’il n’y a pas de problèmes avec l’Islam, un Islam qui arrive
en terre catholique, avec des gens socialement dominés, issus de
pays anciennement colonisés. On a additionné un nombre de facteurs
explosifs en France qui demande une énorme intelligence, un énorme
sens moral pour pouvoir passer au-dessus de cette crise. Et je pense
d’ailleurs qu’on n’y arrivera pas. D’où le rôle de Piero
pour nous dire après où il faut aller se cacher, parce que je pense
même moi, qu’à un moment donné, je pourrais même plus faire le
médiateur. À un moment donné, ça sera trop dangereux. J’aurais
intérêt à me barrer, aussi.
Mais en tout cas, on a mis en place
pratiquement machiavéliquement une situation super-explosive qui
fait, effectivement, qu’au lieu que des gens exploités par une
élite identifiable qui est d’ailleurs composite. Attention, moi,
je parle des ses noyaux durs, mais c’est la coalition des
oligarchies.
Si on veut d’ailleurs dire c’est
quoi l’oligarchie : c’est effectivement, le système
bancaire, mais c’est aussi le complexe militaro-industriel, le
complexe pharmaco-chimique, le complexe agroalimentaire. En dernière
instance, tous ces gens-là sont ensemble : il y a des Juifs,
des protestants, quelques aristocrates catholiques encore. Et voilà,
ce sont la coalition des prédateurs. Mais moi, ce que je dis, c’est
que leur idéologie, en dernière instance, renvoie à l’Ancien
Testament. Et aussi leur eschatologie, c’est-à-dire leur projet.
Leur vision renvoie à cette idée d’accomplir le projet biblique.
Qu’est-ce qui rassemble Netanyahou et les bushistes ? C’est
qu’ils ont cette même vision. Ils pensent à l’Armageddon. Donc,
c’est ce qui me permet, moi, de produire ces catégories, et de
dire qu’il y a des noyaux durs en dernière instance aussi
communautaires et idéologiques.
Et donc, on est bien dans une crise
bancaire et de surproduction aggravée qui désigne clairement des
responsables qui eux-mêmes savent que s’ils ne font pas quelque
chose pour dévier la colère sur un bouc émissaire, c’est eux qui
vont finir par se faire attraper. Et qui, comme ils sont très
prévoyants et intelligents – car on peut tout leur reprocher mais
surtout pas de les prendre pour des imbéciles –, effectivement,
ils ont mis en place un système de ce qu’on appelle de déviation
de colères, la théorie du bouc émissaire, et d’horizontalisation
des violences qu’ils sont en train de créer, à la fois à
l’échelle nationale française.
Je ne sais pas comment c’est chez
vous. Vous y échappez un peu. Mais en France, on est en train de
monter le Français de souche contre le Français d’origine
immigrée avec la question des banlieues, etc., etc., qui en plus a
une légitimité. C’est-à-dire qu’il y a. C’est instrumentalisé,
mais il y a une colère populaire française, il y a une délinquance
qui a été énormément favorisée pendant des années.
N’oubliez pas que des groupes
comme NTM, « Nique Ta mère », c’est-à-dire la
mienne, ont été aidés, culturellement et économiquement par Jack
Lang et le ministère de la Culture, à l’époque.
On a poussé ces gens-là à la voyoucratie. On a systématiquement
aidé les rappeurs qui insultaient les Français de souche et la
police, etc., et systématiquement mis sur la touche ceux qui
faisaient des chansons sur la Palestine. Il faut le savoir : le
rôle de Skyrock, etc., à qui appartiennent ces réseaux,
etc.
Je crois qu’il y a le même
constat à faire sur le rap américain. Quand on regarde qui
finançait le rap américain. On trouve très peu de Noirs américains
derrière. Et c’est toujours le même genre d’instrumentalisations.
Et nous sommes à peu près là.
C’est-à-dire qu’au niveau français, on nous amène à une guerre
civile entre Français de souche et Français d’origine immigrée
de confession musulmane avec des, pareil, des faux salafistes.
J’ai bien étudié la question,
moi. Souvent ces petits groupes de salafistes français sont des
paumés – à juste titre – qui sont manipulés par un type qui a
été converti en prison et qui, en fait, est tenu par la police, et
qui est un délinquant sur le modèle de ce que faisaient les
services algériens avec le GIA, pour ceux qui connaissent, à
l’époque de la guerre civile algérienne des années
quatre-vingt-dix. Donc, on a bien un système pour faire monter les
colères et les provocations.
Avec de l’autre coté tous les
intellectuels français qui passent encore dans les médias, que ce
soit de gauche ou de droite, qui sont aujourd’hui antimusulmans. Le
truc, c’est : l’islam qui est problème ; et donc
anti-immigrés, puisque le musulman, c’est l’immigré. Donc, tout
ça a déjà été admis par la population française, que l’immigré
était le problème et que le musulman était le problème et qu’il
va falloir régler le problème. On a déjà vendu tout ça. Et c’est
fait à gauche au nom de la laïcité, de la défense de la laïcité
contre l’obscurantisme religieux. Et là on montre toujours :
un, l’islam ; deux, le catholicisme ; jamais le judaïsme.
Vous verrez. Alors que c’est la matrice de tous les monothéismes
et que tout ce qu’on peut reprocher à l’islam est dans le
Lévitique, pour ceux qui [inaudible] les religions. Donc, c’est
bien fait comme ça. On montre d’abord l’islam, après le
catholique, avec toujours le truc de taper sur les curés, etc. C’est
le vieux fond de commerce de Charlie Hebdo.
Et de l’autre côté, à droite.
Donc, à gauche, ça fait Charlie Hebdo. Et à droite, on a
effectivement Finkielkraut, Zemmour qui eux tendent la
main à la vieille extrême droite française comme ils le font
partout en Europe, en Hollande, en Belgique avec le Vlaams Belang, en
Angleterre. C’est-à-dire qu’on a un travail à gauche et un
travail à droite pour faire l’union sacrée des bourgeoisies
judéo-chrétiennes, en gros, ou des vieux libéraux libertaires qui
sont toujours les libertaires au service du libéral, c’est-à-dire
la lutte contre les interdits religieux et la morale au nom de
l’idéologie transgressive – et là vous avez Charlie Hebdo,
vous aurez peut-être Cohn-Bendit demain, mais il est assez
malin pour l’instant pour se tenir un peu en retrait –, donc,
cette espèce de coalition gauche-droite pour montrer effectivement
du doigt le problème. Et ça, c’est la situation française.
Et on a la même au niveau mondial
avec, en ce moment, très précisément, l’opération syrienne où
il y a la même malhonnêteté. C’est qu’à la fois, nos maîtres
nous disent que le gros problème au monde, c’est le salafisme,
c’est-à-dire l’islam radical. Mais partout, ils essayent de lui
faire prendre le pouvoir, notamment par exemple en Syrie où c’est
un régime en réalité laïque, multiconfessionnel, pour ceux qui
connaissent la Syrie. Même s’il y a une minorité alaouite qui a le
pouvoir, c’est un pouvoir partagé comme dans tous les pays arabes,
car dans cet Orient « complexe et compliqué », comme
disait de Gaulle, ce sont toujours des consensus. Il ne faut
pas oublier que derrière la mosquée, il y a toujours le souk, et
qu’en fait l’islam est un empire de commerce, il ne faut pas
oublier, majoritairement. Ça fonctionne aussi là-dessus. Et que
vous avez toujours dans le souk les Juifs, les chrétiens et les
musulmans, qui commercent ensemble.
Et que c’est depuis le sionisme
qu’il y a des problèmes, alors qu’en réalité, ça fonctionnait
depuis des siècles et des siècles.
Donc, vous avez bien aujourd’hui
des idéologues qui vous disent que le gros problème, c’est
l’islam radical, mais qui, que ce soit en Libye ou en Syrie, font
tout pour que cet islam radical prenne le pouvoir politique dans des
pays arabes qui étaient encore des pays issus de la décolonisation,
qui étaient des pays plutôt laïques avec droits des femmes,
protection des minorités chrétiennes. Et on essaye de foutre
en l’air ces régimes. C’est pour ça que, moi, je dis à un
moment donné, que c’est forcément un projet sioniste, parce que
ce n’est même pas l’intérêt des chrétiens. Ce n’est
l’intérêt que des sionistes. Notamment en Syrie, c’est une
évidence.
Et donc, on a bien ce mensonge. On
vous dit que le vrai danger, c’est l’islam radical. Et on aide
partout l’islam radical à s’implanter au Moyen-Orient, à
prendre le pouvoir. Parce que là aussi, on pourrait en discuter :
c’est un moyen de détourner les colères, de contrôler, etc.,
etc. Et on voit que derrière cet islam radical, quand on remonte, on
a l’argent du Qatar, l’idéologie saoudienne. Et comme vous le
savez, le Qatar est une base américaine, est un pays qui n’existe
pas. L’Arabie saoudite est une création anglo-américaine qui
renvoie aux accords de Quincy pour ceux qui savent bien. Et les
Saoudiens et les Américains sont la main dans la main sur la
question du pétrodollar, puisque les Saoudiens n’existent que
grâce aux Américains, et le dollar n’existe plus que grâce au
pétrodollar. Donc, on voit bien que tout ça – là, je vais vite
–, que tout ça est très articulé. Et on a donc ce mensonge :
le danger, c’est l’islam radical, mais on essaye de le faire
s’implanter partout.
Systématiquement qui est victime de
cet islam radical ?
Les populations pauvres de ces
pays-là qui sont en général. Les gens ont fait la Révolution de
jasmin en Tunisie et en Égypte pour des raisons sociales. Pour
l’instant, ils ont rien vu venir sur le plan social. Mais on leur a
juste donné une petite illusion culturelle de réislamisation, qui
est aussi un moyen de contrôle de la vie quotidienne des gens pour
ne pas qu’ils se révoltent, à travers la mosquée. C’est en
général, on leur botte le cul. C’est de la milice réactionnaire,
il ne faut pas oublier, de ce point de vue-là.
Donc, on a bien cette logique-là :
islamisation radicale en même temps qu’on dit que c’est la
danger, pour créer, effectivement, au niveau mondial, cette guerre
des chrétiens contre les musulmans, qui en dernière instance, qu’on
appelle judéo-chrétiens contre monde barbare – c’est comme ça
que ça nous est présenté aujourd’hui même à New York – et
qui à la fin, quand on articule tout, voit finalement les deux
grands empires occidentaux qui sont les Russes et les Américains se
retrouver finalement face à face avec.
Là, c’est le dernier étage de ma
fusée explicative, mais celle où je prends le plus de risque sur la
spéculation : c’est que ça, c’est le projet sioniste
final, c’est ce qu’on appelle la « parabole des coqs »
chez le rabbin Rav Ron Chaya. C’est-à-dire, effectivement,
qu’on pousse dans une Troisième Guerre mondiale les Américains et
les Russes à travers des alliances à s’épuiser dans une guerre
pour le contrôle de la Caspienne et du Moyen-Orient. Et que de cette
guerre mondiale épuisante, qui peut déboucher sur 500 millions de
morts, sortira une Pax Judaica et qui
déterminera dans une espèce d’Onu d’après-guerre où tout le
monde voudra se réconcilier à tout prix, qui décrètera Jérusalem
« capitale du monde pacifié », ce qui est le vœu
d’Attali.
Et on fera de cette région, pour
éviter l’embrasement, une région sous contrôle effectivement de
la puissance victorieuse, et occidentale, et judéo-chrétienne, qui
sera comme par hasard, la puissance israélienne qui donc annexera
discrètement au nom de la « paix mondiale », ce qui lui
permettra de faire le Grand Israël, c’est-à-dire un territoire de
l’Euphrate au Nil, et qui est le seul Israël viable sur le plan,
viable en tant que pays autonome et non pas en tant que pays qui vit
uniquement des aides américaines, puisqu’ils auront à la fois le
contrôle de l’eau, du pétrole, ils seront au carrefour de toutes
les ventes d’énergie.
C’est pour ça aussi qu’il y a
des enjeux très forts en ce moment, des pipelines, etc., qui sont
creusés et qui demandent la chute de certains régimes, pour pouvoir
aller jusqu’à Haïfa, etc.
Quand vous étudiez, vous verrez que
tout s’articule : le religieux, l’économique, le
géopolitique. C’est une belle construction. Et ça, c’est le
projet final, à mon avis : c’est Jérusalem, capitale du
monde ; le Grand Israël qui sera le lieu, finalement, après
l’effondrement des États-Unis et de la Russie, exactement comme la
France et l’Allemagne se sont épuisées dans des guerres pour
donner le leadership mondial aux États-Unis puisque la France et
l’Allemagne, c’était l’Europe. Donc, on aura finalement, à
une échelle supérieure. La Deuxième Guerre mondiale, c’était la
France et l’Allemagne qui à travers deux guerres mondiales, les
deux peuples, les deux grands peuples d’Europe qui s’annulent
réciproquement. On aura les deux grandes civilisations
occidentalo-chrétiennes – n’oubliez pas que ce sont deux
civilisations occidentales et chrétiennes, de Blancs occidentaux et
chrétiens – qui s’épuiseront dans une lutte, et qui amènera
finalement Jérusalem capitale du monde, le Grand Israël que, et les
laïques juifs, et les religieux, appellent de leurs vœux. Ils le
disent de la même manière. Et pour demain. La prière pour le
Machia’h,
c’était le 25 septembre [prière internationale pour le Machia’h
du 23 septembre 2012]. On est en plein dedans. Ce n’est pas
dans quinze ans, dans vingt ans. C’est maintenant. Et les types qui
osent employer des mots comme l’Armageddon, etc.
On voit bien qu’aujourd’hui, on a
une convergence du politique et du religieux qui est très, très,
très, très présente et très, très, très, très, très, très
évidente. Et donc, ça serait ça, disons, l’objectif final. Ça
serait cette Troisième Guerre mondiale qui amènerait à cette
domination.
Et là, je fais une petite
parenthèse pour éviter de me faire trop emmerder par certaines.
C’est que serait sacrifié dans cette logique-là aussi l’Israël
tel que nous le connaissons. Car en fait, on voit bien qu’Israël
est une construction artificielle dont finalement le gros problème,
c’est le peuple israélien, le petit peuple israélien qui est un
handicap pour le projet sioniste final. Parce qu’on le voit en ce
moment, il y a des antagonismes de classes profonds, il y a des
tensions entre religieux et laïques. C’est un pays profondément
invivable pour des tas de raisons, parce que c’est un pays
artificiel. Et ce qu’il faut bien comprendre d’ailleurs, c’est
que deux Israéliens sur trois sont contre la guerre contre l’Iran.
Les militaires aussi, c’est-à-dire ceux qui savent comment ça va se
passer. Mais ceux qui veulent cette guerre sont les élites comme
Netanyahou qui, je le rappelle, est un avocat américain.
C’est-à-dire qu’en réalité,
Israël, en dernière instance, est un peu comme une équipe de foot
pour un oligarque russe. Voyez. C’est une vitrine. Mais en réalité,
on peut la sacrifier du moment que Jérusalem devient la capitale du
monde et qu’Israël est une sorte de Commonwealth, c’est-à-dire le
lieu de là où est piloté le reste des succursales. Mais
finalement, ce qui est inutile et résiduel, à la fin, c’est le
petit peuple israélien.
Il fallait la fiction d’un
« Israël socialiste », au départ, avec les kibboutz
qui étaient des vitrines et qui d’ailleurs sont inutiles et ont
disparus. Mais à la fin, on peut imaginer même dans le projet fou
de Netanyahou et des élites, je dirais, « apocalyptiques »
qui sont aux États-Unis, que même dans ce projet soit sacrifié
l’immense majorité du peuple israélien. Ce n’est pas un
problème du moment que le projet final est accompli, c’est-à-dire
le Grand Israël, qui n’a pas besoin d’une population d’une
certaine manière, puisque ça sera un pays de. Ça sera en fait, je
dirais, comme un paradis fiscal. Vous voyez. Et c’est ça qu’il
faut comprendre. C’est qu’en dernière instance, on peut même
imaginer avoir comme allié dans ce combat [le petit peuple
israélien], dont le but n’est pas de la rigolade. C’est d’éviter
la Troisième Guerre mondiale. C’est pour ça que je prends
certains risques aujourd’hui. C’est que je ne suis pas en train
de parler de choses anecdotiques. Nous sommes face à un danger de
Troisième Guerre mondiale.
Et cette guerre aura lieu ou pas en
fonction de la manière dont nous réagissons à des provocations et
à des stimulations qui sont essentiellement émotionnelles. Je le
dis.
Le jour, en France, où ils voudront
que la guerre civile démarre, ils mettront sur YouTube un
jeune salafiste de banlieue style Mohammed Merah, qui égorgera au
couteau de cuisine un retraité français en pantoufles charentaises
qui s’appellera Lefèvre. Voilà. Et quand on verra ça, le
lendemain, même moi, je ne pourrais plus rien dire. Ça va partir
dans tous les sens. Et ça, ça se fait quand on veut. C’est très
facile à faire.
Et donc, cette guerre sera évitée
ou pas en fonction des réactions affectives et morales que nous
serons capables d’avoir. Ce qui demande, effectivement, une
certaine culture, un certain équilibre intérieur. Je pense que –
je le dis honnêtement – qu’on n’y arrivera pas, mais qu’il
est quand même nécessaire de faire ce travail.
Moi, je pense que les puissances
opposées sont très fortes. C’est pour ça que moi – je vais
finir là-dessus –, moi, je fais mon travail. Je dis : je
pense que, voilà quel est le piège ; comprendre l’Empire,
c’est aussi comprendre le piège dans lequel il ne faut pas tomber,
c’est comprendre quels sont nos ennemis – pour reprendre les
termes de Carl Schmitt – quels sont nos ennemis principaux,
nos ennemis secondaires. Moi, c’est ce que je dis. Je ne suis pas
baboucholâtre et je n’aime pas spécialement les musulmans. Ce
n’est pas ça. C’est que je vois qu’il y a des pièges qui nous
sont tendus et qu’il est urgent de ne pas tomber dans certains
pièges, et de ne pas confondre quelqu’un avec qui on n’a pas
forcément beaucoup de sympathie mais qui n’est pas le problème
majeur, avec les problèmes majeurs. Voyez. C’est une question de
hiérarchisation des problèmes pour agir intelligemment.
Parce qu’en fonction de cette
réaction plus ou moins intelligente il y a, je dis bien, un chaos :
Première Guerre mondial, 20 millions de morts, Deuxième Guerre
mondiale, 50 millions de morts. C’était de la rigolade par rapport
à ce qui nous attend, où si vous regardez bien comment ça va
démarrer. Israël attaque l’Iran. Le Pakistan a dit qu’il se
mettait du côté de l’Iran. La Syrie doit tomber, évidemment,
parce que ça marche ensemble. Donc, les Russes rentrent là-dedans.
La France se met directement à attaquer l’Iran. Vous avez vu
Fabius, l’hystérie, etc. Le Pakistan est lié, donc, l’Inde
est liée aussi. La Chine, évidemment, est partie prenante parce que
ça lui coupe ses approvisionnements énergétiques. Les États-Unis
sont impliqués. Immédiatement les États-Unis attaquent aussi le
Venezuela parce qu’ils vont en profiter pour botter le cul de
Chávez et remettre, et bloquer le cul des coalitions
d’Amérique latine qui sont en train de leur échapper. Donc, là,
on sera dans une vraie guerre mondiale.
En fait, il n’y en a jamais eu de
« guerre mondiale ». Celle-là va être vraiment
mondiale. C’est-à-dire qu’à part peut-être l’Islande et
peut-être certains pays scandinaves, vous pouvez regarder la liste
des pays qui très, très vite, dans une logique de dominos, seront
impliqués. On est dans une guerre avec les armements qui existent,
etc., à 500 millions de morts.
Donc, c’est pour ça qu’il est
urgent de bien comprendre le problème, urgent d’être raisonnable.
Mais comme je pense que, malheureusement, pour des raisons de
domination médiatique, de puissance militaire américaine,
d’abrutissement des masses, etc., etc., malgré les efforts que je
fais et qu’on fait, on ne va peut-être pas y arriver, au cas où
on n’y arriverait pas, je passe la parole à Piero : c’est
comment survivre quand même. Voilà. Voilà.
(Applaudissements)
Questions du public
La morale des un
pour cent
Alain Soral – Qu’est-ce
qui nous reste comme temps ? Parce que je pense qu’il y a des
gens qui ont envie de poser des questions, de dialoguer. On a encore
du temps ? Je pense que les gens, quand ils ont entendu deux
personnes parler pendant longtemps, ils ont envie de participer.
Piero San Giorgio – Ou se
pendre puisque c’est tellement des mauvaises nouvelles.
Alain Soral – Donc. Voilà,
oui.
Public (a) – J’aimerais avoir
votre avis, Monsieur Soral, sur la consécration de notre Premier
ministre à New York.
Alain Soral – Je dois vous
dire que je ne suis pas très au courant, là, parce que comme je
suis en mouvement, il faut plutôt que vous me disiez qu’est-ce qui
s’est passé.
Public (a) – Il ne s’est pas
présenté à l’Onu. Il a plutôt, comment dire, critiqué
Ahmadinejad et l’Onu. Et par contre, il a accepté un trophée, un
honneur, comme étant le chef d’État de l’année, par Henry
Kissinger.
Alain Soral – Ah oui !
Public (a) – Et un rabbin
d’origine dont j’ai oublié le nom.
Piero San
Giorgio – Une consécration !
Alain Soral – Oui, ben, on
voit en ce moment, quand même, que ces catégories que j’ai
produites et qui me valent certains ennuis sont quand même assez
valides quand on voit ce qui se joue justement aux Nations unies. Et
moi, ce qui me choque beaucoup d’ailleurs, c’est quand on voit –
bon, je pense qu’ici tout le monde n’est pas au courant –,
c’est qu’il y a une telle malhonnêteté aujourd’hui au niveau
de nos élites dirigeantes, puisqu’en fait, c’est les gens qui sont
censés nous représenter qui nous représentent aussi mal, qu’ils
sont capables – bon, ça, c’est une petite remarque – de
complètement trafiquer les traductions des discours d’Ahmadinejad
pour lui faire dire autre chose que ce qu’il dit. Parce qu’en
fait, quand on écoute les vrais discours d’Ahmadinejad, on ne peut
qu’être d’accord.
Et ce qui est incroyable, c’est
quand j’écoute Ahmadinejad, je vois un homme de paix totalement
raisonnable qui dit des choses que je cosigne à cent pour cent. Et
quand je vois Netanyahou arriver avec son petit dessin avec sa
bombe, je dis : c’est un crétin, un fou dangereux, et il nous
prend pour des imbéciles. C’est incroyable ! On n’oserait
même pas faire ça dans un exposé de CM2. Je ne sais pas comment ça
marche ici [inaudible].
Ça veut vraiment dire que ça va
très, très mal et que ça se voit terriblement. Et c’est parce
que ça va très, très mal et que ça se voit terriblement, que je
pense que la solution de ces gens-là, c’est de nous coller la
guerre le plus vite possible. J’en suis vraiment persuadé.
Netanyahou veut la guerre à tout prix, puisque s’il n’y a pas la
guerre rapidement, ça va mal finir pour lui. C’est ça.
Et je ne réponds pas à votre
question. Mais c’est un peu ça le contexte actuel. C’est que
vous avez un chef d’État aujourd’hui qui vous déshonore
complètement, qui reçoit un prix qui n’a aucun sens, remis par
des mains totalement illégitimes et ultra-minoritaires.
Parce que j’insiste quand même
pour faire remarquer que quoi qu’on pense de la communauté juive,
ça représente, je pense, chez vous, moins de un pour cent de la
population. Chez nous, moins de un pour cent. Et c’est moins de un
pour cent de la population qui dicte la conduire à
quatre-vingt-dix-neuf des autres. Et souvent on se dit : au nom
de quelle supériorité morale ?
Moi, à un moment donné, je me suis
posé la question. Je suis allé lire l’Ancien Testament, et j’ai
vu que c’était une apologie de la purification ethnique au nom de
la supériorité raciale. Y’a pas de quoi s’extasier. Ce n’est
pas Jésus-Christ, ce n’est pas les Évangiles. C’est Isaïe. Il
faut lire, c’est : « Et tu soumettras les Nations ».
C’est : tu tueras les hommes, tu violeras les femmes, et
tu réduiras les gosses en esclavage. Enfin, je veux dire, ce n’est
pas joli, joli.
On comprend d’ailleurs que les
lecteurs de l’Ancien Testament aient pu effectivement faire ce
qu’ils ont fait aux Indiens ou aux Palestiniens parce
qu’effectivement, c’est un projet ultraviolent. Donc, j’ai
regardé ce livre-là.
J’ai regardé un deuxième livre
qui s’appelait le Talmud en lisant l’introduction du grand rabbin
de Jérusalem Steinsaltz, etc. Et ce n’était pas joli, joli
non plus ce qui était évoqué dedans.
Donc, ce qui est bizarre
aujourd’hui, c’est qu’on a une population hyper minoritaire
partout où elle est qui nous donne des leçons morales et des leçons
tout court, alors qu’elle-même, quand on regarde sur quelles
valeurs elle se fonde, ce n’est ni le Christ, ni le prophète
Mahomet – Mohammed, excusez-moi, Mahomet, c’est irrespectueux, je
le sais –, y’a pas de quoi la ramener. Et on est dans un monde,
aujourd’hui, où tout est un peu à l’envers. C’est bizarre.
Et effectivement, je ne connaissais
pas très bien le sujet parce que, là, je suis en mouvement, en ce
moment. Mais effectivement, ça fait un peu. Nous, on a eu la même
chose à un moment donné, quand Ahmadinejad était venu, et qu’on
avait monsieur Prasquier, je crois, le président du Crif, qui
avait fait comme ça – il avait tapé dans ses mains –, et tous
les diplomates occidentaux s’étaient levés comme les enfants
d’une classe et étaient sortis pour montrer leur désapprobation.
C’est incroyablement humiliant pour quelqu’un qui appartient à
une Nation qui a mille cinq cents ans d’histoire de voir qu’on
obéit à un petit cardiologue polonais qui donne des ordres à des
chefs d’État et à des Nations entières. Effectivement, ça va
mal. Voilà, je vais m’arrêter là-dessus.
On le voit. Aujourd’hui, très peu
de gens peuvent dire : Soral raconte n’importe quoi. Il y a
dix ans, peut-être. Les gens se disent aujourd’hui : c’est
inquiétant parce que ce qu’il dit est de plus en plus crédible.
Et d’ailleurs, les gens en face se disent : il n’est pas
question de lui porter la contradiction par l’argumentaire ou le
logos. C’est : on va lui faire fermer sa gueule en
l’agressant physiquement ; on va le faire interdire de
conférence. On ne vous porte plus la contradiction aujourd’hui. On
vous menace physiquement. On vous fait taire. On vous diffame. On
ment sur ce que vous êtes. On dit : ne lisez pas ses livres. Et
les gens parfois disent : mais c’est marrant, je n’osais pas
lire vos livres parce qu’on m’avait dit que c’était sale. J’ai
lu, je ne vois rien à redire de ce que je vois dedans ; je suis
même d’accord.
Donc, on voit, aujourd’hui, qu’on
est face à des gens très peu nombreux, qui n’ont pas de leçons
de morale à nous donner en fonction de leurs fondamentaux, et qui
pour lutter contre nous ne font essentiellement que mentir et
manipuler.
La question, c’est : combien
de temps on va se laisser faire et où cela va-t-il nous mener ?
Voilà tout ce que j’ai à dire
sur ce sujet-là.
Le retour des
États-Unis à l’indépendance énergétique ?
Public (b) – Ça serait une
question pour les deux. À propos d’une vidéo qui a récemment
été faite par Hervé Juvin où est ce qu’il parlait d’un retour
des États-Unis à l’indépendance énergétique. Et depuis quelque
temps, on entend de plus en plus parler de ça. Qu’est-ce que vous
en pensez de ça ? C’est un gros coup de pub ou bien à cause
du gaz de schiste ?
(…)
Alain Soral – En fait, pour
synthétiser, on a eu pendant très longtemps une énergie très peu
chère et très efficace qui a permis le développement. Aujourd’hui,
rien ne remplace cette énergie si peu chère et si efficace, même
le pétrole lui-même quand il coûte beaucoup trop cher à extraire.
Et en fait, pour des raisons politiques et économiques, on n’a pas
anticipé sur ce moment où il faudrait trouver autre chose. Et quoi
qu’il arrive, on va tomber dans une période, dans un certain
nombre d’années, où on va plonger, parce qu’il n’y a pas
l’énergie alternative d’efficacité égale à coûts aussi
faibles. Et ça, tous les experts sont d’accord.
C’est pour ça que de dire qu’il
y a du pétrole autant qu’on en veut, c’est vrai. Mais comme il
coûte pratiquement plus cher à extraire que l’énergie qu’il
produit, c’est à la fois vrai et faux. Voyez ce que je veux dire.
Parce que c’est comme ça qu’il faut calculer. Et tous les
experts mondiaux savent aujourd’hui, qu’on arrive, à un moment
donné, à la fin en fait de ce qu’ils appellent l’« épopée
industrielle » qui a été permise par cette énergie qui est
le pétrole incroyablement pas cher et incroyablement efficace. On
n’a rien qui dans les dix-vingt années qui arrivent remplace à
égalité ce truc-là. On n’a que des énergies beaucoup plus
chères – l’éolien n’a strictement rien à voir comme
efficacité –, beaucoup plus chères, beaucoup plus dangereuses,
beaucoup moins transportables. L’électricité, c’est beaucoup
plus dur à transporter. L’atome, c’est incroyablement compliqué.
Donc, on va forcément être dans
une séquence historique d’un certain temps où on n’aura pas
l’équivalent. Et que ça, ça va avoir un coût social et
civilisationnel très grand. Alors, après, il y a du baratin,
[inaudible]. Mais ça, c’est une certitude.
Et effectivement, si on avait voulu
éviter ça, il fallait, il y a trente ans déjà, qu’on décide de
faire des transitions énergétiques, de la recherche, d’aller vers
les énergies libres – ça existe –, etc. Mais ça demandait une
volonté politique qui s’attaquait au lobby tout-puissant
énergétique qui eux n’avaient aucun intérêt à se tirer une
balle dans le pied, avec toujours cette logique du profit immédiat
qui est « après moi, le déluge » et « tant que je
gagne, je rejoue ». Et en fait, on est face à une
irresponsabilité civilisationnelle due au système libéral qui a
ses avantages et ses inconvénients.
C’est que le système libéral
fonctionne, comme l’a dit Max Weber, sur ce qu’on appelle
le compte d’exploitation annuel. C’est-à-dire que c’est le court
terme systématique. Vous ne pouvez jamais faire quoi que ce soit
dans le système libéral. Vous pouvez lever de l’argent et faire
des tas de choses, mais vous ne pouvez pas dire : investissez
dans mon entreprise, ça sera rentable dans quarante ans, ou ça
va sauver l’humanité dans cinquante ans. Il faut que ce soit
rentable dans le court terme.
Et aujourd’hui, on a une
domination de l’économique sur le politique, et donc du court
terme systématique qui fait qu’on n’a pas, bien qu’on ait été
capable de le prévoir, on n’a pas pu anticiper ce problème de la
transition énergétique parce que pour ça, il aurait fallu, en
fait, un régime socialiste mondial, c’est-à-dire où on dit :
le profit est secondaire et la priorité des politiques au pouvoir,
c’est le salut de l’humanité à long terme. Or, ce n’est pas
la réalité. Et cette réalité-là fait qu’effectivement, nous
sommes face à un problème insurmontable : c’est la
disparition demain de l’énergie pas chère et incroyablement
efficace. Et ça, c’est une certitude. Et ça va avoir un coût
social et donc civilisationnel. Et donc, effectivement de tous les
problèmes dont on a parlé qui sont incontournables.
Et tout le reste, effectivement,
c’est un peu du baratin, parce que ce n’est pas que l’énergie
soit encore disponible, c’est : est-ce qu’elle est
disponible au même coût d’extraction en produisant le même
multiplicateur. Parce que l’idée, c’est combien ça dépense
d’énergie d’extraire, et combien derrière, on produit
d’énergie. Et c’est ce ratio-là qui est introuvable, ni par
l’éolien, ni par l’atomique, ni par quoi que ce soit. Et les
filières dont on peut parler d’énergie libre, les travaux de
Tesla, etc., l’ionosphère, tout ça, peut-être, ça
existe. Mais, il aurait fallu déjà s’y mettre. Il n’y a pas le
consensus politico-philosophique pour que ce soit. Comme si on
appuyait sur une manivelle et qu’on change. On passe du groupe
électrogène, je ne sais pas quoi. Et d’un seul coup, la lumière
s’est éteinte une seconde. Et puis c’est tout. On n’a pas ce
truc-là.
Donc, on est forcément face à une
crise effectivement qui débouche aussi sur la guerre, puisque cette
énergie très peu chère et très puissante disponible, il en reste
de moins en moins, et il y a beaucoup qui la veulent. D’où aussi
la logique de guerre pour celui qui va se l’accaparer et empêcher
les autres de l’avoir. Et effectivement, les Américains
aujourd’hui, ils disent : c’est pour nous, on va empêcher
les Chinois de l’avoir, les Indiens de l’avoir. Pour ça, on a le
militaire et le baratin médiatique. Ça marche toujours ensemble, le
militaire et le baratin médiatique. Donc, on parle de
« démocratie ». On va piquer toutes les réserves, on
bloque la croissance chinoise, etc.
Et on est dans cette séquence-là,
effectivement, qui est une séquence, si on la prend par tous les
bouts, qui est catastrophique. On n’est pas dans une période
d’intelligence et de planification au calme. On est dans une
période. Qu’on la prenne par tous les bouts, eschatologiquement,
énergétiquement, bancairement, géopolitiquement,
civilisationnellement, religieusement, on est dans une période
catastrophique.
Vers un possible
réenchantement spirituel à la faveur du chaos
Piero San Giorgio – Le seul
truc, pas lié mais lié, c’est qu’en fait, ce qu’on vous
raconte là, c’est hyper déprimant.
Public (c)– Oui.
Piero San Giorgio –
N’est-ce pas ! C’est hyper.
Alain Soral – Ou pas, ou
pas, parce que c’est l’aventure aussi.
Piero San
Giorgio – Voilà,
c’est anxiogène, c’est angoissant. Et
peut-être, bon, parce que c’est tard, avec le décalage horaire,
mais en fait, moi, chaque fois que je relie mon livre pour les
traductions – bientôt il ressort aux États-Unis, etc. –, moi,
je trouve qu’en fait, il sort, il y a beaucoup de choses
extrêmement positives et intéressantes pour l’avenir. Parce qu’en
réalité, il ne s’agit pas de « survivre », bien que le
titre, c’est Survivre. Notre projet qu’on peut construire,
ce n’est pas du tout la survie : c’est une vie meilleure.
Parce que si on arrive à construire cette autonomie dans la durée,
par définition, c’est un mode de vie beaucoup plus simple. Par
définition, c’est donc un mode de vie avec moins de contraintes
consuméristes, moins de contraintes de travail.
Alain Soral – C’est aussi
un réenchantement spirituel possible.
Piero San Giorgio –
Exactement.
Alain Soral – Parce que de
toute façon, il faudra bien compenser ceci par cela. La fin du
pétrole, c’est aussi la fin du plastique.
Piero San Giorgio – Ouais !
Alain Soral – Et de la
civilisation du plastique. Ce qui veut dire aussi. Le plastique,
c’est un matériau ignoble. Enfin, ignoble ça veut dire, « sans
noblesse ». Qu’est-ce que c’est qu’un matériau noble ?
Le bois. Pourquoi c’est assez joli quand on se balade ici ?
Parce que tout est fait avec du bois, et qu’une petite maison même
de pauvres canadiens en bois, c’est beaucoup plus joli qu’une
espèce de HLM en méthacrylate et de PVC, etc. Donc, il y a aussi
cet aspect, pari sur une transformation violente. Il y a aussi,
effectivement. De toute façon, on voit bien, on a tous conscience
qu’on est à la fin d’un cycle, là, d’une société qui est
usée par tous les bouts. Donc, on sait que quelque chose de violent
et de brutal nous attend. Mais c’est aussi quelque chose de
spectaculaire, quelque chose d’imaginatif.
Piero San
Giorgio – Et transitoire.
Alain Soral – Et c’est
une aventure. Alors qu’à la limite. Moi, la période la plus dure
que j’ai vécue, c’est de 1985 à 2005. C’était ce qu’on
appelait « la fin de l’histoire » de Fukuyama.
C’était ce qu’il y avait de pire pour quelqu’un qui a une âme,
c’était de vous dire, en gros, c’était ça : le monde est
pacifié, c’est la Pax Americana généralisée, et le
destin pour tous, ça sera piscine et barbecue. Et donc, plus besoin
de Dieu, plus besoin de projets, etc. Moi, c’était ma période de
plus grande dépression.
Aujourd’hui, il y a danger, mais
il y a aussi excitation, il y a aussi projet, il y a aussi espoir,
etc., etc. On est effectivement dans ce que les religieux appellent
la « fin des temps », mais qui est aussi, si on n’est
pas religieux, ce qu’on appelle le saut qualitatif chez Hegel,
c’est-à-dire le moment où effectivement on va changer. On est à la
fin d’un cycle et on est obligé de passer à quelque chose d’autre
et de nouveau. Et l’autre et le nouveau, c’est angoissant, c’est
inquiétant. Mais pour les gens qui ont la moelle, qui ont la
volonté, qui ont les capacités, qui ont su anticiper, c’est aussi
très intéressant, très excitant.
Donc, on n’est pas obligés d’être
déprimés, nécessairement. Surtout que nous on est là, on a un
coup d’avance. Donc, peut-être qu’on va faire partie de ceux qui
vont bien s’en sortir.
Consolider le front
de la foi catholico-musulmane
Public (d) – Je pense que la
dernière intervention était vraiment bien vue, parce je pense que
c’est un consensus qu’on doit tous avoir. Il y a un petit effet
d’excitation. J’ai bien compris, j’ai bien aimé. Moi, je
voudrais intervenir un peu sur. Premièrement, avec Égalité et
Réconciliation, moi, en tant que chrétien pratiquant qui a la foi,
j’ai découvert avec le Sheikh Imran Hosein, j’ai découvert
l’islam. Puis, pendant votre première intervention, vous avez
parlé un peu d’une espèce de rapport de synergie, en fait. C’est
comme si on avance sur le même front moral, l’islam et le
catholicisme. Moi, ça m’interpelle beaucoup ça. Puis j’essaye
de communiquer ça dans mes proches, dans les milieux catholiques,
dans ma famille, en premier lieu. Mes parents sont très ouverts. Et
puis d’ailleurs, ils vont souvent sur le site d’Égalité et
Réconciliation. Mon père est né en 1931. Donc, c’est vraiment
une autre génération. Pour lui, c’est très difficile de sortir
de ses empreintes de ce que c’est pour lui l’Islam, de ce que ça
représente. C’est comme un peu l’« ennemi de l’Occident ».
Moi, j’aimerais avoir votre avis
sur qu’est-ce que ça pourrait être la petite goutte pour que la
compréhension que j’ai maintenant, sur quelle base de dialogue on
peut se poser, que ça soit efficace, qu’on peut aider à une
certaine réconciliation, et aussi de faire comprendre aux gens que
l’ennemi, ce n’est pas nécessairement l’Islam. Et pour les gens
qui partagent le même système de valeurs que moi, soit par atavisme
parce qu’on est dans une société chrétienne mais qui a perdu la
foi, peu importe, on partage un peu les mêmes valeurs, de quelle
façon on peut leur faire comprendre que ? Moi, d’ailleurs,
j’ai connu Salim, ici. On a eu des discussions ensemble. J’ai été
frappé de voir jusqu’à quel point, même au niveau presque
mystique, on arrive aux mêmes définitions.
Alain Soral – Oui. Je vais
répondre. Il y a deux voies. Il y a la lecture puisque les trois
quarts des gens parlent d’Islam et même d’ailleurs du
catholicisme ; les gens ne connaissent rien de ces sujets-là.
C’est-à-dire que, moi, par exemple, même quand je parle avec des
chrétiens, ils ne savent même pas la différence entre l’Ancien
Testament et le Nouveau, entre les Évangiles et le Torah. On est
dans une méconnaissance totale.
Sur l’Islam, les trois quarts des
gens disent : « les musulmans », comme si c’était
un monde unifié, alors qu’en réalité, dans le sunnisme, je crois
qu’il y a soixante-treize sectes différentes. Ils n’y
connaissent rien. Et donc, le premier ennemi, c’est l’inculture.
L’inculture dans laquelle s’engouffrent l’idéologie dominante
et la propagande.
Donc, moi, déjà, c’est. Moi,
j’ai lu le Coran. Je le lis par petits bouts. C’est un peu
fastidieux, c’est très répétitif, je le dis. Pour quelqu’un
qui vient comme moi d’un monde laïque helléno-chrétien, etc.,
c’est un peu rébarbatif. Mais je ne vois rien dedans de mauvais.
C’est un livre de morale et d’équité. Il n’y a rien de
malsain.
Quand je lis l’Introduction au
Talmud, c’est profondément maléfique. De dire : tu peux
voler du moment que tu ne te fais pas prendre, etc.
Il n’y a rien de tout ça dans le
Coran. Le Coran est un livre de lois pour que la société fonctionne
sur des bases morales. C’est-à-dire que c’est profondément
quelque chose de sain. Mais pour ça, il faut le lire. Tu vois. Donc,
moi je dis que la première voie, c’est la culture.
Et puis aussi de découvrir que des
grands penseurs français du siècle dernier, Massignon,
Corbin, etc., les gens de droite, d’une certaine droite du
XIXème siècle, étaient très intéressés par l’Islam. Et que
l’Islam ne se résume pas au délinquant de banlieues des banlieues
françaises qui s’est réislamisé il y a trois mois alors
qu’avant, il vendait du shit. Parce qu’on nous montre que
des conneries. Donc, il y a la culture.
Et le deuxième truc pour ceux qui
n’aiment pas les livres et se cultiver : il y a le voyage. Il
y a voyager dans les pays musulmans et rencontrer des êtres humains
musulmans. Et voir que ce sont des êtres humains qui vivent comme
des êtres humains. Ce ne sont pas des extraterrestres ! Parce
qu’il y a des gens qui pensent que les musulmans sont des
extraterrestres, alors qu’ils ont des femmes, des enfants… ils
aiment. On voit le rapport du papa avec sa fille. C’est un papa
avec sa petite fille. On voit de la tendresse, on voit des êtres
humains. On voit aussi du mensonge, on voit de la lâcheté, on voit
de tout. Il ne faut pas ni idéaliser, ni diaboliser.
Donc, il y a la lecture et le
voyage. C’est-à-dire se cultiver et rencontrer des gens.
Moi, je viens ici au Québec. Je
m’intéresse un peu à l’histoire de la France et de ce qui s’est
passé, etc., Et puis je me dis : oui, voilà, les Français à
un moment donné sont arrivés en Amérique, etc. Il y a eu l’épopée.
Et puis à un moment donné, je viens là. Et puis je rencontre des
êtres réels. Et puis c’est ces deux choses qui s’articulent, la
culture livresque et la rencontre des gens. Moi, je ne peux rien dire
d’autre.
Il faut admettre qu’on ne sait
rien – on ne sait rien – et dire voilà : est-ce que vous
avez lu quelque chose qui a à voir avec l’islam, notamment le
Coran ? On vous dira : non, bien évidemment. Ben,
lisez-le. Vous verrez que c’est, il n’y a rien de monstrueux
dedans. C’est plutôt un livre de saine morale et d’équilibre.
Le Dieu est systématiquement très miséricordieux. Donc, il est
miséricordieux. Miséricorde, ça a beaucoup à voir
avec l’idée chrétienne, l’idée catholique. C’est un Dieu de
miséricorde, le Dieu des musulmans. Ce n’est pas qu’un Dieu
d’« égorgement », contrairement à ce qu’on dit.
C’est le mensonge et la manipulation.
Et puis la rencontre des musulmans.
Là, moi, par exemple, toutes les réunions que j’ai faites,
systématiquement – et c’est pour ça que je mérite peut-être
d’être sauvé –, ça consistait à mettre dans des salles où,
moi, je parlais après, un tiers de gens qui venaient du Front
national, c’est-à-dire de l’extrême droite – ce qu’on appelle
l’« extrême droite » –, un tiers de gens qui
venaient de l’extrême gauche, et un tiers de gens qui venaient de
l’immigration, c’est-à-dire des musulmans. Et je vous dis, je le
fais depuis 2006, je crois : il n’y a jamais eu une bagarre ;
c’est magique pratiquement, jamais une bagarre. Parce qu’en fait,
d’un seul coup, les gens disent : oui, mais toi, toi, t’es
bien comme mec, mais les musulmans… ; oui mais toi, le mec du
Front national, toi, t’es un mec super, mais les fachos du Front
national. Qui nous a monté les uns contre les autres ? Sur quoi
fonctionnons-nous ?
Nous fonctionnons sur des mensonges
médiatiques, sur des manipulations. Et en réalité, le meilleur
moyen de désamorcer tout ça, c’est la rencontre de l’autre réel
et la lecture des textes réels, d’aller lire. Et quand on fait ce
travail-là qui demande un effort d’humilité, un effort, la
réponse, elle est donnée elle-même. D’un seul coup, on n’a
plus aucune raison de se « casser la gueule ». On n’a
plus rien à se reprocher.
Mais c’est ça tout le problème :
c’est que nos ennemis nous empêche de faire ça, ils nous
empêchent de nous cultiver, ils nous empêchent de nous rencontrer.
Ils vous disent : on s’occupe de tout.
Je le dis toujours : que ce
soit dans le business ou dans la réalité, limitez les
intermédiaires, évitez l’intermédiaire. Il y a des peuples qui
sont par définition des peuples d’intermédiaires. C’est-à-dire
qu’ils se mettent entrer toi et moi et ils te disent : nous,
les judéo-chrétiens… Et puis après : oui, cousin, nous qui
avons vécu ensemble au Maghreb, etc. Voyez. Limitez les
intermédiaires. C’est le maître-mot. Parlons-nous directement.
Et quand on se parle directement, on
se rend compte qu’il y a beaucoup moins de problèmes. Et c’est
valable d’ailleurs pour tout dans la société humaine. Du moment
où les gens se mettent à se parler, ils ont beaucoup moins de
choses à se reprocher, finalement. Ils se trompaient l’un sur
l’autre. On leur avait dit que. On m’avait dit que t’avais dit
que.
Et la réponse, c’est ça. Lire,
puisque finalement, les religions se déterminent par des écrits.
Est-ce qu’ils ont été dictés par Dieu ou pas ? Et est-ce
que. Si je suis laïque, je peux dire, peut-être, que le Coran n’a
pas été dicté par Dieu à Mohammed, mais c’est Mohammed qui l’a
écrit. Eh ben, je m’en fous. Je lis quand même ce qu’il y a
dedans. Je dis simplement : est-ce que ce qu’il y a dedans est
honteux, scandaleux ou pas ?
Non. C’est un code de morale,
c’est pour que les gens se tiennent bien. Et ce sont que des
valeurs saines et positives que toutes les civilisations partagent en
réalité. C’est-à-dire que ça rejoint toutes les valeurs saines :
on respecte ses parents, on ne ment pas, on ne vole pas. C’est
comme le Décalogue, à part que le Décalogue, ce qu’on ne dit
pas, c’est : « tu ne convoiteras la femme de l’autre »,
mais c’est toujours communautaire ; « tu ne voleras pas
celui de ta communauté », mais les autres tu peux !
Et pourquoi l’islam n’est pas
quelque chose qui me gène ? Parce que c’est une religion
universelle. Ce n’est pas une religion raciale et ce n’est pas
une religion communautaire. C’est-à-dire que tout le monde peut être
un bon musulman.
D’ailleurs, moi, je ne suis pas
musulman. Je suis catholique. Mais à un moment donné, il y a des
musulmans qui me disent : mais pourquoi, tu n’es pas un
musulman ? Je dis : ben, je n’ai pas besoin. Dieu, déjà,
me considère comme un bon musulman. Ce qui compte, c’est les
actes. Je n’ai pas besoin de me convertir, de faire le guignol,
etc.
Et je dis qu’un bon chrétien,
quand il est avec un bon musulman, ils sont obligés de s’entendre
puisque leurs valeurs morales sont les mêmes. Alors que par contre,
y’a certaines religions où c’est beaucoup plus discutable.
Enfin, certaines interprétations de certaines religions.
Et la réponse, elle est là. Lisez
les textes sacrés avant d’avoir une opinion. Personne ne le fait.
Et rencontrez les vraies populations, voyagez, rencontrez. Et après,
vous verrez qu’il y a beaucoup moins de problèmes.
Le problème, c’est
l’intermédiaire qui monte tout le monde contre tout le monde, la
méconnaissance, la peur de celui qu’on ne connaît pas, parce que
la méconnaissance génère la peur, parce qu’on a toujours peur à
priori de ce qui est étrange. Et pour surmonter la peur, c’est le
dialogue et la proximité. C’est valable quand vous marchez dans
une rue sombre la nuit. Comme ça. Et à un moment donné, on se
croise : « Bonsoir. » Petits sourires. Ouf ! ça
va mieux. Et c’est tout. C’est une règle universelle mais
malheureusement, aujourd’hui, on en est là.
Pour revenir à ce qu’on disait
tout à l’heure. Les discours d’Ahmadinejad, on nous ment sur ce
qu’il dit réellement. Et quand on voit la vraie traduction, il dit
que des choses absolument saines, universelles. Il n’y a rien
d’immoral dans ce qu’il dit. C’est plutôt un homme de paix,
etc. Voilà la réponse : lecture, rencontre.
Piero San Giorgio –
J’ajoute juste une chose. C’est que c’est une discussion qui
concerne la moitié de la planète. L’autre moitié de la planète,
Chinois, Hindous, ils ne sont pas dans cette discussion-là.
Alain Soral – Ils ne sont
pas dans notre aire géographique non plus.
Piero San Giorgio –
Exactement. Mais par la globalisation, ils comptent. Et ils comptent
de plus en plus. Donc, c’est aussi intéressant d’aller
rencontrer. Moi, un des trucs qui m’a ouvert les yeux ces dernières
années, c’est d’avoir investi du temps pour aller faire un
voyage en Chine. Très intéressant de voir leur manière de
réfléchir. Eux, les conflits au Moyen-Orient, palestinien,
israélien, tout ça : rien à foutre. Eux, je veux dire, si ça
ne s’effondre pas économiquement avant, eux, ils vont nous mettre
d’accord avec d’autres philosophies et d’autres vues. Donc,
c’est aussi intéressant de s’intéresser à comment réfléchit
l’Orient, l’Extrême-Orient. C’est l’autre moitié.
Alain Soral – Bon, en
dernière instance, tous les systèmes de gestion des populations,
que ce soit en général par le sacré, sont toujours quand même des
systèmes de morale fonctionnelle qui permet à un grand nombre de
gens de vivre ensemble, par le respect de certaines valeurs
évidentes : essayer de ne pas mentir, essayer de ne pas voler,
essayer de ne pas tuer. Et ça c’est assez universel, je suis
désolé.
Quelqu’un de bien élevé et de
moralement bien constitué, puisqu’il est bien élevé, peut
voyager partout sans rencontrer trop de problèmes, à priori. C’est
quand même la règle.
Le problème c’est. Aujourd’hui,
on a quand même des gens. Si je prends, par exemple, l’idéologie
de Wall Street où c’est des gens dont tout le système de valeurs
est basé sur la haine, le mépris, la prédation, le mensonge, etc.,
et qui sont capables pour gagner un peu plus d’argent alors qu’ils
sont déjà richissimes, de condamner à mort par la spéculation sur
les matières premières alimentaires, 500 millions de gens dans le
tiers monde en en ayant rien à foutre parce que deux rails de coke
derrière leur permet d’oublier, même si à la fin de leur vie,
ils tombent en dépression. Enfin, on ne sait pas d’ailleurs.
Ces idéologies ultralibérales
aujourd’hui ne sont pas viables. Elles ne sont viables que sur des
séquences très, très courtes. Et même le monde libéral – il ne
faut pas oublier – est une séquence historique de deux siècles et
demi qui est déjà en train, comme une combustion hyper rapide ou un
moteur de Formule 1 qui tourne à très haut régime et qui a
quelques milliers de kilomètres, quelques heures de fonctionnement
possibles. On est quand même en train d’insulter des civilisations
comme l’Islam.
J’insiste sur l’Islam parce une
c’est le problème en ce moment. C’est là que l’ennemi met le
doigt. Si on essayait de faire péter le système par les
catholiques, j’insisterais sur le catholicisme. Je parle beaucoup
de l’Islam parce que c’est. Le piège est là.
Mais on insulte une civilisation qui
quand même perdure depuis le septième siècle après Jésus-Christ,
au nom d’une civilisation des droits de l’homme qui elle, en deux
siècles et demi, a produit plus de meurtres sur la Terre, de
cataclysmes, qu’aucune autre civilisation avant elle. N’oubliez
pas que les deux guerres mondiales ont été faites par des Blancs
chrétiens européens, entre eux. On n’a en réalité aucune leçon
de paix, d’amour et d’équilibre à donner à personne. Parce que
le maître-mot, c’est ça.
Toutes les sociétés
traditionnelles fonctionnent sur l’équilibre. Nous, notre société
est fondée fondamentalement sur le déséquilibre. La croissance,
c’est une fuite en avant. C’est un système de déséquilibre
permanent. Et en fait, c’est très dangereux et ce n’est pas
pérenne.
Or, en réalité, toutes les
sociétés traditionnelles, ou d’avant, sont basées sur des
équilibres. Et c’est ce qui est gênant d’ailleurs dans le
Coran, quelque part, par rapport à l’idéologie libérale, c’est
que c’est un truc d’équilibre. C’est-à-dire qu’il faut se
calmer, il faut en rabattre un peu, il faut être modeste, il faut
avoir le sens de la durée, etc. Et c’est vrai que pour un jeune
qui veut en croquer, on lui dit : calme-toi, arrête-toi,
ne fais pas ci, ne fais pas ça. Et c’est vrai qu’à la fois, il
y a un côté frustrant, mais en même temps, c’est ce qui te sauve
sur le long terme. Si on prend la durée d’une vie, tu es sûr de
finir à peu près correctement. Alors que l’autre, au bout, il y a
l’accident de voiture, la crise cardiaque, etc. Et c’est aussi
tout ça. Aujourd’hui, au nom de quoi donnons-nous des – je parle
des Occidentaux – donnons-nous des leçons au monde entier ?
Au nom d’un système de fuite en
avant hyper productif sur le plan matériel mais qui produit des
dégâts collatéraux monstrueux, et qui est une fuite en avant
forcément mortifère. On sait que ça ne peut pas durer très
longtemps. Et c’est ça aussi cette inversion de valeurs.
C’est quand tu vois Netanyahou qui
est un Américain, quelque part, un libéral américain avocat
d’affaires, – c’est un avocat d’affaires libéral américain
–, il donne des leçons à un type comme Ahmadinejad qui porte
sur son dos la sagesse de trois mille ans de civilisation perse plus
d’un islam chiite, etc., etc. C’est complètement absurde d’un
point de vue de l’intelligence. Il y en a un qui est dans la sagesse,
et l’autre qui se dans l’hystérie. Or, c’est l’hystérique
qui traite d’hystérique le sage. Et malheureusement, nous sommes
pris en otage dans cette histoire-là. Et à un moment donné, la
question est là. Nous avons en ce moment un fauteur de guerre
hystérique qui prétend incarner la sagesse des Nations au nom de
l’Onu face à un homme qui incarne deux sagesses, c’est-à-dire la
sagesse perse et la sagesse musulmane – chiite certes, mais bon,
c’est un autre débat –, et qu’on traite de fou. Et qu’on
traite de fou. Ça va très mal.
Et c’est quand même à nous de
dire, à un moment donné : je suis désolé, au nom de mon
libre arbitre, de mon intelligence et de mon honnêteté, cet
homme-là m’inquiète beaucoup moins que cet homme-là qui agite un
petit dessin avec une bombe – je veux dire, on est dans le
grotesque –, avec un petit trait de feutre rouge, et qui est un
type qui a dû être condamné plusieurs fois pour escroqueries –
je n’en sais rien… –, alors que l’autre est un ingénieur,
issu du petit peuple, etc., etc., avec ses petites chaussettes, etc.
Enfin voilà.
Et propager la bonne parole, c’est
dire ça aux gens à côté de vous, quand ils regardent la télé.
Parce que quand on arrive à faire le petit temps de la pédagogie,
personne ne vous dit : non, non, je choisis Netanyahou en
conscience contre Ahmadinejad – je prends exprès un truc extrême
– ; ah ! si j’avais su que effectivement, celui-là a
l’air beaucoup moins inquiétant que celui-là.
L’Iran ne menace pas le monde.
L’Iran n’est pas expansionniste. Aucun problème ne vient d’Iran.
C’est un pays qui n’a pas de dettes, c’est un pays qui n’a
pas d’autres projets que d’essayer de. Il essaye juste de
survivre à un projet d’extermination, de soumission, etc.
Alors qu’en réalité, on voit
bien que depuis soixante-deux ans, cette espèce de tumeur
effectivement étrange qui s’appelle le sionisme est un facteur de
déséquilibre systématique ; depuis soixante-quatre ans, je
crois. Et ça, c’est la réalité objective. C’est tout.
Le mouvement, la
vie, le risque
Public (e) – J’aimerais vous
poser une question concernant la Base Autonome Durable. Je
m’interroge sur la part du temps qu’il faut lui consacrer. En
fait, je crois qu’il n’y a pas de règles fixes à ce niveau-là.
Mais par exemple, dans votre cas personnel, est-ce que vous pouvez
témoigner de la contradiction, du paradoxe qui existe dans cette
transition ou dans cette préparation à la construction d’une Base
Autonome Durable et en même temps, une existence qui n’est pas
celle de quelqu’un qui vit dans sa Base.
(…)
Alain Soral – De toute
façon, il y a un moment où on se met en mouvement. Quand on se met
en mouvement.
Piero San Giorgio – Le
monde change.
Alain Soral – L’horizon
se déplace et les perspectives évoluent. Donc, le danger c’est –
qui est le principe de l’angoisse –, c’est-à-dire d’être
immobile et de spéculer à vide. En réalité, à un moment donné.
Moi, à un moment donné, je me suis mis en mouvement par les risques
que j’ai pris, les livres que j’ai écrits. À un moment donné,
on est d’ailleurs pris dans une dynamique. Je ne serais pas là ce
soir si, etc., etc. Et ça change tout.
Parce que le problème, c’est que
tant qu’on ne se met pas en mouvement, et qu’on attend, et qu’on
reste dans le virtuel et l’abstrait. Parce qu’on est quand même
dans un monde d’universalisme abstrait généralisé. C’est-à-dire
que tout doit être livré totalement ou pas du tout. Et on cherche
toujours les solutions absolues ou sinon on ne bouge pas. Avec cette
idée d’ailleurs qu’on doit sauver tout le monde ou personne,
etc.
En réalité, tout ça, ce sont des
fausses catégories et qui sont une espèce de cancer d’un
processus historique qui a commencé sans doute avec Montaigne.
On est dans ce qu’on appelle l’universalisme abstrait absolu,
alors que tout dans le monde, tout est topique et relatif.
C’est-à-dire qu’effectivement, si vous commencez à faire un pas
dans une certaine direction, c’est aussi bien sûr une prise de
risques. Il y a toujours effectivement. On ne peut pas gagner
systématiquement. Il y a toujours. On lâche d’un côté pour
prendre de l’autre, avec une prise de risques, etc. Le principe de
l’escalade : on lâche une prise, on en prend une autre. Et il
y a des gens qui veulent aussi, pareil, l’assurance absolue du
risque zéro, qui est aussi une des escroqueries qu’on nous vend.
C’est : je veux bien changer, mais je ne veux rien perdre et
je veux tout gagner.
Tout ça, en fait, ce sont des
idées, une idéologie qu’on nous a vendue dans laquelle on est
totalement, qui est totalement, qui n’a aucune réalité, en fait,
qui est totalement abstraite et délirante. Et c’est en fait,
aussi, tout ça. C’est-à-dire qu’effectivement, c’est ton
histoire aussi [à Piero San Giorgio].
Moi, d’ailleurs, en ce moment, je
suis aussi dans cette approche-là. On est en train d’essayer
d’acheter un village en France, un village abandonné, pour
effectivement expérimenter au niveau d’Égalité et
Réconciliation tout ça. Parce qu’aussi, on a
envie d’aventure. Il faut dire qu’on essaye d’échapper à la
solitude et à la dépression. Donc, c’est une aventure collective.
On réinvestit le peu d’argent qu’on a aussi, parce qu’on se
dit, effectivement, d’acheter de la pierre et de la terre, c’est
mieux qu’un plan épargne logement ou qu’une assurance-vie. Donc,
effectivement, on est dans cette espèce de prise de risques,
aventure, fuite en avant, avec le risque de se casser la gueule,
etc., mais qui s’appelle aussi la vie, quelque part, et qui fait
qu’à un moment donné, des gens qui étaient bloqués dans la
vieille Europe figée du XVII, XVIIème siècle sont partis, qu’ils
aient été Irlandais, parfois Bretons, etc., sont partis en Amérique
en risquant de tout perdre aussi, d’être noyés dans un bateau,
mais aussi, en accomplissant, malgré tout, ce qui est aussi votre
vie, qui s’appelle le « rêve américain » d’une
certaine manière ; vous êtes aussi l’Amérique.
Effectivement, que ça s’appelle la vie, la vie, qui est prise de
risques, un pari sur l’avenir, risquer de perdre pour gagner, etc.
Et qu’effectivement, ça paraît
évident, mais, aujourd’hui, tout ce qu’on nous propose, c’est.
Les débats politiques aujourd’hui, c’est sur les points de
retraite, etc.
Moi, j’ai reçu un papier
récemment où on me demande de remplir tous les boulots que j’ai
fait dans ma vie, pour savoir combien je vais toucher de retraite à
la fin. J’ai jeté le truc. Et on m’a fait un rappel. Je l’ai
jeté aussi parce que je ne veux pas passer des semaines à remplir
des papiers sur : j’ai travaillé de telle année à. En plus,
moi, j’ai bougé dans tous les sens. J’ai travaillé de telle
année à telle année, je touchais tant, etc.
Cette proposition de vie
m’insupporte. Et moi, j’estime qu’à soixante-cinq ans soit je
serais mort, soit j’aurais trouvé une autre solution. Je ne veux
pas attendre. Alors, évidemment, je ne le conseille pas à tout le
monde. Mais je me dis que je ne veux pas passer des semaines à
remplir des papiers pour savoir qu’à soixante-cinq ans, je
toucherai tant par moi. Si c’est ça mon destin, c’est une vie
ratée. Et je prends le risque, effectivement, de jeter le papier, de
ne pas avoir de retraite. Je pense que de toute façon, qu’on ne la
touchera peut-être pas. De toute façon, ça n’existera plus. Je
l’ai toujours pensé. C’est pour ça que je n’ai jamais cotisé.
Parce que je dis : on ne la touchera jamais. Et j’ai de plus
en plus raison. Je dis : je prends une autre option de vie,
Égalité et Réconciliation, Kontre Kulture, monter de
l’économie alternative, etc., etc.
Et je crois que là, effectivement,
c’est la discussion générale. C’est ça. C’est qu’à un
moment donné, vous êtes presque dans une logique de pionniers. À
un moment donné, vous brûlez un peu vos vaisseaux, vous allez de
l’avant. Et là, effectivement, les réponses vous sont données
par le fait de vous mettre en mouvement. Tant que vous n’êtes pas
en mouvement et que vous posez des questions pour savoir qu’est-ce
que je gagne, qu’est-ce que je perds, qu’est-ce que je fois
faire, etc., etc., ça ne sert à rien. En réalité, à un moment
donné, il faut bouger. Et quand on bouge, c’est effectivement, on
lâche d’un coté, on prend de l’autre.
Et après, il y a le hasard des
rencontres. Il y a le fait que quand on se met en risque et en
mouvement, il vous arrive des choses, bonnes ou mauvaises. Et
qu’effectivement, pour rencontrer des choses et vivre des choses,
il faut se mettre en mouvement. C’est le principe. Et
qu’effectivement, quand on reste immobile et qu’on attend, on
veut tout sans prendre aucun risque, etc. L’immobilité génère en
général l’angoisse, l’apathie, la dépression, etc.
Mais qu’on est quand même
aujourd’hui dans ces sociétés de crise extrême où en réalité
– on vous parle de croissance et de société de fuite en avant –,
en réalité, vous êtes entièrement bloqués dans vos perspectives
de carrière, bloqués de a à z. Toute la société aujourd’hui
est bloquée, en réalité bloquante. Bloqué dans votre voiture. On
l’a vu l’autre jour quand on a voulu arrivé jusqu’ici en
partant de Montréal. On a quand même passé un certain temps
bloqué. Et ça aussi, c’est des démarches d’esprit. C’est
que.
Piero San Giorgio – Ce
n’est pas une vie, ça.
Alain Soral – C’est à
nouveau être capable de prendre des risques, de faire son baluchon,
de dire à sa femme et ses gosses : je crois qu’on va essayer
autre chose, etc., etc. Et il y a un risque, évidemment. Il y a un
risque. Et effectivement, quand je dis ça, je prends le risque,
effectivement, de vous pousser sur des chemins qui peuvent peut-être
vous mettre en danger. Mais comme je pense que ce qui nous attend
dans l’immobilité est bien pire, au moins, je dirais :
prendre des risques parce qu’on a pris des risques et des risques
de vivre quelque chose, c’est mieux. Tenter quelque chose même si
on échoue, c’est mieux que de dépérir en ne tentant rien. Et on
est dans cette logique-là qui, moi, est ma logique personnelle. On
en parlait aujourd’hui [à Piero San Giorgio]. J’ai
cinquante-quatre ans, j’ai une vie intéressante, risquée. Et
finalement, quel était mon avenir si je m’étais soumis aux
injonctions, aux menaces, etc. ?
Je serais un publicitaire dans la
cocaïne, divorcé, dépressif, qui est déjà obsolète parce qu’à
cinquante-quatre ans, vous ne valez plus rien sur le marché du
travail, de la modernité, etc. Donc, finalement, moi, j’ai pris
beaucoup, beaucoup de risques, et je ne le regrette pas. Parce que
même si demain j’ai une mort violente – ce qui est possible –,
je ne regrette strictement rien parce que ce soir, je suis avec vous,
j’ai une vie intéressante. Il y a du respect aussi dans le regard
des gens avec qui je parle. Ce qui aussi très difficile aujourd’hui,
de mériter le respect des autres. Il n’y a pas de raison. On est
souvent très peu respectable. Et d’ailleurs, nos élites ne le
sont absolument pas.
Ça aussi. On est dans une période,
c’est quand même incroyable, où plus on monte dans la hiérarchie
sociale, moins les gens sont respectables. On a envie de ne respecter
personne.
Je veux dire, moi, mon président de
la République s’appelle François Hollande. On dirait un
chat coupé d’un mètre soixante-cinq. Je veux dire. Je me souviens
qu’il y a eu de Gaulle, je me souviens qu’il
y a eu le Grand Condé sous l’Ancien Régime. Il y a quelque chose
qui va mal. Je n’ai pas envie de respecter les animateurs de
télévision, je n’ai pas envie de respecter nos dirigeants. Qui
respectons-nous aujourd’hui ?
C’est ça la question et c’est
ça. Je pense que vous avez vous-mêmes les réponses, puisque vous
êtes là.
Élections
présidentielles de 2012 : si Marine Le Pen avait été élue
Public (f) – Sur le plan
politique, justement pour revenir sur le plan politique plus que sur
la BAD, qu’est-ce que ça aurait changé si Marine Le Pen avait été
élue ?
Alain Soral – Moi, je
n’espérais pas qu’elle soit élue. Je pensais que c’était
impossible. Mais j’espérais qu’elle soit au deuxième tour,
parce que ça aurait fait pas mal éclater le mensonge gauche-droite,
puisqu’en fait, elle était le candidat social au deuxième tour.
Elle aurait été face au candidat de gauche, c’est-à-dire le
candidat du patronat et de la réaction. Et j’espérais ce
laboratoire. Enfin, j’espérais ce moment un peu de vérité pour
accélérer le dépérissement du mensonge politique. Parce que moi –
là-dessus les travaux de Chouard se rejoignent –, je pense
que la démocratie représentative est en réalité le contraire de
la démocratie, puisque les représentant ne vous représentent qu’au
moment où vous votez pour eux. Et après, ils vous trahissent. Ce
qui est vérifiable systématiquement. Puisque les Français sont
contre la Constitution européenne, et les députés l’ont validée
alors qu’ils ont été mandatés. Donc, ils l’ont validé à plus
de 88 %, alors que les Français sont à 56 % contre.
Donc, en réalité, moi, ce qui
m’intéressait dans Marine Le Pen, c’était – c’est mon côté
punk –, c’est que ça foutait la merde. Et moi, je suis pour,
effectivement, d’une certaine manière, casser les catégories qui
nous sont imposées actuellement et accélérer le discrédit, le
dépérissement du mensonge politique. Et pour ça, le Front
national, pour moi, est un outil. C’est un des rares outils
performants qu’on a. C’est que ça fout la merde, etc. Alors
qu’on voit bien que le piège total, mortifère, c’est
l’alternance permanence gauche-droite. Les gens se sont fait
baisser par Sarközy, ils disent : oh ben, on va revoter
à gauche. Ils ont Hollande. Après, il y aura Copé.
Je peux vous écrire le scénario jusqu’à la fin des temps. Et
qu’à un moment donné, il faut casser ce truc de bonnet blanc,
blanc bonnet, la « gauche de droite », la « droite
de gauche ». C’est le vrai fascisme, si on veut employer des
mots d’adolescents – parce que ça ne veut rien dire. Mais le
vrai fascisme, pour moi, c’est celui-là. C’est cette
autoalternance mensongère où derrière se tient la Banque, etc.
Et moi, j’ai remis à sa place
récemment Emmanuel Todd qui finalement, appelait à voter
Hollande en disant que ça serait le « hollandisme
révolutionnaire ». Il savait très bien qu’il mentait. Il a
fallu quinze jours pour qu’on voit, effectivement, que Hollande ne
fait rien de plus que Sarközy, rien de moins. Il ne fait rien. Ce
sont des animateurs qui sont là comme des épouvantails pour prendre
les patates, les tomates dans la gueule pour que les banquiers
puissent travailler tranquilles.
Parce que même critiquer les hommes
politiques aujourd’hui, c’est facile. En réalité, ils n’ont
aucun pouvoir. Ils ne touchent pas tellement d’argent, finalement –
on leur a même réduit leurs émoluments de trente pour cent –
pour prendre les crachats du peuple à la gueule, à la place des
autres. Sarközy, il a tenu cinq ans, il s’est fait dégagé. On a
même oublié qu’il avait été président. En fait, c’était un
animateur de noces et banquets. Voyez. C’est un guignol. Il n’a
rien fait. Et là, on a Hollande qui est là. Et on se demande
comment il va tenir cinq ans. C’est vertigineux. Ça fait déjà
cinq mois qu’il est là, il a déjà renoncé à tout, trahi tout.
On a payé ça, machin. Alors, PSA [Peugeot Société
Anonyme, PSA Peugeot
Citroën], il ne peut rien faire.
Mais par contre, l’adoption d’enfants par les homosexuels, ça,
il se bat. Parce que c’est ça la gauche. Voyez.
Enfin, voilà, tout ça est une
mascarade évidente. Et on se dit : le pauvre, je n’aimerais
pas être à la place de François Hollande. Je ne vais même pas
l’accabler. Il a un boulot qui est très, très dangereux, même
pour lui. Parce qu’à un moment donné, il peut même se faire tuer
par un fou en allant serrer des mains sur un marché. Parce qu’en
plus, leur boulot, c’est quand même, c’est des représentants de
commerce. Ils font du terrain. C’est des boulots minables.
Et moi, ce qui m’intéresse, à la
limite, un petit peu, avec le Front national, c’est que c’était
le truc qui accélérait l’explosion de tout ça. Et moi, je vous
dis franchement aujourd’hui, ça ne m’intéresse même plus le
Front national, parce que Marine a été intégrée au système. Elle
a son petit segment de marché qui est l’anti-Islam.
[Image figée, problème technique]
(…)
… économique, sociale, etc. Et
elle n’a fait que 17,8 [résultats au premier tour des élections
présidentielles françaises de 2012]. Ce qui prouve que la machine
de manipulation médiatico-politique est incroyablement puissante, et
que finalement, le votant est un couillon – je suis désolé –,
et que ça ne peut pas passer par là. C’est une évidence. Et moi,
l’exemple que je prenais, c’était la deuxième élection de
Eltsine.
Eltsine était à deux pour cent
dans les soudages, après son premier mandat. Il a liquidé la Russie
et ramené l’espérance de vie à cinquante-deux ans. Et avec de
l’argent américain, des putes, des Go-Go
girls et des shows vulgaires à l’américaine, il a été
réélu. Et quand on sait qu’on peut faire réélire Eltsine, on
peut faire. En fait, le système de domination peut faire à peu près
n’importe quoi. Il a pu faire croire qu’Obama était un
espoir pour l’Amérique, lui donner le prix Nobel de la paix pour
aller aggraver les guerres coloniales du projet néoconservateur. On
sait tout ça, parce qu’on est entre nous. On est chez les initiés.
On sait.
Je pense qu’il n’y a aucun
espoir, en gros, dans la politique conventionnelle. Et peut-être
même que l’abstention totale et les abandonner. Parce que
finalement, ils ont très peur de la baisse des pourcentages de
votes. Aujourd’hui, on a finalement. À un moment donné, qu’une
élection se fasse avec trente pour cent des gens, c’est peut-être
presque la vraie subversion politique. C’est peut-être totalement
abandonner la politique politicienne. C’est un débat. Mais je
crois que la mascarade électorale, c’est presque finalement leur
donner caution, d’une certaine manière, leur dire : le peuple
s’intéresse encore à vous, vous avez encore une certaine. Il
faudrait les délégitimer encore plus, moi, je pense. Il faudrait
accélérer ce truc-là.
Parce que, moi, ce qui m’inquiète,
c’est qu’après Hollande, on ait Copé, par exemple. Voyez. Ou
même Bayrou, qu’ils vont nous ressortir à un moment donné,
si ça va trop mal. C’est comme une écurie avec des chevaux. En
fonction du temps, du [terrain lourd], etc., nos maîtres ont à peu
près tout ce qu’il faut en réserve. Ils ont même Mélenchon
au cas où, qui est un atlantiste franc-maçon de l’OCI
[Organisation communiste internationaliste], deux fois sénateurs
socialiste, qui a voté « oui » à Maastricht.
C’est-à-dire que le mec.
Un homme politique, aujourd’hui,
de haut niveau, c’est un type qui a passé un certain nombre de
tests de soumission, de mensonge. C’est un type dont on est sûr que
c’est une ordure absolue. Sinon, il a sauté avant. Même Jospin
qui n’était pas assez, ou Rocard, il n’est pas arrivé en
haut. C’est-à-dire que les types qui arrivent à la présidentielle,
c’est un processus de sélection où on est sûr que le mec est un
menteur, un lâche, un humilié, qui s’est soumis, etc. C’est un
test de disqualification humaine, en réalité. Sinon, le type ne
peut pas arriver jusque là.
Public (g) – DSK [Dominique
Strauss-Kahn].
Alain Soral – Comment ?
Public (g) – DSK.
Alain Soral – Ben, DSK
il y a eu le miracle de Nafissatou [Diallo], qui est une
petite Jeanne d’Arc.
Public (h) – Il a trop réussi le
test, lui.
(Rires)
Alain Soral – Normalement,
il devait être notre président. Il devrait être notre président,
normalement. Je crois que c’est ça. Mais je pense que c’est
pareil chez vous, aussi.
Un homme politique de premier plan
qui sait sourire à la télé, faire son numéro, etc., vous pouvez
être sûr que c’est une ordure sympathique, au mieux. C’est
Jacques Chirac, c’est Bernard Tapie. C’est
un menteur professionnel, un type qui n’en a rien à foutre, etc.
C’est-à-dire que c’est le contraire de ce qu’il faut. Parce que
sinon, ça serait Jesse Jackson. Jesse Jackson
n’a pas pu devenir Obama, parce qu’à un moment donné, il a
critiqué Israël. Voyez. Les mecs, ils sont. C’est un système de
sélection pour que quand vous arrivez en finale, vous êtes une
ordure. C’est sûr. C’est-à-dire que vos maîtres savent que vous
allez jusqu’au bout faire le sale boulot, que vous êtes une pute,
un menteur. Enfin, je le dis. Et Obama, c’est la preuve parfaite.
Le mec, il est arrivé avec le discours de.
Public – Du Caire.
Alain Soral – Du Caire. Et
il a dit : je me battrai pour qu’il y ait un État
palestinien. Et à la fin, il a dit : jusqu’au bout, il n’y
en aura pas, je vous le garantis, etc. C’est-à-dire que le mec a
menti sur tous ces. Et là, maintenant, on le met en concurrence avec
une espèce de mormon, mords-moi-le-mormon-là,
pour qu’on trouve presque Obama moins pire que l’autre.
C’est-à-dire que c’est vraiment un système de manipulation
abject. Comment il s’appelle l’autre ? Je n’ai même plus…
Public – Ron Paul, Mitt Romney.
Alain Soral – Non, parce
que Ron Paul, c’est encore un peu un être humain.
Public – Mitt Romney.
Alain Soral – Il n’a pas
pu aller en finale, Ron Paul. Il est encore trop. Il n’a pas assez
trahi. Il aurait fallu qu’il trahisse beaucoup plus. Et là, on a
une espèce d’élection avec une super-ordure et un super-connard.
Je veux dire : allons à la pèche. Je ne sais pas, enfin,
surtout ne votons pas. Et il y a toujours le jeu, à la fin, c’est :
quand même, il faut quand même voter pour le moins pire ; je
vais quand même y aller. Non. Je ne crois plus du tout à ça.
Et je vous dis, même Marine Le Pen,
je la laisse à son commerce. On voit qu’il y a le père, la fille,
et maintenant la nièce. C’est une PME familiale. Je ne les
critiquerai jamais parce que pour moi, ce sont les plus sympathiques
et les moins pires de tous les politiques que j’ai rencontrés. Ils
ont le mérite de dire deux ou trois trucs, quand même. Mais, voilà,
la vie est ailleurs. Vous voyez ce que je veux dire. La vraie
politique est sans doute ailleurs.
Piero San Giorgio –
Potager.
Public (i) – Oui, mais là, on
parle de la France, c’est notre pays. Mais ici, c’est la même
chose.
Alain Soral – C’est la
même chose, bien sûr.
Public (i) – On vient d’en
perdre un pour [inaudible], une.
Alain Soral – Bien sûr,
c’est la même chose.
Public (i) – Exactement la même
chose.
Alain Soral – C’est
l’Occident, c’est le système.
Public (j) – Il y a quand même
des choses qu’il faut comprendre, qui sont assez différentes, ici.
Parce qu’ici, on est dans le cadre d’une Nation qui n’a jamais
détenu le pouvoir politique pour elle-même.
Alain Soral – Oui.
Public (j) – Alors, c’est une
Nation annexée au sein du Canada. Et puis, par conséquent, dans le
Canada, on poursuit le travail d’annexion de la Nation québécoise
par l’assimilation.
Alain Soral – Donc, vous
pouvez encore voter pour des indépendantistes.
Public (j) – Il y a encore une
campagne de haine et de propagande dans la presse anglophone.
Alain Soral – Alors,
peut-être qu’il y a des candidats indépendantistes sur lesquels
vous pouvez voter.
Public (j) – Oui, dans la presse
anglophone. Il y en a même soutenue parfois même par la presse
francophone, contre la Nation québécoise. Alors, donc, il y a un
contexte national un peu différent.
Alain Soral – Mais je ne
connais pas très bien. Moi, je suis français. Peut-être qu’il
faut voter quand il y a des élections, pour le, ben, je ne sais pas,
ceux qui veulent, ouais, un Québec libre, sans doute.
Révoltes et
révolutions populaires contre réseaux de pouvoir constitués
Public (k) – Qu’est-ce que vous
avez pensé du phénomène de la « Révolution tranquille »
[1960-1966], ici ? Parce que c’est un peu le grand événement
qui détermine tout ce qui s’est passé au Québec.
Alain Soral – Je ne connais
pas assez bien. Moi, je suis venu ici pour découvrir le pays,
rencontrer des gens. À la limite, vous, vous pouvez me dire ce que
c’est que le Québec. Moi, je peux vous dire ce que c’est que la
France, le mondialisme. Mais je ne vais pas.
D’abord, ça aussi, ça fait
partie des règles. Je ne vais pas vous expliquer ce que c’est que
le Québec. De même que je ne vais pas expliquer ce que c’est que
la Syrie à un Syrien. J’essaye de comprendre un contexte mondial.
Moi, le Québec m’intéresse parce
que c’est francophone et que c’est aussi un peu, une petite
enclave qui résiste contre une domination anglo-saxonne globale. Je
n’idéalise pas non plus. Parce qu’on m’a dit : n’idéalise
pas, c’est très communautariste. Il y a des féministes, les plus
puissantes du monde. Ce n’est pas si bien que ça. Mais c’est
quand même pas mal. Donc, moi, je viens là pour découvrir. Je n’ai
pas envie de vous expliquer ce que c’est que le Québec. Je ne suis
pas magicien. C’est à vous de m’expliquer plutôt vos
spécificités, les mouvements politiques, etc. Et je suis là pour
apprendre, aussi.
Piero San Giorgio – Il y a
en tout cas une chose sur les mouvements des, on va dire, Occupy Wall
Street et les mouvements étudiants qu’on a pu voir à la
télévision depuis l’Europe après ce qui s’est passé chez
vous. Il y a une chose qui à la fois est intéressante et en même
temps me dérage, c’est qu’on voit une mouvance de jeunes qui
clairement sont insatisfaits d’un système. Ils vont dans la rue,
ils font des choses. C’est intéressant. Mais en même temps, ils
sont avec leur iPhone, ils sont avec leur ordinateur. Très bien,
très bien. Et leurs revendications, c’est souvent, ce n’est pas
de changer forcément le monde. C’est aussi souvent : ben
voilà, on veut payer un petit peu moins cher, etc. Je ne suis pas
100 % – de l’extérieur donc, très modestement, je n’ai pas
tous les tenants et les aboutissants –, je n’ai pas le sentiment
qu’il y ait une vraie force physique pour un vrai changement. C’est
pour ça que je suis toujours très septique. Je suis totalement
d’accord.
Alain Soral – Et puis,
c’est très, très noyauté. C’est Facho-Watch. Dès que vous
avez des mouvements de rue de jeunes, il y a les cadres trotskystes
qui sont des pros de la manipulation. Les Indignés, c’était ça.
Nous [Égalité et Réconciliation],
on a été chassés physiquement des Indignés, à Bastille. C’est
entièrement pris en main par des petits trotskards avec des
talkies-walkies qui quand vous regardez les médiations, sont reliés
directement, par certaines médiations hollandaises, à la CIA.
Enfin, etc.
Ces mouvements de colère un peu
spontanés des jeunes, malheureusement très enthousiastes et très
naïfs, le système sait pertinemment comment les prendre en charge,
tranquillement.
Piero San Giorgio – Ouais.
Alain Soral – On a eu Mai
68 en France, qui était la première révolution colorée du monde
moderne. C’est nous qui avons inauguré ce système. Et on voit ce
que ça nous a donné. Tous les pires salopards, aujourd’hui, qui
ont fait les pires choses sont issus de Mai 68, chez nous.
Et c’est pour ça que quand on est
jeune, il faut s’amuser. Donc, moi, je pense que quand on est
jeune, il y a des trucs. Il y va. On peut draguer des filles, il y a
un peu…, c’est marrant. Mais globalement, avec du recul, je sais
qu’en général, ça ne donnera rien. Et puis on voit très bien.
À Wall Street, à un moment donné,
il y a les jeunes en bas. C’est bien. Les 99 % contre les 1 %. Ils
ont bien compris. C’est clair. Et ils passent en bas de Wall
Street. Et les autres en haut, qu’est-ce qu’ils font ? Ils
sont un peu inquiets quand même. Qu’est-ce qu’ils font ?
Ils font un énorme don à la police de New York qui devient une
milice privée pour les sécuriser. Puis, c’est tout.
Malheureusement, on voit ce qui se
passe en ce moment au Portugal, en Grèce, etc. Ça n’empêche rien
du processus de mise au pas.
Notamment la Grèce, c’est très
typique. C’est d’une violence incroyable. Eh ben, n’empêche
que tout s’accomplit malgré tout, malgré les manifs, les colères.
Alors on dévie. Il y a Aube dorée, on dit que c’est des nazis. On
ethnicise le problème avec les clandestins, machin, etc. Et
globalement, si vous regardez le rouleau compresseur.
Piero San
Giorgio – Il avance.
Alain Soral – Ça avance,
et les lois passent, les salaires sont réduits, on privatise
l’espace public, etc., etc. Ça se passe la même chose en Espagne,
la même chose en Italie. Et c’est ça qui est très inquiétant.
C’est que le truc avance.
Alors, à un moment donné,
effectivement, est-ce que de se barrer à la campagne et monter de
Bases Autonomes Durables, ce n’est peut-être pas finalement plus
politiquement plus intelligent ?
Moi, je pose la question. Je vois à
chaque fois, la stérilisation des mouvements spontanés de
contestation sur des techniques relativement classiques qui remontent
quand même au XIXème siècle. Ça remonte aux premières révoltes
des gens trahis par les processus révolutionnaires inaugurés par la
Révolution française. Ces trucs de rue, les manifs, etc., c’est
1830, 1848, 1871, etc., etc. C’est quand même comme les boîtes de
nuit ou le rock ’n’ roll qui commence à
dater. C’est des. On est quand même toujours sur le truc : on
est en colère, on manifeste. Et je dis : les manifs pour les
retraites en France, c’est des pauvres qui défilent pour rien
devant des pauvres, alors que tout est déjà négocié au dessus de
leurs têtes par les syndicats qui les ont déjà tous trahis, parce
qu’ils ont déjà ratifié toutes les chartes européennes. C’est
du théâtre. Et vous pouvez le vérifier. Alors, les gens sont dans
la rue. Tuut ! Gnagnagna, machin, truc. Et puis derrière, c’est
plié.
Piero San Giorgio –
Potager !
Alain Soral – Ça fait un
peu de désordre. Et malheureusement, depuis des années et des
années, le truc de la contestation dans la rue, le machin, etc., ça
n’a, excusez-moi de vous le dire, ça n’a jamais marché. Depuis
1830, ça n’a jamais marché. À un moment donné, de toute façon,
si ça devient trop truc, on fait tirer l’armée dessus.
Piero San
Giorgio – Même en Suisse.
Alain Soral – La gauche le
fait très bien. C’est systématiquement la gauche qui fait tirer
sur les mineurs, etc. On noyaute, on subvertit. À un moment donné,
il y avait les grèves des camionneurs, avec Tintin. On nous
sort des leadeurs en marge des syndicats. Alors, on le fait passer à
la télé, etc. Tout ça finit en eau de boudin. La législation sur
la déréglementation et la dérégulation du transport routier s’est
effectuée totalement. Je pense que c’est pareil chez vous.
Quand vous regardez sur la longue
distance, à chaque fois, ça fait un peu de cirque, un peu de
théâtre, un peu d’espoir pour certaines. Deux-trois petits malins
qui montent en grade et qui trouvent des places. Et globalement, tout
passe. C’est quand même ça qui.
Et je me dis, finalement, celui qui
s’est dit : je me retire du jeu, et je, voilà. On peut me
dire : ouais, t’es un traître, t’es machin, etc. Sur une
culture politique, moi, j’ai commencé à me bouger à dix-sept ans
dans l’extrême gauche. Ben, finalement, celui qui est sorti
complètement du truc, je ne peux pas lui donner tort. Parce que
l’autre soit il a fait tout ça pour rien, soit c’est devenu un
socialiste traître intégral parce qu’il est monté en grade dans
le syndicalisme, et c’est devenu Thibault, chez nous, de la
CGT, qui est un traître absolu. Je ne vois pas d’exemple, je ne
sais si vous voulez m’en donner, où les mouvements populaires de
révolte sociale, etc., auraient gagné. Je ne vois pas d’exemple,
en réalité.
Piero San Giorgio – Et
l’élément aggravant aujourd’hui, c’est la courbe
démographique de notre population –j’imagine que vous avez les
mêmes phénomènes ici au Québec – qui est vieillissante. Et les
gens de soixante ans ne vont pas dans la rue faire la révolution. Et
ça n’améliore pas le problème, pour peu qu’une révolution
change quoi que ce soit. À un moment donné, une révolution, ça ne
vous donnera pas quinze milliards de litres de pétrole
supplémentaires.
Alain Soral – Et puis
l’étudiant, aussi, est un étudiant. Il fait de la contestation
parce qu’il est étudiant. Ça fait partie de son cycle.
Piero San Giorgio – Son
rite de passage.
Alain Soral – Et puis dès
qu’il passe à l’âge adulte et à l’emploi. Moi, je me
rappelle, aux Jeunesses communistes révolutionnaires. Au niveau du
Parti communiste, il y a les Jeunesses communistes. C’est très,
très, un vivier incroyablement de talents, de jeunes pleins d’espoir
et tout. Et ça correspond aux universitaires. Dès qu’ils ont leur
diplôme, il n’y en a pas un sur vingt qui passe au Parti
communiste tout court. Et ceux qui passent au Parti communiste, ce
sont les plus mauvais ou ceux qui ont un plan de carrière. Et les
autres, ils rentrent dans la vie sociale. Et avec leurs diplômes, eh
ben, ils veulent devenir cadres, en réalité, ils veulent toucher
des gros salaires. Et il n’en reste rien. C’est ça le problème.
Moi, tout ce qui est fait par des
profs et des étudiants, je m’en méfie terriblement. J’ai un peu
ce côté-là. Ça fait un rite culturel, comme ça, sans. Et je
pense que le pouvoir le sait. Les Indignés, je pense que le pouvoir
en a rien à foutre. Le vieux Hessel, c’est pareil, là. Je
ne crois pas à tout ça.
Alors après, je ne dis pas qu’il
ne faut pas y aller, parce que c’est sympa. On rencontre des gens,
on peut draguer. Bon, c’est mieux que d’être devant la télé.
Mais de penser que de ça sortira la révolution ou une
transformation sociale de fond, ça n’est jamais arrivé.
Public (l) – Je pense que,
peut-être, une petite chose quand même qu’on peut observer. C’est
pas juste les effets secondaires. Parce que moi, je suis le premier,
quand j’ai vu toutes les révolutions qu’il y avait dans la rue,
quand j’entendais les discussions au bureau, je disais : vous
pensez vraiment que. On sait que c’est vraiment une mentalité de
gauchistes et souvent des. Bref, tout ce que je viens d’entendre ce
que vous avez dit.
Alain Soral – Oui, parce
que c’est encadré, toujours.
Public (l) – Mais, il y a quand
même une différence avec Mai 68 où là, il y avait vraiment comme
toute l’idéologie, la libération des mœurs, etc. Là, ce n’était
pas le point focal de ce qui se passait. Et puis on est dans un
moment où au Québec, en tout cas, toutes les notions de l’arnaque
bancaire et puis de tous les trucs sur le mondialisme, toute
l’étendue, que ça soit même parfois de la même race. Moi, je
suis surpris d’en entendre un peu partout.
Alain Soral – Oui, oui.
Piero San Giorgio – Et puis
ça se voit.
Public (l) – Ce rassemblement de
personnes-là qu’il y a eu, ça a fait un brassage. Ça a peut-être
aidé à faire monter le niveau. Je ne veux pas idéaliser. Il y a
quand même un espoir.
Alain Soral – Non, non,
mais ce n’est pas pour rien que je vends des livres, et que les
gens écoutent ce que je fais, et qu’Égalité et Réconciliation.
Partout où je voyage, maintenant, il y a des gens qui me. À
l’aéroport, à Berlin, les gens suivent ce qu’on fait, etc.
Piero San Giorgio – Et ce
n’est pas pour rien qu’on essaye de nous empêcher de le faire.
Alain Soral – Mais ça ne
débouche pour l’instant sur rien.
Alain Soral – Pour
l’instant ça ne débouche pas sur un renversement de pouvoir.
C’est ça le problème. Le rapport de force est incroyablement
disproportionné.
Public – Et puis, il y a la télé
là-dedans.
Alain Soral – Oui. Et puis
la police, et puis l’armée, et les médias. Le résultat pratique
c’est que demain, le B’nai B’rith
avait réussi à nous retirer la salle de la conférence. Et puis
c’est tout.
Public – Malgré vos cent milliers
de « like » Facebook et les avatars de militants
de toutes espèces. Ça ne change pas.
Alain Soral – Oui, bien
sûr. Parce que là, c’est un sujet qu’on n’a pas abordé.
C’est dans mon bouquin, vous le verrez. Le pouvoir, c’est les
réseaux. Or, des milliers de gens en colère qui gueulent « ouais,
gnagnagna », après, c’est : dissolution [de la manif] ;
ils vont boire un coup ; ils rentrent chez eux. C’est zéro.
Les réseaux, c’est quoi ?
C’est les réseaux constitués. Les franc-maçonneries, les
machins, etc., les vrais réseaux de solidarité. Ça peut être
aussi des grandes écoles, les gens qui toute leur vie [restent
connectés entre eux], machin, etc. Les Skull & Bones, machin. Il
n’y a, en réalité, que les réseaux. Dans le temps aussi, les
religions étaient des réseaux. Un clergé, c’est un réseau. Et
en fait, c’est des luttes de réseaux contre réseaux. Des réseaux
en détruisent d’autres.
L’affaire Dreyfus, c’est
une lutte de réseau à réseau. C’est le réseau qu’on n’a pas
le droit de nommer qui achève de détruire le réseau catholique et
militaire – ce qui est la même chose –, c’est-à-dire la
noblesse catholique qui est le noyau dur de l’armée française et
qui est un pouvoir encore à l’époque. Aujourd’hui, l’armée
n’a plus aucun pouvoir en France. Mais à l’époque, c’était
encore un pouvoir. Et on voit bien qu’en réalité, [c’est] les
réseaux.
Et des gens qui défilent sur des
slogans avant de rentrer chez eux, qu’ils soient d’ailleurs
syndiqués ou pas, ce n’est pas des réseaux. Des réseaux, c’est
des gens qui ont une culture commune, un objectif commun, qui se
réunissent – d’ailleurs c’est toujours plus ou moins occulte
–, et qui sont des pouvoirs.
Le B’nai B’rith est le réseau le
plus puissant du monde. C’est 600 000 franc-maçons juifs. Je
le dis ouvertement. C’est le plus puissant réseau du monde. Il n’y
a pas d’équivalent. Et eux, ils peuvent donner des ordres à
n’importe quel chef d’État du monde, y compris. Obama ne tient
pas cinq minutes face à une injonction du B’nai B’rith. C’est
tout.
Mais le B’nai B’rith, ça ne se fait
pas comme ça. Parce que pour faire 600 000 types qui font
partie d’une même franc-maçonnerie qui cumule la logique
maçonnique, plus la logique juive, et qui sont que des élites. Ce
n’est pas des paumés. C’est de gens qui sont en haut et qui sont
de tous les pays développés du monde. C’est d’un seul coup une
puissance incroyable. Et vous pouvez mettre des millions de chômeurs
en colère en face, ça ne pèse rien malheureusement. Si, ça peut
donner un mouvement insurrectionnel avec un peu de morts, etc., du
feu, des destructions. On voit bien. Les Grecs, ils sont capables de
foutre un peu le feu.
Piero San
Giorgio – [inaudible]
ça va être utile.
Alain Soral – Mais
derrière, le lendemain, il y a dissolution. Et ça redevient des
individus en souffrance.
Piero San
Giorgio – Ou des terroristes.
Alain Soral – Et les
réseaux, eux, continuent de fonctionner à la même température,
très calmement, discrètement, etc. Et à un moment donné, quel est
le réseau alternatif ?
Moi, en ce moment, je le dis
humblement : Égalité et Réconciliation, c’est un
réseau. C’est quelques milliers de gens qui partagent les mêmes
idées, qui sont un peu connectés et qui essayent d’avoir de la
solidarité économique, parce qu’en général, le réseau, c’est
partage de savoir et partage d’avantages sociaux, etc., etc.,
économiques.
En fait, presque le message
politique aujourd’hui, c’est : il faut créer des
contre-réseaux. Mais créer des contre-réseaux, ça ne sa fait pas
face à des trucs qui existent de puis des siècles ou des
millénaires. Il y a des gens qui font du réseau depuis deux mille
cinq cents ans. Ce n’est pas : tiens ! dans trois mois,
on fait du réseau, etc.
Adolf Hitler a monté l’Ordre
Noir de la SS. Ils ont essayé de faire du réseau, en quelques
années, en s’appuyant sur la mythologie germanique, machin, etc.
Ils ont obtenu des résultats, en valeur absolue, assez remarquables.
Mais n’empêche que ça a fait une espèce de petit moment dans
l’histoire étrange et très difficile à analyser, entre 1933 et
1945. Et ça a fini en catastrophe. Et voilà. Parce qu’ils étaient
face à du réseau beaucoup plus puissant.
On est toujours en dernière
instance dans des luttes de réseau à réseau. Et un réseau, ça ne
se décrète pas. On peut créer, faire un concert, par exemple, avec
cent mille mecs dans un stade « contre la faim dans le monde »,
etc. C’est très joli, c’est très spectaculaire. On a
l’impression d’être une force. En réalité, on n’est rien.
Alors que par contre, une fraternelle discrète mais efficace de gens
qui appartiennent tous au même truc, avec la même vision du monde,
très calmement, qui sont des surdiplômés qui ont des postes clés.
Voyez, le truc de. Il suffit pour diriger le monde. Comme je dis dans
mon bouquin, c’est un pour cent des gens qui en commande 99 %.
Toujours. Et c’est simplement d’être placé où il faut. C’est
très discret, très efficace. Et les autres, ils gueulent : « Hou
! ». Et ça ne donne rien.
Et c’est ça la sociologie du
pouvoir. Et comme vous le remarquez – ce n’est pas un hasard –,
ce n’est enseigné nulle part. La sociologie de la puissance des
réseaux, c’est une discipline qui n’existe pas ni en sociologie,
ni en économie, ni rien. Parce qu’on ne vous apprend pas comment
dominer. Voyez. C’est un truc. Comme par hasard, c’est
ésotérique, initiatique et parrainé, les trucs de réseaux,
toujours ; donc fondamentalement antidémocratique. Ésotérique,
initiatique et par parrainage.
Ce qui veut dire que le vrai truc du
pouvoir fonctionne sur un système totalement contraire à
l’universalisme démocratique. C’est-à-dire qu’on ne vous
l’apprendra pas, il faut que vous le découvriez, il faut que vous
soyez parrainé, et c’est entièrement codé. Rien ne veut dire ce
que ça veut dire. C’est totalement l’inverse du baratin
démocratico-médiatique. Et c’est pour ça que c’est le pouvoir.
Public (m) – Pour donner un
exemple très québécois de ce qu’est un réseau, on peut donner
par exemple, ici, au Québec, l’exemple de l’affaire Michaud
[Yves Michaud], où est ce qu’un ancien ambassadeur, un ancien
haut-commissaire du Québec à Paris, un ancien diplomate, un ancien
ministre du gouvernement Lévesque à
l’époque, à la retraite, a été condamné unanimement un matin,
subitement par l’Assemblée nationale du Québec, presque
unanimement moins une personne, pour avoir tenu des propos
inacceptables envers la communauté juive.
Alain Soral – Oui, oui,
ben, c’est.
Public (m) – Mais personne n’avait
entendu ces propos. Personne ne savait quels étaient ces propos-là.
Et puis, on a vu avec le temps, etc., que le ballon s’est dégonflé.
Alain Soral – Oui, oui,
c’est la puissance du lobby.
Public (m) – Et ça, c’est un
très bon exemple de réseau, comment le pouvoir s’exerce.
Alain Soral – Pour être
sur des sujets moins dangereux, l’Internationale socialiste.
Comprendre par exemple, le fonctionnement de l’Afrique à travers
l’Internationale socialiste et la franc-maçonnerie africaine. Vous
voyez que tous les dignitaires africains sont membres de maçonneries
et souvent membres de l’Internationale socialiste, même s’ils
n’ont rien de socialiste, etc. On comprend ces réseaux.
On le comprend aussi à travers un
petit peu, quand on étudie le gaullisme, puisqu’il a disparu :
les réseaux Foccart, le SAC
[Service d’action civique], et ce que de Gaulle avait
réussi, qui sont des tout petits réseaux qui lui ont permis de
tenir à peu près la France difficilement, entre 1958 et 1969. C’est
très peu. Parce qu’il avait ces réseaux issus de la résistance :
la Françafrique, machin, Hersant,
enfin ces petits trucs-là.
En général, les réseaux qu’on
montre du doigt sont toujours des réseaux minuscules et qu’on
découvre quand ils s’effondrent. Voyez. On vous montre aujourd’hui
l’Opus Dei parce que, on vous parle des jésuites, parce
qu’ils se sont effondrés.
En réalité, les réseaux
puissants, c’est ceux qu’on ne peut pas nommer, ceux qu’on
n’ose pas nommer, et ceux qu’on n’identifie pas parce qu’ils
vous éblouissent par leur pouvoir, d’une certaine manière. Et on
est très capables, en fait, de faire de la sociologie et de
l’histoire sur les réseaux morts. Mais le réseau de domination
actuel, c’est par définition celui qui n’est. Moi, je dis :
le pouvoir, c’est ce à quoi on n’a pas le droit de s’attaquer.
C’est comme ça qu’on le définit. C’est ce à quoi il est
dangereux de s’attaquer.
Donc, regardez. Vous vous moquez des
curés, il ne vous arrive rien. Vous vous moquez de l’armée, il ne
vous arrive rien. Vous vous moquez des musulmans, il ne vous arrive
rien, en réalité. De quoi est-il dangereux de se moquer ?
Je n’ai même pas besoin de vous
donner la réponse. Vous le vérifiez [par vous-mêmes]. Donc, le
pouvoir est là. Je rejoins ce que vous venez de dire [dans le
public, supra, noté Public (m)]. Et puis c’est tout. Et ça,
c’est très pratique comme démonstration. De quoi avez-vous peur ?
Parce que, ça aussi, pareil. Je dis ça aux gauchistes. De quoi
as-tu peur ?
T’as peur de faire un dérapage
antisémite. Tu n’as peur de rien d’autre. Donc, réfléchis à
ce que ça veut dire. Ça veut dire que la sacralité, elle est là.
Tu vois. Le blasphème, il est là, le risque de châtiment est là.
Tout, le reste, tu peux.
Et ça, il faut un énorme travail
sur soi-même pour admettre que c’est comme ça que. C’est de la
sociologie pratique. C’est bien la preuve que le pouvoir est là.
On peut faire des films sur la mafia sicilienne. Ça s’appelle Le
Parrain. Le mec qui a fait le film, il n’est pas
mort. Essayez de faire un film sur une autre mafia bien plus
puissante et qui a fait Las Vegas, etc. Je parle de vraies mafia, ce
n’est même pas un terme métaphorique.
Arrivez à Hollywood avec un
scénario et dites : je vais faire un film exactement comme Le
Parrain, mais sur la mafia juive. Essayez de le produire. D’un
seul coup, vous allez voir ce qui va vous arriver. Regardez Oliver
Stone, chaque fois qu’il a dit une phrase de travers dans un
débat.
Public – Mel Gibson,
Mel Gibson.
Alain Soral – Mais Oliver
Stone aussi. Il a dit. Oliver Stone dans un débat en Angleterre, sur
une radio périphérique, parce qu’il y a Internet, il a dit que
quand on réfléchissait bien, les vrais victimes de la Deuxième
Guerre mondiale, c’est le peuple allemand. Il a dit ça. Je ne vous
dis pas le lendemain ce qui lui est arrivé. Tu vois. Et qui est
monté au créneau. Et il s’est excusé platement, comme tous les
mecs qui ont pété de travers. Sauf Mel Gibson, peut-être.
[Interruption de la vidéo]